Journée des droits des femmes : À Nice, « 100 % des DJs seront des femmes » à la salle de l’Entre-Pont pour la soirée du 8 mars
LUTTE POUR L'EGALITE•À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la salle de l’Entre-Pont, à Nice, organise un « événement inédit » avec les DJs Andrea Tafur et Ice Kuts accompagnées par un live cinéma réalisé par Katia Vonna BeltranElise Martin
L'essentiel
- En 2018, 91 % des artistes programmés dans les clubs étaient des hommes en France. Invisibilisées dans leur profession, les DJs femmes essaient de s’imposer petit à petit dans le milieu de la nuit.
- A Nice, où « il existe une vraie scène électro » et « beaucoup de femmes », la salle de l’Entre-Pont propose une soirée « inédite » et « exceptionnelle », selon les mots des organisateurs d’Uno di noi.
- Ainsi, le soir du 8 mars, deux femmes DJs se produiront accompagnées de l’artiste Katia Vonna Beltran qui proposera une performance visuelle pour « faire le lien entre son et images » et ainsi « faire passer un message politique sur le thème des droits des femmes ».
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la salle de l’Entre-Pont, à Nice, propose une soirée électro avec un plateau 100% féminin mardi soir. Un événement « inédit, et un peu exceptionnel dans le milieu », notamment sur la Côte d'Azur, avec, à l’affiche, deux DJs femmes, Ice Kuts et Andrea Tafur, accompagnées en images par Katia Vonna Beltran.
C’est cette dernière qui a impulsé le projet. « J’avais déjà écouté leurs musiques et j’ai réfléchi à une narration en images pour faire le lien entre leurs univers et le mien, pour faire passer un message politique sur le thème des droits des femmes », explique l’artiste. Le live cinéma consiste à « créer et éditer en direct des images filmées grâce à des caméras de vidéosurveillances » et « faire une connexion avec le son ». Cette performance n’existe que quand Katia Vonna Beltran joue.
« Porter cette parole au quotidien, pas que le 8 mars »
« Toutes mes narrations sont engagées et proposent un questionnement grâce à l’art dans les espaces publics, notamment via le street art. Cette soirée sera l’occasion pour les spectateurs de ne pas être seulement focalisés sur le son et d’être sensibilisés à cette cause grâce à la projection d’affiches, d’iconographies, d’un mélange de photos et d’objets », continue la Niçoise. « L’important, c’est de construire une société multiple où tout le monde a sa place. S’il y a des femmes qui militent dans le DJing, c’est parce qu’il y en a besoin. Et c’est nécessaire d’avoir un espace comme celui qu’offre l’Entre-Pont pour porter cette parole. Après, il faut porter cette parole au quotidien et pas que le 8 mars. Il y a plein de femmes qui en ont des choses à dire sur ce sujet. »
C’est notamment le cas d’Andrea Tafur, à l’affiche de ce plateau 100 % féminin. Elle a « toujours voulu participer à des manifestations qui mettent en avant les femmes » et n’avait « jamais eu l’occasion de le faire en tant que DJ ». « Le monde de la nuit, notamment celui du DJing est très hermétique et masculin. Même si ça évolue et qu’il commence à avoir une prise de conscience à ce niveau-là, on voit encore que, quand il y a des festivals, 95 % des personnes qui mixent sont des hommes, que ce soit ici ou ailleurs », lance la DJ, à Nice depuis dix ans.
« Nous, les femmes, on a aussi des choses à proposer, on est complètement à la hauteur des hommes et de ce qu’ils font, poursuit-elle. Et en plus, on a souvent un style différent mais tout aussi apprécié. Il faut juste nous laisser notre chance et de la place. » Elle est alors très fière de faire partie de ce projet. Selon elle, « la culture est le meilleur moyen de bousculer les mentalités ».
Un événement parmi tout « un programme féministe »
Hamou Ould Yahia, à l’initiative du concept Uno di noi qui organise la soirée, partage cette idée : « C’est dommage de se limiter qu’à cette date du 8 mars. On sera sûrement amené à faire d’autres événements de ce genre. D’habitude, on fait en fonction des propositions pour créer un événement, mais là, c’est venu de la base, c’est l’art qui s’est placé dans l’événement. Mais sans en faire une exigence, on a toujours proposé des programmations avec une parité entre femmes et hommes. On ne dirait pas mais il y a une vraie scène électro sur la Côte d’Azur et beaucoup de femmes qui aiment ça. »
Grâce à cette soirée, Uno di noi est ainsi venu s’associer à Festives!, une « mobilisation artistique et culturelle de lutte contre les violences sexistes et sexuelles » dont l’édition n°2 aura lieu entre le 9 mars à l’Entre-Pont et le 12 mars à la Trésorerie, rue Trachel. Au programme, entre autres, atelier d’autodéfense verbale, projection du film « Debout les femmes », et émission publique animée par les jeunes de l’Atelier Ligne 16.