Hellfest : Au camping, le Macumba fait danser et chanter les métalleux sur Céline Dion
J’IRAI OÙ TU IRAAAAAAS•Depuis 2015, des Rennais animent une discothèque clandestine avec de la variété sur le camping du festival de métal de ClissonCamille Allain
L'essentiel
- Sur le camping du Hellfest, des Rennais s’amusent chaque année à monter une discothèque clandestine où ils passent de la varieté des années 1980 et 1990.
- L’idée est née en 2015 quand quelques métalleux ont commencé à danser sur de vieux tubes crachés par une enceinte Bluetooth.
- En sept ans, le Macumba est devenu un immanquable pour certains fidèles du Hellfest, au point que ses fondateurs en ont fait un festival.
Des grosses barbes, des tatouages en pagaille, des t-shirts de Slipknot, Ramstein ou Black Sabbath et quelques cris gutturaux qui s’élèvent dans la nuit d’ordinaire si tranquille de Clisson. Pas de doute, le Hellfest a démarré dans la chic cité de Loire-Atlantique. Privée de son festival pendant deux ans, la ville va résonner pendant dix jours au son des musiques extrêmes. Du punk, du doom, du death, du dark, du black, du deathcore… Depuis sa création en 2006, le Hellfest s’est taillé la réputation de programmer la panoplie complète du métal. Ce que l’on sait moins, c’est que le festival héberge aussi un espace de récréation dédié à la variété des années 1980 et 1990 installé sur le camping. Bienvenue au Macumba.
C’est un petit village d’irréductibles fêtards qui refusent d’aller se coucher quand les derniers concerts se terminent à 2 heures. Une heure plus tard, sous une grande tente installée à l’entrée du camping, une boule à facettes s’allume et reflète la lumière des spots violets pour éclairer la piste. Les enceintes crachent ce que cette planète a vu naître de meilleurs tubes de variété. Céline Dion, Cyndi Lauper, Jean-Pierre Mader, la crème des boys band et même La Bande à Basile et sa célèbre chenille. Le nom de ce lieu : le Macumba Open Air. Un spot devenu culte qui est né d’une simple fin de soirée endiablée. « C’était en 2015. On était sur le camping du Hellfest à écouter du son mais tout le monde s’endormait. On avait passé la journée à écouter du doom donc on en avait un peu marre. » Arnaud décide alors d’envoyer sa playlist de discothèque et le miracle se produit : se potes se lèvent, dansent, chantent et sont rapidement rejoints par les voisins sous une frêle tonnelle. La naissance d’un mythe.
Depuis cette nuit de 2015, Arnaud et sa bande de potes venue de Rennes sont devenus les animateurs officieux du camping. De 3 heures à 6 heures du matin, ils balancent les meilleurs tubes du bal du 14-Juillet pour ambiancer les métalleux. Et ça marche ! « C’est comme une boîte de nuit clandestine. Il y a une ambiance un peu kermesse », témoigne Alex, un autre membre de la bande. Comme chaque année depuis 2015 (sauf les années Covid), le Macumba s’installe sur le camping et ouvre ses portes à 3 heures. « On ne veut pas trop le faire avant parce qu’on a trop de monde sinon avec pas mal de gens avinés », reconnaît Arnaud. Leur bamboche rend service aux organisateurs. En ambiançant les pas couchés, le Macumba laisse tranquille ceux qui essaient de dormir.
En quelques années, les patrons autoproclamés de ce dark club ont dû apprendre à gérer la notoriété. Car ce qui avait commencé comme une blague est devenu un événement à part entière, attirant plusieurs centaines de métalleux soudainement fans de Céline, Bézu et autre Patrick Hernandez. « On a déjà eu jusqu’à 700 personnes mais on est obligés de limiter l’affluence ». Forts de leur succès, les deux Rennais ont créé leur propre événement baptisé Macumba open air festival, dont la première se tiendra du 5 au 7 août à Ercé-en-Lamée, près de Rennes (lire encadré ci-dessous).
Pour eux, les nuits du Hellfest sont particulièrement courtes. Sur le pont dès les premiers concerts à 10 heures, Arnaud, Alex et leur bande de potes sont des furieux qui doivent tenir jusqu’à 6 heures du matin et la fermeture du Macumba. « Ça fait des petites nuits. On s’autorise une petite sieste de temps en temps », concède Alex. Nuit de folie, comme le chantait Début de soirée.