POLEMIQUELe chef d'Orchestre russe Tugan Sokhiev quitte ses fonctions à Toulouse

Guerre en Ukraine : Le chef d'Orchestre russe Tugan Sokhiev quitte ses fonctions à Toulouse et à Moscou

POLEMIQUELe musicien, qui a rappelé dans un message sur Facebook qu’il était opposé à tout conflit, n’a pas caché son amertume vis-à-vis de la mairie de Toulouse qui l’a sommé de « s’exprimer »
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • Le chef russe Tugan Sokhiev a démissionné de ses postes de directeur musical du Théâtre du Bolchoï et de l’Orchestre national du Capitole.
  • Dans un long message, il rappelle qu’il est opposé à tout conflit et regrette qu’on l’oblige à choisir.
  • Il fustige la décision de la mairie de Toulouse d’annuler les Musicales Franco-Russes qu’il avait contribué à créer. Une critique à laquelle le maire répond que ce choix était d’ordre juridique et non politique.

Il aurait du jouer les 18 et 25 mars prochains à la Halle aux Grains de Toulouse. Une salle que le chef d’orchestre russe Tugan Sokhiev connaît sur le bout des doigts puisque, depuis plus de quinze ans, il dirige l'Orchestre national du Capitole, qu’il devait quitter cet été. « A ce stade, il nous a fait savoir son intention d’être présent », indiquait la semaine dernière la mairie de Toulouse.

Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences ont conduit le chef d’orchestre à finalement démissionner de ses fonctions « avec effet immédiat ». Une décision qu’il a également pris pour son poste de directeur musical du Bolchoï, qu’il occupe depuis 2014 à Moscou.

Le musicien opposé à « tout conflit sous quelque forme que ce soit »

Sur sa page Facebook, le musicien, originaire d’Ossétie du Nord, rappelle qu’il est opposé à « tout conflit sous quelque forme que ce soit » et trouve « choquant et offensant » que l’on puisse remettre en cause son « désir de paix ». Dans un long message, il rappelle que tout au long de sa carrière, il a eu à cœur d’inviter des musiciens et chanteurs ukrainiens, « nous n’avons même jamais pensé à nos nationalités. Nous aimions faire de la musique ensemble. Et ça reste toujours le cas ». « Voilà ce que fait la musique. Elle relie des personnes et des artistes de différents continents et cultures, elle guérit les âmes et donne l’espoir d’une existence pacifique sur cette planète », plaide-t-il.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Mais un courrier envoyé la semaine dernière, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, lui a demandé « de s’exprimer auprès des Toulousains sur la situation actuelle. Il sait que nous sommes régulièrement questionnés, notamment en tant que ville jumelle de Kyiv, par la presse, les spectateurs, les musiciens sur sa vision de l’actualité ». La collectivité lui a par ailleurs signifié qu’elle mettait fin aux musicales Franco-Russes dont Tugan Sokhiev était l’initiateur.

Critique de la décision de la mairie de Toulouse

Une décision qui a du mal à passer pour le chef d’orchestre. « Quelle honte. Et ils veulent que je m’exprime pour la paix ! Je crois que ce festival peut faire plus en construisant des ponts que des paroles politiques. Au cours des derniers jours, j’ai été témoin de quelque chose que je pensais ne jamais voir de ma vie. En Europe, aujourd’hui je suis obligé de faire un choix et de choisir l’un de ma famille musicale plutôt que l’autre », déplore-t-il avec amertume.

Le chef d’orchestre met en avant le rôle d’ambassadeurs de la Paix des musiciens, qui sommés de se positionner dans le cadre de ce conflit, sont « ostracisés » au lieu d’être « utilisés pour unir les nations et les gens ».

Une critique à laquelle Jean-Luc Moudenc a répondu en fin de journée, indiquant que la mairie n’avait « jamais attendu ou, pire, exigé de Tugan qu’il fasse un choix entre son pays natal et sa ville de cœur, Toulouse. Cela n’aurait eu aucun sens. Pour autant, il était impensable d’envisager qu’il reste silencieux face à la situation de guerre, tant vis-à-vis des musiciens que du public et de la collectivité ».

Quant à l’arrêt des Musicales Franco-Russes, le maire indique « que les choix faits à ce sujet il y a plusieurs mois étaient exclusivement d’ordre juridique, pour éviter les conflits d’intérêts, et que nous avions récemment décidé, d’un commun accord avec lui, de retirer sa mention des documents relatifs à la saison musicale, à cause du contexte actuel ». Et de préciser que « cela ne procède donc pas d’une intention politique ou de nier l’importance de la culture russe, qui nous a tant apporté ».