SUSPENSQu’est-ce qui se joue mercredi au conseil d’Etat pour les cinémas ?

Coronavirus : Qu’est-ce qui se joue mercredi au conseil d’Etat pour les cinémas ?

SUSPENSLe Conseil d’Etat se penchera mercredi sur la fermeture des cinémas et théâtres
Aude Lorriaux

A.L. avec AFP

L'essentiel

  • Le Conseil d’Etat se penchera mercredi sur la fermeture des cinémas et théâtres, ainsi que celle des musées.
  • Ce lundi, devant la plus haute juridiction administrative, le représentant du ministère de la Santé, Charles Touboul, a reconnu qu’aucune étude ne prouvait que ces lieux étaient plus propices aux contaminations, mais a rappelé l’existence de « risques ».
  • Les artistes et responsables de structures culturelles dénoncent une différence de traitement avec les cultes ou les magasins.

Le Conseil d’Etat va-t-il jouer le rôle de sauveur des cinémas, théâtres et musées qui contestent vivement leur fermeture pour cause de pandémie de coronavirus ? La plus haute juridiction administrative en décidera mercredi, alors que plus de 350 artistes et responsables de structures appellent à nouveau ce matin sur France info à « rouvrir tous les lieux culturels au public ».

Le Premier ministre Jean Castex avait annoncé le 10 décembre maintenir la fermeture des lieux culturels, malgré la fin du confinement le 15 décembre. Cela en raison de la pression épidémique et pour une durée indéterminée, au moins jusqu’au 7 janvier.

Pas d’étude mais des « risques »

Ce lundi devant le Conseil d’Etat, le gouvernement a justifié cette fermeture par la nécessité « d’éviter des morts évitables » : « La situation épidémiologique est très dégradée » et « notre objectif est d’éviter les morts évitables, tout simplement », a déclaré le représentant du ministère de la Santé, Charles Touboul, promettant que la mesure pourra être levée « dès qu’une fenêtre se présentera pour rouvrir dans des conditions sanitaires satisfaisantes ».

Il a reconnu qu’aucune étude, « très difficiles à faire », ne prouvait que ces lieux étaient plus propices aux contaminations. Mais il a rappelé l’existence de « risques » malgré les protocoles sanitaires : présence de nombreuses personnes, dans des espaces clos, avec des contacts prolongés.

Incompréhension par rapport à l’ouverture des autres secteurs

La décision de fermeture a « suscité la totale incompréhension de l’ensemble des acteurs du secteur », ont relevé plusieurs associations de cinéma à l’origine de l’un des neuf recours. « La grande majorité des autres secteurs économiques a pu reprendre ses activités, quels que soient les flux générés sur le territoire » font-ils valoir. A l’audience, lundi, le chanteur Francis Lalanne s’est emporté, masque baissé sur le menton : « On peut aller faire la queue à la fromagerie, mais pas devant un théâtre ! La culture vaut-elle moins qu’un fromage ? »

Une mesure « inéquitable et disproportionnée »

Comme l’ont fait d’autres secteurs auparavant, les stations de ski par exemple, c’est par la voie du référé-liberté, une procédure d’urgence, que le monde de la culture a saisi la justice administrative pour attaquer la décision gouvernementale.

Au total, neuf recours seront examinés, dont ceux des représentants du théâtre et du cirque ainsi que ceux de plusieurs théâtres parisiens, qui estiment la mesure « éminemment inéquitable et disproportionnée ».

Contraire aux libertés fondamentales

« Chacun voit bien la différence de traitement entre les lieux cultuels et les lieux culturels (…) Alors que la pérennité des théâtres est gravement menacée, la décision doit rétablir une égalité devant la loi et permettre au monde du théâtre de limiter les conséquences catastrophiques de la crise », ont déclaré leurs avocats Vincent Brengarth et William Bourdon à l’AFP.

Ils estiment que leur fermeture est contraire à quatre libertés fondamentales : la liberté d’entreprendre, la liberté d’association, la liberté artistique et le principe d’égalité avec les autres commerces.