Montpellier : Comment le musée Fabre sélectionne-t-il les œuvres qu'il acquiert ?
EXPOSITION•Jusqu'au 6 mars, le musée dévoile dans sa grande exposition hivernale les plus grandes œuvres qu'il a acquise, depuis plus de 15 ansNicolas Bonzom
L'essentiel
- Jusqu’au 6 mars, le musée Fabre dévoile dans sa grande exposition hivernale La beauté en partage les plus grandes œuvres qu’il a acquises, depuis 15 ans.
- Si le musée Fabre a mis en place depuis sa réouverture après sa rénovation, en 2007, une « exceptionnelle politique d’enrichissement de ses collections », il n’est toutefois pas question d’acheter tout et n’importe quoi. L’objectif de l’équipe est de « conserver l’esprit de la collection », tout en l’ouvrant à d’autres mouvements.
- Il y a un autre facteur décisif dans l’achat, ou non, d’une œuvre : le budget.
Jusqu’au 6 mars, le musée Fabre, à Montpellier (Hérault), dévoile dans sa grande exposition hivernale les plus grandes œuvres qu’il a acquises, depuis sa réouverture, après sa rénovation, en 2007. Pietro da Rimini, Nicolas Poussin, Luca Giordano… Riche d’une centaine de tableaux, de dessins et de sculptures, l'exposition La beauté en partage a été imaginée pour que les visiteurs « prennent véritablement conscience de l’exceptionnelle politique d’enrichissement des collections » du musée Fabre, confie son directeur, Michel Hilaire. Plus que n’importe quel autre musée de province.
Mais comment l’équipe du musée Fabre sélectionne-t-elle les œuvres qu’elle acquiert ? D’abord en gardant, toujours, un œil sur le marché de l’art. En étant présent, « à Paris, à Londres ou encore à New-York », lors des ventes publiques d’œuvres majeures, ou sur les grandes foires, explique Michel Hilaire. « Nous avons aussi un réseau de galeristes, qui nous proposent des œuvres, poursuit le conservateur. Il arrive également que l’on reçoive des courriers, de particuliers, qui nous proposent des œuvres. » Le musée peut, enfin, acquérir des tableaux auprès des artistes eux-mêmes.
« Conserver l’esprit de la collection »
Mais il n’est pas question, pour le musée, d’acheter tout et n’importe quoi. L’objectif de l’équipe est de « conserver l’esprit de la collection, celui des premiers donateurs, comme François-Xavier Fabre ou Alfred Bruyas. Notre rôle est de préciser sa personnalité, tout en ouvrant, parfois vers d’autres artistes et d’autres courants », souligne son directeur, Michel Hilaire. C’est ainsi que le musée Fabre, considéré comme plutôt classique, s’est ouvert à des mouvements plus contemporains, ces dernières années.
Il y a toutefois un facteur décisif dans l’achat, ou non, d’une œuvre : le budget. Celui du musée Fabre n’est, évidemment, pas illimité. Chaque année, la métropole lui alloue 400.000 euros, et la fondation d’entreprises du musée, qui rassemble une trentaine de mécènes, entre 280.000 et 300.000 euros. S’ajoutent les contributions de l’association des Amis du musée Fabre, de mécènes particuliers, de la région Occitanie et de l’Etat.
« Je pourrais faire une exposition des regrets »
Mais, si l’exposition La beauté en partage réunit une centaine d’œuvres majeures, de la Renaissance à nos jours, que le musée est parvenu à acquérir, il arrive parfois que le musée passe à côté d’une pépite. « Bien sûr ! Je pourrais faire une exposition des regrets, des tableaux que le musée n’a pas réussi à acheter, notamment parce que le tableau était trop cher, note Michel Hilaire. On n’est pas là pour acheter à n’importe quel prix un tableau. On fausserait le marché de l’art. Mais on essaie de faire le maximum. »
En marge de cette exposition hivernale, le musée innove, en testant auprès du public une nouvelle façon d’acquérir une œuvre, L’impossible rencontre, de Yan Pei-Ming : une campagne participative. Sur le site du musée, tous ceux qui le souhaitent peuvent faire un don, même modeste, pour acheter cette réinterprétation contemporaine de La rencontre de Gustave Courbet. En contrepartie, les participants reçoivent des billets d’entrée au musée, des abonnements ou des ouvrages. Le musée espère collecter environ 10 % du prix de l’œuvre avec cette campagne, soit 30.000 à 40.000 euros.