Lyon : Le musée Tony Garnier s'inquiète de la dégradation de ses fresques
VANDALISME•Depuis « trois à quatre semaines », les équipes du musée Tony Garnier ont dû lancer la restauration de sept de ses murs peints endommagés par des tagsCaroline Girardon
L'essentiel
- Depuis un mois, le musée urbain Tony Garnier a lancé la restauration de sept de ses 25 fresques, ciblées par des tags.
- La dernière dégradation remonte à la semaine dernière : les visages d’une quinzaine de personnages, figurant sur le mur des « abattoirs de la mouche », ont été recouverts de noir.
- L’établissement redoute que cette situation perdure en l’absence de visites guidées, qui ont une portée éducative essentielle.
Les dernières dégradations sont « singulières ». A tel point que les équipes, en charge du musée urbain Tony Garnier de Lyon [musée en plein air de 25 murs peints], n’avaient jamais vu cela depuis sa création en 1989. En fin de semaine dernière, les visages d’une quinzaine de personnages, figurant sur la fresque des « abattoirs de la mouche », ont été recouverts à la bombe de peinture noire. Comme si on cherchait à les faire disparaître.
« Cela a été fait très soigneusement puisque aucun trait ne déborde des visages », observe Catherine Chambon, la directrice du musée qui préfère ne pas se hasarder dans une quelconque interprétation. En revanche, elle se dit préoccupée. « C’est le septième mur que je lance en restauration », explique-t-elle, précisant que « depuis trois à quatre semaines », les tags ou autres dégradations se multiplient sur les fresques classées au patrimoine. Ce qui n’est pas sans conséquences.
Un budget annuel de 9.500 euros pour la restauration des murs
La structure dispose annuellement d’un budget de 9.500 euros pour restaurer ses murs. Elle en fait l’avance et la ville de Lyon lui rembourse dans un second temps. « A ce rythme-là, on ne va pas aller loin. On risque bien de ne plus avoir de budget dans quelques semaines », s’inquiète Catherine Chambon qui n’a pas encore évalué le montant des dégâts constatés sur la fresque des abattoirs.
« On a tenté de détaguer le noir mais ce n’est pas aussi miraculeux que cela. Les essais n’ont pas été concluants. Il va donc falloir reprendre tous les visages minutieusement. Dans ce cas-là, le travail s’annonce titanesque. C’est comme faire de la peinture au chevalet. Il faudra reprendre les détails, les expressions de chaque visage endommagés. Il faudra également retrouver les maquettes et les modèles d’origine car cette fresque a plus de 20 ans », détaille la directrice, soucieuse de faire revenir du public rapidement dans le quartier des Etats-Unis (8e).
« La fréquentation touristique pose des interdits »
« Le musée reçoit chaque année des milliers de touristes. Depuis un an, la fréquentation est nulle. Nous ne pouvons plus organiser de visites dans l’espace public, au-delà de cinq personnes. De fait, la modération sociale n’existe plus malheureusement », souligne Catherine Chambon.
« Je ne pense pas que les murs peints soient visés spécifiquement, simplement les gens ne font plus la distinction entre des murs d’immeubles classiques et des fresques murales patrimoniales, analyse-t-elle. Les visites organisées ont une portée éducative. La fréquentation touristique pose des interdits. Mais comme il n’y a plus rien depuis un an, beaucoup pensent désormais que tout est permis. Et c’est pour cette raison que ça se dégrade ». L’établissement entend solliciter l’aide de la municipalité pour tenter de remédier à la situation.