Strasbourg : Yannick Kraemer, le coiffeur qui collectionne les salons et les galeries d’art
portrait•Connu pour ses 200 salons de coiffure implantés dans le monde entier, l’Alsacien Yannick Kraemer, est surtout passionné d’art contemporainGilles Varela
L'essentiel
- L’Alsacien Yannick Kraemer, coiffeur et homme d’affaires qui a franchisé 200 salons en son nom dans le monde, est surtout passionné d’art contemporain.
- Grand collectionneur d’œuvres d’art, il ouvre sa première galerie à Strasbourg, la Kraemer Gallery dans laquelle on retrouve les grands du Pop art, des Nouveaux réalistes, de la Figuration narrative, mais aussi les coups de cœur du coiffeur pour l’art africain et asiatique.
- 20 Minutes dresse le portrait d’un homme ordinaire au parcours extraordinaire et qui dit « préférer contempler une œuvre d’art que les lignes de son compte en banque ».
La renommée et les succès professionnels ne lui ont pas monté à la tête. Le coiffeur Yannick Kraemer, homme d’affaires aux 200 salons franchisés répartis dans le monde entier, reste discret, abordable. Un brin timide mais paradoxalement jovial, on le sent sensible, émotif. Passionné de la vie et des rencontres.
Né dans le petit village d’Hatten au nord de l’Alsace il y a une soixantaine d’années, Yannick Kraemer était voué à reprendre l’affaire familiale, le salon de coiffure de son père. Pas facile au premier abord d’imaginer que ce fondu de vélo est aujourd’hui à la tête d’un empire : le groupe Kraemer International. Et aux commandes d’une galerie d’art au cœur de Strasbourg, la Kraemer Gallery.
« Je ne me voyais pas vivre sans ce tableau »
Il faut dire que le Strasbourgeois voue surtout une véritable passion pour l’art contemporain. Une passion qui remonte à l’adolescence : « je venais de trouver un travail chez Dessange à Strasbourg, parce que mon père voulait absolument que j’aille en ville. Et en me promenant dans une galerie du centre commercial des Halles, je suis tombé sur un petit tableau, la peinture d’une maison alsacienne, de l’artiste Michel Guédron. Ça a été un coup de cœur immédiat. » Bien décidé à acquérir l’œuvre qui valait à l’époque plus d’un mois et demi de son salaire, Yannick Kraemer propose alors de le payer en plusieurs fois : « je ne me voyais pas vivre sans ce tableau. Il a donc accepté que je le paye en six fois. C’est comme ça que j’ai acquis ma première œuvre d’art. Par la suite, avec mes pourboires, j’en ai acheté d’autres, du même artiste. »
Et le service militaire effectué dans les paras dans le Sud-Ouest va contribuer à lui ouvrir les portes du reste du monde. « La première fois que j’ai pris l’avion, la porte s’est ouverte, il a fallu que je saute, sourit Yannick Kraemer. Les paras, le Sud-Ouest, c’était déjà l’aventure pour moi. » Poussé par son père « qui avait de l’ambition pour lui », le gars file à Paris travailler pour Jacques Dessange, célèbre coiffeur et redoutable homme d’affaires. Yannick Kraemer est alors à bonne école.
Tout s’emballera vite. Il ouvrira son premier salon franchisé Dessange en 1987, le premier d’une quinzaine sous cette franchise. Puis il s’émancipera, franchisera son propre nom, s’entourera de partenaires. L’empire Kraemer est né.
Bientôt en Suisse et en Chine
Deux cents salons plus tard, Yannick Kraemer confie finalement « préférer contempler une œuvre d’art que les lignes de son compte en banque ». Le collectionneur reste intarissable lorsqu’il présente les œuvres de la vingtaine d’artistes dont il parle avec cœur… jusqu’à en perdre la notion du temps. Pas d’emphases et d’expressions tarabiscotées pour parler d’elles. Non, Yannick Kraemer truffe son discours d’anecdotes sur les artistes renommés, s’emballe pour ceux en devenir. Et présente dans des galeries itinérantes comme St-Art, les dizaines d’œuvres qu’il possède et vend. Dans cette galerie de 160 m2 à Strasbourg, il propose des œuvres sur papier, des sculptures, des peintures. On y trouve également ses coups de cœur pour l’art africain et asiatique, les grands du Pop art, des Nouveaux réalistes, de la Figuration narrative… Andy Warhol, Niki de Saint Phalle, Robert Combas, Jeff Koons, Banksy, Damien Hirst, Yeanzy, pour ne citer qu’eux.
Yannick Kraemer ne compte pas s’arrêter au Grand-Est. Sa galerie strasbourgeoise à peine ouverte, deux nouvelles, en Suisse et en Chine, sont déjà à l’étude.