Nice : « Beaucoup s’identifient à mes péripéties », Caroline passe d'Instagram à la BD grâce à plus de 900 contributeurs
INTERVIEW•En un an et demi, la dessinatrice a créé une communauté de plus de 15.000 abonnés sur son compte InstagramElise Martin
L'essentiel
- A 24 ans, Caroline Nasica va sortir sa première bande dessinée aux éditions Exemplaire mi-décembre.
- Le crowdfunding lancé il y a un mois a explosé et lui a permis d’atteindre 356 % de l’objectif initial.
- Elle revient avec 20 Minutes sur son succès « inattendu » et les raisons pour lesquelles elle va pouvoir enfin dire à son père qu’elle « fait un vrai métier ».
A 24 ans, Caroline Nasica va sortir sa première bande dessinée Caro et les zinzins aux éditions Exemplaire. Originaire de Corse, elle a grandi à Nice et dévoile dans ce premier album « des tas d’anecdotes » qui se sont passées dans cette ville, de son adolescence à maintenant. Elle revient avec 20 Minutes sur son succès « inattendu » et les raisons pour lesquelles elle va pouvoir enfin dire à son père qu’elle « fait un vrai métier ».
Comment est venue cette idée de créer « Caro et les zinzins » ?
Je ne sais pas si on peut dire ça, mais c’est presque inscrit dans mes gènes. Ma mère est illustratrice, ma grand-mère est peintre. J’ai toujours dessiné car c’est la façon la plus naturelle pour moi de m’exprimer. Et puis, un jour, en janvier 2020, j’ai décidé de créer un compte Instagram pour mes proches, pour leur partager les anecdotes que je vivais au quotidien en dessin dans lesquelles ils apparaissent souvent. Au fur et à mesure, le compte a pris de l’ampleur, j’ai eu beaucoup de partages et d’encouragements, notamment d’auteurs connus comme Livio, Boulet et d'autres. Alors, au moment du deuxième confinement, je me suis lancée et j’ai contacté Lisa Mandel, la fondatrice de la maison édition Exemplaire. Elle m’a dit que j’étais « diamant brut de la BD ». Tout ça m’a motivée à sortir Caro et les zinzins en un an. Résultat, on vient de finir le mois de crowdfunding et on a explosé l’objectif. C’était inattendu mais en une après-midi, c’était bouclé. On a atteint 356 %, c’est-à-dire, 920 contributeurs et plus de 28.000 euros.
Comment expliquer ce succès ?
C’est impressionnant parce que je ne suis pas une star, il ne se passe jamais des choses exceptionnelles dans ma vie et pourtant, il y a maintenant 15.000 personnes qui me suivent sur mon compte. Je me suis rendu compte que mes histoires, qui me semblaient personnelles et hors du commun, ne l’étaient pas tant que ça quand beaucoup de personnes ont commencé à s’identifier à mes péripéties. Parce que mon but n’est pas de dénoncer quoi que ce soit, comme certains de mes confrères ou consœurs. C’est juste la vie d’une femme de 24 ans donc, forcément, à certains moments, ça met aussi en lumière des problèmes de société. Ça montre aussi simplement qu’on n’est jamais vraiment tout seul à vivre des trucs incroyables. Et ça fait du bien.
La bande dessinée va alors pouvoir sortir en décembre. Qu’est-ce que les lecteurs pourront y trouver ?
C’est un recueil de tout ce qu’il y a sur Instagram avec des histoires inédites, avec mon style qui est toujours resté le même : le trait de crayon noir, rapide et simple. Je dévoile aussi des anecdotes parfois plus secrètes, d’autres un peu plus choquantes. À savoir, je ne mens jamais sur ce qu’il m’arrive, je suis toujours la plus transparente possible. Si ça paraît cocasse, c’est juste mon caractère. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi « les zinzins », parce que les histoires et les gens qui sont dedans, sont zinzins.
De quelle manière la suite de l’aventure va se dessiner ?
C’est sûr qu’il y aura un tome II, voire plus. Tant qu’il y aura de la vie, il y aura des tomes. J’ai encore beaucoup d’histoires à raconter. Et puis, en plus des anecdotes, je formule maintenant des questionnements sur mes habitudes, pour voir si je suis la seule à vivre ça auprès de la communauté, j’ai l’impression que je parle à des amis. Instagram m’a permis d’avoir énormément de visibilité et ça a enclenché aussi énormément de projets pour Caro et les zinzins, éventuellement une série ou un dessin animé. Après, j’aimerais aussi écrire des bandes dessinées avec de la fiction, toujours inspirées de ce que je vis mais avec lesquelles je pourrais davantage faire évoluer les personnages.
Comment l’idée d’en faire votre métier principal est-elle perçue auprès de vos proches ?
Quand j’étais petite, je ne pensais pas qu’il serait possible de pouvoir vivre de la bande dessinée. À la rigueur, c’était mon plan B. J’avais dit « je veux faire professeur de sport et si ça ne fonctionne pas, je ferai dessinatrice ». Au moment des études, les écoles d’art m’avaient dégoûtée et je n’ai pas touché à un crayon pendant quatre ans. Aujourd’hui, je ne me vois rien faire d’autre. Pour rassurer ma famille, j’ai quand même un diplôme de directrice artistique « au cas où ». En plus, j’ai vu que je pouvais m’en sortir en proposant des commandes. Des clients me racontent leurs histoires et je fais des planches pour eux, pour des anniversaires par exemple. Grâce à la maison d’édition Exemplaire, je toucherai plus de droits d’auteur car le concept même est de se battre pour une meilleure répartition plus juste au sein du monde de l’édition.