Du roman au théâtre, l’incroyable destin de « Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri »
SPECTACLE•L’adaptation du livre autobiographique de David Lelait-Helo, paru en 2016, est actuellement jouée sur les planches à Paris, avec une mise en scène de Virginie LemoineFabien Randanne
L'essentiel
- Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri est joué tous les lundis et mardis, à 19h, jusqu’au 7 novembre, au Studio Hébertot (Paris 17e).
- Ce monologue tendre et drôle, incarné par Didier Constant, est adapté du roman du même titre de David Lelait-Helo, sorti en 2016. L’auteur y raconte son histoire.
- Le spectacle, comme le livre, retrace l’histoire peu banale d’un enfant fan de la chanteuse grecque qui est devenu son ami à l’âge adulte. Bien plus qu’un témoignage de fan, le texte, tendre et drôle, est un récit d’émancipation.
Coup de foudre devant la télé. En découvrant Nana Mouskouri dans une émission de variété, Milou est bouleversé. Nous sommes en 1984, il n’est encore qu’un enfant, et pour lui, c’est déjà tout décidé : plus grand, il sera cette chanteuse grecque aux cheveux bruns et aux lunettes à monture épaisse. Un rêve insensé que le destin choisit de prendre au sérieux. Une fois adulte, Milou ne se métamorphose pas en son idole, mais il rejoint son cercle proche, qui devient son amie.
Cette histoire peu banale, c’est celle de David Lelait-Helo. Il l’a racontée dans le roman Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri paru en 2016 et dont l’adaptation au théâtre se joue les lundis et mardis au Studio Hébertot (Paris 17e) jusqu’au 7 novembre.
Tendre et drôle
« On m’avait recommandé le livre, il y a quelques années. J’ai trouvé ça fabuleux. J’ai appelé Virginie Lemoine pour lui demander son avis. Elle a adoré et elle a proposé de signer l’adaptation et de me mettre en scène », résume Didier Constant, qui interprète le monologue sur les planches. Bien plus qu’un témoignage de fan, le texte, tendre et drôle, est un récit d’émancipation, le parcours d’un homme qui s’est assumé sans écouter les fâcheux.
« Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une histoire si singulière touche tout le monde, poursuit le comédien. Chaque spectateur s’y retrouve, par exemple dans la relation avec la grand-mère ou dans la manière dont on peut se construire en s’identifiant à une personnalité. Et puis, cela nous rappelle qu’il ne faut pas s’empêcher de rêver. »
Nana Mouskouri a été « bouleversée »
Pour David Lelait-Helo, la boucle est bouclée : Nana Mouskouri a assisté à l’une des représentations en octobre. « Elle avait été très émue par le livre, relate l’auteur. J’ai longtemps dit que je voulais raconter notre relation. Lorsqu’elle a eu des problèmes de santé, mon mari m’a dit qu’il était temps que je m’y mette. Je l’ai écrit dans un sentiment d’urgence et quand elle l’a lu, une fois guérie, elle a été bouleversée. Elle a un regard sacré sur sa carrière. Pour elle, chanteuse, ce n’est pas n’importe quoi, c’est une mission. Ce qui la touche beaucoup, c’est qu’un garçon ait eu une sorte de mimétisme avec elle mais qu’il ne soit pas resté fan, qu’il ait trouvé son chemin, taillé sa route dans son adoration initiale. »
« Jouer devant elle, c’était intimidant, confie de son côté Didier Constant. Mais elle était emballée, embarquée dans l’histoire qu’elle connaissait pourtant. » L’aventure n’est pas tout à fait finie. Dans quelques jours, David, Didier et Nana Mouskouri partiront en Grèce, le pays natal de la chanteuse, où la pièce a été adaptée. L’enfant découvrant l’artiste devant sa télévision au milieu des années 1980 n’aurait peut-être pas osé en rêver.