Rennes : Comment une liaison maritime a fait de la capitale bretonne une ville punk
NO FUTURE•Le magazine « Le Grand Bazhart » diffusé ce mercredi soir sur France 3 Bretagne revient sur l’éclosion du mouvement punk en 1977 à RennesJérôme Gicquel
L'essentiel
- Un documentaire diffusé ce mercredi soir sur France 3 Bretagne revient sur l’explosion du punk à Rennes à la fin des années 1970.
- C’est notamment grâce à une liaison maritime lancée entre Saint-Malo et Portsmouth que le mouvement a débarqué à Rennes avant tout le monde.
- A cette époque, Rennes était considérée comme la capitale du rock en France avec des groupes comme Marquis de Sade ou les Nus.
La capitale des punks à chiens. Voilà une image qui colle inlassablement à la ville de Rennes. Si les « kepons » ont perdu leur crête colorée aujourd’hui, ils font tout de même partie de l’histoire de la capitale bretonne. A la fin des années 1970, Rennes a d’ailleurs été l’épicentre du mouvement punk rock en France, comme le raconte un hors-série de l’émission Le Grand Bazhart diffusée ce mercredi soir à 23h55 sur l’antenne de France 3 Bretagne (disponible en replay).
Elle le doit en grande partie à une liaison maritime ouverte par la Brittany Ferries en 1976 entre Saint-Malo et Plymouth. Fuyant une ville bourgeoise et endormie, de jeunes Rennais vont alors traverser la Manche pour aller s’encanailler chez nos voisins anglais. A Londres plus précisément où la vague punk déferle avec les Sex Pistols en porte-étendard d’une jeunesse britannique désabusée. Ancien leader des groupes Marquis de Sade (lire encadré ci-dessous) et Les Nus, Christian Dargelos était de la partie. « Je suis sorti d’un concert des Sex Pistols et des Stranglers et j’étais transformé », se rappelle-t-il dans le reportage signé Thierry Gautier et Sylvain Leduc.
« La Bretagne a toujours été une terre de musique »
Son compère Franck Darcel se remémore aussi avec nostalgie cette époque dans l’ouvrage Rok, 50 ans de musique électrifiée en Bretagne qu’il a cosigné. « Londres nous a mis une sacrée claque en 1976-1977, témoigne le guitariste de Marquis de Sade dans le livre. La capitale anglaise est proche de la Bretagne et il nous était facile d’y aller régulièrement sur un week-end et de ramener des disques. Le punk est reçu plus rapidement et facilement à Rennes qu’ailleurs en France car c’est nous qui sommes les plus proches de Saint-Malo et du ferry. Je crois que ça a eu son importance ».
Portés par cette révolte, plusieurs groupes rennais se forment alors comme Marquis de Sade, Fracture puis Les Nus, participant à l’explosion du mouvement punk en France. « Il y avait aussi un terrain favorable ici car la Bretagne a toujours été une terre de musique », indique Thierry Gautier. Originaire du Gers, le réalisateur a lui aussi été témoin de cette époque bouillonnante. « La période était compliquée avec le sida et la drogue qui en ont fauché beaucoup mais qu’est ce qu’on s’est marré ! », se souvient-il.
Des groupes pionniers de la new wave
Dans son film, le réalisateur met aussi en lumière la créativité de la scène musicale rennaise durant cette période. « Ce n’étaient pas des moutons qui copiaient les groupes anglais, narre-t-il. Ils ont su tracer leur propre chemin en étant pionniers dans la new wave ou la cold wave ».
La création des Trans Musicales en 1979 contribuera également à faire de Rennes une ville à l’âme résolument rock. Depuis, la capitale bretonne s’est un peu assagie mais elle a tout de même gardé son côté rebelle. Comme quoi le punk n’est pas totalement dead ! La liaison entre Saint-Malo et Porthsmouth est d'ailleurs toujours active.