BIOLLYWOODUn maraîcher bio met en scène ses légumes dans des parodies de films cultes

Montpellier : Un maraîcher bio met en scène ses légumes dans des parodies de films cultes

BIOLLYWOODCet ex-régisseur d'« Un gars, une fille » a allié ses deux passions : le cinéma et le potager
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Dans « Mes légumes font leur cinéma », un maraîcher bio héraultais, ex-régisseur général d'« Un gars, une fille », met en scène ses légumes dans des parodies de films.
  • Yézid Allaya a imaginé un potager où les légumes s’animent et se filment dans la peau de leurs héros préférés, profitant que l’agriculteur soit endormi.
  • L’agriculteur héraultais s’est entouré de nombreux professionnels et a travaillé avec les moyens techniques et les étudiants de l’école d’audiovisuel Travelling.

L’Hérault, avec toutes les séries télé qu’il attire, n’est pas seulement un petit Hollywood. Non. L’Hérault, c’est aussi un véritable « Biollywood ». A Montferrier-sur-Lez, un petit village près de Montpellier, Yézid Allaya, le créateur de la ferme agricole Lutin Jardin, a eu une drôle d’idée : mettre en scène ses légumes bio dans des parodies de films cultes.

Dans Mes légumes font leur cinéma, une petite série composée pour l’instant de trois épisodes, un poireau et une aubergine, coiffés et habillés, deviennent d’étonnants Jack et Rose, sur le Titanic. Une courgette et un panais réinventent la scène au hammam de La Grande Vadrouille. Et de terrifiants légumes se défient du regard dans un pastiche d’Il était une fois dans l’Ouest. « Aucun d’eux n’a été maltraité pendant le tournage ! », plaisante Yézid Allaya, qui diffuse ses créations sur la chaîne Youtube de son exploitation bio.



« Le message passe beaucoup mieux avec de l’humour »

Le Montpelliérain n’a pas toujours été agriculteur : pendant longtemps, il a travaillé sur des clips, des publicités, des films, des séries, notamment Un gars, une fille, dont il était le régisseur général. Lassé par la vie parisienne, il a regagné son village natale et ouvert une exploitation de légumes bio, il y a une quinzaine d’années, près de Montpellier. Ces petits films sont ainsi une manière parfaite de réunir ses deux vies.

Le tournage de Mes légumes font leur cinéma, à l'école Travelling
Le tournage de Mes légumes font leur cinéma, à l'école Travelling - Yazid Allaya / Lutin Jardin

« Cela permet aussi de parler de choses plus sérieuses, reprend Yézid Allaya. Si nos légumes sont des stars, alors peut-être que l’on peut faire passer des messages sur la condition des agriculteurs bio, sur la viabilité économique des exploitations, sur le bien manger… Le message passe beaucoup mieux avec de l’humour, ça fait tomber les barrières. »

C’est Yézid Allaya qui a écrit la série. Il a imaginé un potager où les légumes s’animent et se filment dans la peau de leurs héros préférés, profitant que l’agriculteur soit endormi. Et les séquences sont très réussies. « On a beaucoup regardé les scènes d’origine, pour essayer de reproduire l’ambiance, les codes couleurs… Mais si un comédien fait passer une émotion avec son jeu, avec quelque chose d’inerte, comme un légume, c’est plus compliqué, reprend Yézid Allaya. On a fait un véritable casting, en fonction des besoins de la séquence. Et en composant avec les légumes de saison ! »

Le tournage de Mes légumes font leur cinéma, à l'école Travelling
Le tournage de Mes légumes font leur cinéma, à l'école Travelling  - Yazid Allaya / Lutin Jardin

Bien entouré

Et si la petite série est si séduisante, c’est aussi parce que le créateur de Lutin Jardin s’est particulièrement bien entouré. Jean-Louis Frémont, premier assistant-réalisateur sur Le mystère Henri Pick ou Le premier jour du reste de ta vie, est aux manettes. Il officie aux côtés d’Antoine Monod, directeur de la photographie sur Dix pour cent ou La vie scolaire. « Ce sont des copains, ils ont accepté tout de suite le projet, ça les a fait marrer », sourit Yézid Allaya. Pour donner de la voix aux légumes, il s’est notamment entouré du comédien Jérémy Banster, star d’Un si grand soleil.

Les séquences ont été tournées avec les moyens techniques et les étudiants de l’école d’audiovisuel Travelling, à Montpellier. « C’est drôle, c’est décalé, les étudiants étaient ravis de participer à ce projet, se réjouit Laurent Mesguich, le directeur de l’établissement, qui forme ses élèves aux métiers du cinéma et de la télévision. Il a un énorme travail de décoration, de costumes sur ces films. Un vrai travail de fourmi a été fait. Et j’imagine que ça n’est qu’un début, il y a tellement de choses à imaginer ! »

Il n’est pas exclu, en effet, que la série se poursuive. Ces parodies ont aussi été pensées comme des pilotes et il se pourrait bien qu’elles séduisent, pourquoi pas, une chaîne de télévision. « On a encore plein d’idées, se réjouit Yézid Allaya. On a aussi imaginé des légumes faisant visiter des sites touristiques d’Occitanie, parlant d’histoire de la musique, ou parlant même de cuisine, où ils se font eux-mêmes découper ! »