INTERVIEW« Nous n’avons rien à voir avec le Puy du fou », l'an 2 du Rocher Mistral

Provence : « Nous n’avons rien à voir avec le Puy du fou », Vianney d'Alançon et l'an 2 du Rocher Mistral

INTERVIEWVianney d’Alançon, le propriétaire du Rocher Mistral, parc d’animation culturel autour de l’histoire de la Provence, dresse à l’orée de la saison 2 un premier bilan de son projet, entre opposition juridique, création artistique et recrutement de cascadeurs
Alexandre Vella

Propos recueillis par Alexandre Vella

L'essentiel

  • Le parc d’animation culturel et historique Rocher Mistral, situé au château de La Barben dans la campagne provençale d’Aix-en-Provence, entre dans sa deuxième saison.
  • Pour celle-ci, les cascadeurs font leur apparition avec l'objectif d'atteindre les 150.000 visiteurs, soit 50.000 de mieux que l'an passé.
  • Si la filiation avec le Puy du Fou paraît évidente, Vianney d’Alançon, le propriétaire, ne souhaite pas marcher dans l’ombre de celui-ci et veut imprimer sa propre marque.

La vie de châtelain n’est pas toujours évidente. À 36 ans, Vianney d’Alançon, qui a racheté le château de La Barben, situé dans la campagne d' Aix-en-Provence, pour y ouvrir le « Rocher Mistral » un parc d'animation culturel et historique, a pu le mesurer, n’en déplaise sa passion « des vieilles pierres ». Son projet de parc, lancé à marche forcée, a rencontré une opposition juridique de la part d'associations environnementales ou de voisins à la quiétude troublée par tant d’animations. À l’orée de l’an 2 de son projet, il en dresse pour 20 Minutes un premier bilan, entre opposition juridique, création artistique et recrutement de cascadeurs.

Un an après l’ouverture du Rocher Mistral, quel premier bilan tirez-vous ?

C’est un lancement très réussi. Nous avons des niveaux de satisfactions clients très élevés, ce qui sur l’ouverture d’un site touristique et culturel est quelque chose de fondamentale. Maintenant, il nous faut continuer à aller séduire un public toujours plus large, plus familiale. C’est la volonté de cette année 2022. Nous avons touché pas loin de 100.000 visiteurs en cette première année, avec un objectif de 150.000 pour cette deuxième.

Au-delà de ça, nous sommes heureux actuellement, parce que pour le moment nous n’avons pas de contrainte liée au Covid. Il y a la situation internationale que l’on sait, mais elle ne nous impacte pas directement. Et puis, nous sommes dans une année électorale, ce qui met toujours les Français dans une situation attentiste, mais cette première saison, s’est bel et bien passée.

Avez-vous des données sur la répartition géographique des visiteurs ?

Nous sommes à peu près à 50 % de visiteurs provençaux et 50 % extérieurs à la région.

Vous avez annoncé des nouveautés pour cette seconde saison, pouvez-vous nous en parler ?

On a toujours des spectacles autour de la révolte aixoise des Cascaveous et sur la vie de Claude Forbin, un officier de la marine originaire de Gardanne et qui a navigué jusqu’au Siam. Il y a quelques nouveautés, avec notamment les cascadeurs qui arrivent au Rocher Mistral. Nous avons renforcé notre équipe artistique, portée à 70 personnes. Vingt-cinq cascadeurs ont rejoint le casting avec deux nouveaux spectacles autour des cascades, dont le clou est « À double tranchant » un spectacle de 25 minutes sur le thème des seigneurs du Moyen-Âge qui vont se livrer un duel, avec un combat.

Pour rester dans le thème de la Provence, nous avons aussi développé un spectacle autour Des lettres mon moulin d’Alphonse Daudet. Nous avons reconstruit et restructuré notre spectacle nocturne, qui a doublé de durée et sur lequel on a mis des cascadeurs. Il y a aussi l’arrivée de Louis XIV au Rocher de Mistral, au château de La Barben, et un spectacle de marionnettes autour de Tartarin de Tarascon, un conte d’Alphonse Daudet.

Vous avez 36 ans, à quel moment dans votre trajectoire personnelle vous êtes-vous dit que vous alliez faire un parc d’attractions historique ?

Ce n’est pas un parc d’attractions. Nous le définissons comme un parc d’animation culturel et historique. J’ai toujours été passionné par le patrimoine et les vielles pierres. Et faire revivre les vielles pierres est une chose qui m’a toujours enthousiasmé. Et l’occasion s’est présentée avec le château de La Barben, qui nécessitait une restauration. Ce parc a permis de restaurer et valoriser ce monument autour des morceaux de notre culture et de notre histoire.

Vous avez rencontré une opposition juridique, notamment autour des permis de construire et diverses autorisations, où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis très serein sur cette opposition, très minime par ailleurs, le fait d’une poignée de personnes. Tout projet soulève des oppositions aujourd’hui, c’est une logique très claire Toutes les attaques juridiques ont été gagnées au tribunal. Je crois que nous avons passé ces étapes qui font partie de la vie d’un projet entrepreneurial au XXIe siècle.

Récemment, un livre publié par deux historiens, intitulé « Le puy du faux », dénonce un certain travestissement historique à des fins politiques opérés par Le Puy du Fou… Dans quelle mesure faites-vous un parallèle avec votre projet ?

Je ne suis pas au courant de ce livre. Deuxième élément, nous n’avons rien à voir avec le Puy du Fou, l’approche est vraiment différente. Et dernier point, il n’y a pas la trace de quelconque d’une idéologie ou de parti pris politique au sein du Rocher Mistral. Après, je n’ai pas les capacités ni les compétences pour juger le Puy du Fou, qui sur le plan de la technique et du spectacle est extrêmement brillant. Mais nous ne sommes pas du tout dans la même veine.

Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ? Allez-vous renouveler ou enrichir chaque année la programmation ?

Nous sommes d’abord un lieu de création artistique. Et à partir du moment où vous avez des comédiens, c’est la nouveauté que nous avons envie de faire vivre. L’objectif, c’est donc poursuivre le développement. Nous avons un permis d’aménager en cours d’obtention au sein des services, nous sommes en fin de parcours. Cela nous permettra de poursuivre le développement de la partie agricole, un volet important sur notre environnemental. Nous avons planté des vignes, et de la lavande, continuer à développer la partie apicole. Mais le temps de l’agriculture n’est pas celui de la création de spectacle, il est un peu plus long.

Les investissements ont été importants, de l’ordre de 30 millions d’euros. Est-ce un projet rentable ?

C’est un site qui vient de démarrer et les investissements, effectivement, sont très importants. L’objectif de cette année, d’aller chercher les 150.000 entrées et la rentabilité. Il est évident que pour pouvoir continuer à développer la partie créative, il va falloir être rentable, c’est l’objectif.

Avez-vous dans un coin de votre tête l’idée de reproduire ce projet sur d’autres châteaux dans d’autres régions de France ?

Pas du tout. Là, je suis concentré sur le Rocher Mistral.