Communautés ciblées, menace exagérée… C’est quoi le concept de « panique morale » ?
MENACES FANTOMES (1/5)•Le concept de « panique morale » a été inventé par Stanley Cohen, un sociologue qui parle d’un phénomène d’« amplification de la déviance »Aude Lorriaux
L'essentiel
- Et soudain, tout s’emballe… Cet été, 20 Minutes revient sur le phénomène des « paniques morales », utilisées par les mouvements conservateurs pour dénoncer des évolutions sociétales.
- Si le concept a été analysé dans les années 1960, il existe des paniques morales plus anciennes – comme les sorcières de Salem, et d’autres très récentes. Dans cette série d’articles, 20 Minutes revient sur plusieurs exemples à travers le temps.
- Pour commencer, voyons de quoi on parle exactement quand on utilise le concept de « panique morale ».
La « panique morale », c’est quoi ? On connaît le mot panique… Mais la « panique morale » ? C’est lorsqu’il y a une grande inquiétude qui se diffuse dans les médias, sur les réseaux sociaux, bref, dans le public, sans qu’il y ait de rapport entre les faits et la réalité. La menace est exagérée, et un groupe est généralement montré du doigt.
Le concept de panique morale a été inventé par Stanley Cohen, un sociologue qui parle d’un phénomène d’« amplification de la déviance ». En gros, quand un groupe est hors norme, et que cet écart à la norme est exagéré, ou présenté comme une menace.
Des tueurs en série aux féministes
Il y a plusieurs exemples connus de panique morale. Aux Etats-Unis, les tueurs en série ont fait l’objet de bien des fantasmes et peurs dans les années 1980. De même que les satanistes, dans les années 1990. Mais il n’y a pas que les pédophiles, le Covid-19 ou des choses qui font très peur qui peuvent engendrer des paniques morales.
Les féministes ont souvent été caricaturées et présentées comme une menace. Vous vous souvenez peut-être de la une du journal Valeurs actuelles, qui pointait une « terreur » féministe?
Il y a « panique morale » lorsque la menace est exagérée
Récemment, ce sont les « woke », qui sont des personnes engagées contre les discriminations, qui sont accusés de tous les maux. A cause des « woke », des expositions ou des pièces de théâtre seraient déprogrammées, des films boycottés, des livres censurés. Ce qui est en partie vrai. Mais il y a panique morale lorsque la menace est exagérée.
L’ex-ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a par exemple accusé le wokisme de « saper la démocratie et la République » et de mener au « totalitarisme ». Autre exagération ou mensonge, les « woke » sont accusés d’empêcher toute critique, alors qu’il y a eu au contraire tout un tas d’ articles critiquant le « wokisme ».
Voilà, vous en savez un peu plus sur les « paniques morales », et nous espérons que vous saurez à présent, vous aussi, mieux les reconnaître.