Trans Musicales : « Être en solo, c’est plus de pression et de boulot », assure Lujipeka
INTERVIEW•Après avoir joué aux Trans Musicales en 2017 avec son groupe Columbine, le rappeur se produit cette fois en solo dans sa ville natalePropos recueillis par Jérôme Gicquel
L'essentiel
- De retour dans sa ville natale, Lujipeka donne le coup d’envoi des Trans Musicales de Rennes ce mercredi soir.
- Pendant cinq soirs, le rappeur viendra défendre sur scène son premier album solo sorti début novembre.
- Il revient pour 20 Minutes sur son début de carrière avec le groupe Columbine et sur cette nouvelle aventure.
Il aura la lourde tâche de succéder à des artistes désormais confirmés comme Stromae, Fishbach ou Aloïse Sauvage. C’est à Lujipeka que Jean-Louis Brossard, l’historique boss des Trans Musicales, a confié cette année la création du festival qui démarre ce mercredi. Pendant cinq soirs, déjà tous complets, le rappeur rennais viendra défendre sur la scène de L’Aire Libre les titres de son premier album Montagnes Russes, sorti le 5 novembre, avant d’enchaîner sur une grande tournée dans toute la France. A quelques heures de son premier show, l’ancien membre du groupe Columbine, a pris le temps entre deux répétitions de répondre à 20 Minutes.
Vous êtes de retour à Rennes pour assurer la création des Trans. Pas trop stressé ?
Un peu en effet. Mais c’est de la pression positive car je sais que c’est un passage important. L’approche est en tout cas différente d’un concert classique. Cela se déroule déjà dans un théâtre et on a eu du temps pour préparer cette création. C’est la première fois que j’ai cette opportunité de pousser autant un show. On a fait quelques concerts depuis la rentrée pour retrouver les gens et l’énergie de la scène mais c’était assez brut et sans décor. Là, il y a clairement la volonté de monter d’un cran. On a vraiment pris le temps de construire une histoire, de travailler la scénographie.
Vous gardez quels souvenirs des Trans Musicales ?
J’aime trop l’énergie de la ville pendant le festival. Toute la ville est impactée, il se passe des choses de partout. Dès que je suis entré au lycée, j’en ai profité en allant aux Bars en Trans ou au Parc Expo. J’y ai aussi joué avec Columbine en 2017. J’ai donc l’expérience des Trans en tant que festivalier et en tant qu’artiste.
Votre groupe Columbine est entre parenthèses depuis maintenant plus de deux ans. Cela change quoi d’être en solo ?
C’est l’étape d’après dans la vie d’un collectif. On s’est formé entre potes et en équipe et à un moment, il faut affronter ça tout seul. C’est plus de pression et de boulot mais c’est aussi plus de liberté. Mais il n’aurait pas fallu que cette nouvelle expérience arrive plus vite car je me rends compte maintenant de la charge de travail que cela représente. Quand on est en groupe, on se camoufle un peu, on fonctionne plus à l’énergie. En solo, il faut que tout soit carré.
C’est aussi pour vous le passage de l’adolescence à l’âge adulte…
Totalement. Columbine c’est la fin du lycée, c’est toute une aventure avec plusieurs albums et pleins de concerts. Là, je refais un peu le même chemin mais tout seul. Mais j’ai eu la meilleure école possible pour me former. Du coup j’appréhende les choses un peu différemment, avec plus de maturité et d’autres envies aussi. Mais l’album raconte aussi la difficulté à rentrer à 100 % dans l’âge adulte même si j’ai pris conscience que j’ai grandi. J’ai en tout cas la chance de vivre de ma passion, cela me permet de garder cette espèce de folie d’enfant.
Dans votre album, vous vous faites un peu le témoin d’une génération un peu désenchantée. Quel regard portez-vous sur la société actuelle ?
Je raconte la vie d’un mec de mon âge. J’ai vécu pleins de choses en groupe qui m’ont un peu déconnecté parfois de certains potes mais j’ai les mêmes histoires de vie que tout le monde. Mon regard n’est pas toujours désenchanté, juste sur certains morceaux comme Putain d’époque. C’est parti d’une vision. Tu regardes la télé et tu vois que c’est le bordel partout. Mais tu ne sais pas trop comment agir pour changer les choses.
Vous vous ouvrez aussi à d’autres styles musicaux sur cet album…
C’est dur en effet de genrer clairement ma musique. C’est entre le rap et la chanson, du moins sur l’album. Mais il y a aussi des balades, du reggae, un morceau avec Cerrone. J’aime cette idée de liberté. Quand je mets une playlist dans la voiture, je peux passer du coq à l’âne. Donc naturellement quand je suis en studio, je ne m’interdis aucun genre. C’est d’ailleurs cela qui rend l’évolution du rap intéressante. Il n’y a plus de limites maintenant, les barrières sont éclatées et c’est pour cela qui il y a sans cesse de nouveaux artistes qui arrivent. Il y a une liberté de création qui est grave cool !