HERITAGEAnne Sylvestre restera pour longtemps dans le cœur des féministes

Mort d'Anne Sylvestre : La chanteuse restera pour longtemps dans le cœur des féministes

HERITAGELa chanteuse, morte à 86 ans, a accompagné les luttes féministes par ses chansons engagées
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • La chanteuse Anne Sylvestre, qui dénonçait les entraves à l’avortement, les violences sexuelles et la séparation des genres, s’est éteinte à l’âge de 86 ans.
  • Les hommages des féministes ont afflué dans les minutes qui ont suivi l’annonce de sa disparition.

Pour nombre de féministes, c’était plus qu’une référence. Anne Sylvestre, avec ses cheveux rouges, sa forêt d’histoires et de sons joyeux, c’était un apprentissage de la liberté. En écoutant les chansons de l’artiste morte à 86 ans ce mardi 1er décembre, on se sentait moins seule, on riait comme avec une bonne copine. Comme dans La Faute à Ève, qui dénonce la misogynie du christianisme, ou encore La Vaisselle, qui se moque de ces hommes assis à attendre que les tâches ménagères se fassent. Parfois on pleurait aussi, on avait l’impression qu’elle partageait le fardeau des femmes : le viol dans Douce Maison, ou l’avortement dans la magnifique Non, tu n'as pas de nom.

C’est pour toutes ces chansons que les femmes et les féministes l’aimaient. Dès l’annonce de son décès, plusieurs féministes lui ont déclaré leur amour : l’essayiste Pauline Harmange, les journalistes Dorothée Barba et Victoire Tuaillon, la comédienne Klaire fait Grr

Féministe, « la seule étiquette qui ne la dérangeait pas »

Les féministes le savent : Anne Sylvestre a dû se faire sa place dans un monde d’hommes, à une époque où s’affirmer chanteuse était en soi un acte politique. « A l’époque, les femmes étaient seulement des interprètes, à l’exception de Nicole Louvier. Quand je l’ai entendue à la radio, jeune femme d’à peu près mon âge qui écrivait et composait elle-même, j’ai su que c’était possible ! » racontait-elle à Télérama. « C’était un peu subversif d’être une fille et de prétendre jouer ses propres chansons » dit-elle encore.

Etre appelée féministe, c’était « la seule étiquette qui ne la dérangeait pas », disait-elle : « Je n’aime pas beaucoup ces mots en « isme », mais il n’y en a pas d’autres ! ». Ses chansons ont accompagné les différents combats, comme Une sorcière comme les autres, sortie en 1975, où elle pointe du doigt l’assignation à la maternité réservée aux femmes : « Quand vous jouiez à la guerre moi je gardais la maison. »

Elle voulait seulement « réussir sa mort »

Anne Sylvestre se réjouissait que depuis 2017 et la vague MeToo, les femmes soient plus écoutées. « On voulait que les femmes parlent mais on ne les écoutait pas », constatait-elle dans l’émission Vieille branche, saluant une « jeunesse résistante ».

Anne Sylvestre n’avait pas peur de vieillir. « Vieillir c’est abandonner des choses, et en gagner aussi », disait-elle dans la même émission. Elle voulait seulement « réussir sa mort ». Son souhait est en train d’être exaucé.

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Partages de chansons et de chagrin

Quelques minutes seulement après l’annonce de son décès, une pluie d’hommages est tombée, et beaucoup de féministes ont partagé ses chansons : Anne-Cécile Mailfert, présidente de la fondation des femmes, a partagé Ma chérie. Mona Chollet, journaliste et autrice du livre à succès Sorcières La puissance invaincue des femmes, a logiquement partagé Une sorcière comme les autres.

Beaucoup de militantes et artistes ont exprimé leur chagrin. L’autrice de BD Pélénope Bagieu a souligné sa « tristesse », tout comme l’autrice et ex du Mouvement de libération des femmes (MLF) Martine Storti. L’organisation #NousToutes lui a dit « merci Madame », la philosophe Camille Froidevaux-Metterie a dédié son cours à celle dont « les chansons si douces, si drôles, si féministes, ont bercé (s)on enfance ». La ministre chargée de l’Égalité Elisabeth Moreno a salué une féministe engagée. Nul doute que les hommages vont continuer d’affluer.

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