Nice : Qui est Le Môme, cet artiste qui compte s’imposer dans le milieu du rap ?
PORTRAIT•Après deux EP, Grégory Rossi, 24 ans, vient de sortir son premier album, autoproduit, et compte faire rayonner le rap dans la ville où il est néElise Martin
L'essentiel
- A 24 ans, Le Môme a déjà sorti deux EP, créé une association d’atelier d’écriture, travaillé en tant que boucher et enseigné au CFA de Carros, mais il est avant tout rappeur.
- Il vient de sortir son premier album de 20 titres, Bicéphale avec un premier clip Guerrier qui enregistre plus de 31.000 vues en deux semaines.
- Le Niçois compte s’imposer dans le paysage du rap mais aussi faire en sorte que le hip-hop s’implante dans la ville d’où il vient.
Rien ne destinait vraiment Grégory Rossi, 24 ans, à devenir rappeur. Ni sa ville, renommée pour bien des choses, mais pas pour le hip-hop, ni l’univers dans lequel il a grandi, au cœur du Vieux Nice, dans la boucherie familiale où il travaille encore. Pourtant, après deux EP, il vient de sortir son premier album Bicéphale, en autoproduction, et un clip pour le titre Guerrier, qui a enregistré plus de 31.000 vues en deux semaines. Qui est ce Môme, qu’on n’a pas fini de voir grandir ?
« Mes premiers textes, ça devait être à 15 ans, raconte le Niçois. J’ai toujours écouté du rap et j’avais un copain qui en faisait un peu. Quand j’ai écrit, je me suis directement dit : "C’est ça que je veux faire de ma vie" ». Il teste son niveau dans des open mic, où il finit rapidement en finale. Au même moment, il rentre dans la vie active. Après son diplôme de boucher, il rejoint l’affaire familiale, qui tourne dans la vieille ville depuis 1884. Les amis, les amours, c’est ce quotidien qui l’inspire.
Des chansons à texte
« J’aime les chansons à texte, c’est d’ailleurs en partie en référence à Edith Piaf que je me fais appeler Le Môme. Kerry James, Oxmo Puccino, IAM, ce sont des artistes que j’admire. Mais j’ai voulu avoir mon style à moi. » Un peu à la Nekfeu, Le Môme joue avec les mots, alterne les assonances et les allitérations sur des productions qui varient, de l’autothune au piano classique.
« Jusqu’à présent, c’étaient les mots qui m’amenaient l’idée. Maintenant, c’est l’inverse. Je veux parler d’un sujet, alors je me renseigne, je regarde des documentaires et je construis ma pensée. » Il poursuit : « On a juste besoin d’ouvrir les yeux pour écrire. On est tellement informé et il se passe tellement d’événements autour de nous. » Avant d’ajouter : « Et puis, on a aussi des choses à dire en province. On n’a pas besoin de venir de la capitale. »
« J’ai envie que Nice ait une vraie culture urbaine implantée »
Sa ville, il en est fier. « Quand je sors du Vieux Nice, j’ai la tête qui tourne », plaisante-t-il. On la retrouve dans ses textes mais aussi dans ses clips. Il confie : « Plus que de faire du rap, j’ai envie que Nice ait une vraie culture urbaine implantée, avec un vrai festival de hip-hop chaque année. Il faut que ça existe parce qu’il y a le niveau. » Pour lui, « il y a tellement matière à faire quelque chose de grandiose » . Il est persuadé que « d’ici quatre ans, ça va exploser ». Pour preuve, il a initié le « 06 All Stars », une collaboration avec treize artistes locaux l’année dernière. « Il y a tellement de rappeurs ici, assure-t-il. S’il le faut, même mon voisin, c’en est un. Récemment encore, j’ai reçu un message d’un jeune de 17 ans qui me demandait des conseils. »
En plus de « vendre des biftecks le matin », il tient des ateliers d’écriture les après-midi avec son association Zebr’art Connexion dans des collèges, des foyers et des prisons du département. Avec les quatre membres actifs et la dizaine de bénévoles, ils s’occupent également de trouver des salles pour produire les « artistes du coin ». « J’essaie de faciliter le chemin aux autres, pour éviter qu’ils galèrent autant que moi au début, affirme Grégory. J’ai fait mes premières scènes dans des bars, devant trois mecs alcoolisés qui me demandaient de la fermer et avec le serveur qui voulait que je passe les bières pour lui. Après ça, il ne me restait plus que la passion. »
Maintenant, la scène, il connaît et il aime ça. « Avant le Covid-19, je faisais deux à trois concerts par semaine pendant deux ans, se souvient-il. On est parti de scène avec un vrai public. » Il espère, en 2022, pouvoir le retrouver et « conquérir la scène nationale » avec une tournée.