Une vague #MeToo déferle dans le monde de la musique
ACCUSATIONS•Un collectif anonyme recueille, via un formulaire, les récits de victimes ou témoins de violences sexistes et sexuelles jusqu’au 30 septembre20 Minutes avec AFP
Une vague #MeToo pourrait bien déferler sur la filière musicale, amplifiée par les réseaux sociaux. #MusicToo, apparu au cours de l’été sur Instagram, est la plateforme qui fait le plus parler. Ce collectif anonyme, assisté d'« avocates », recueille, via un formulaire, les récits de victimes ou témoins de violences sexistes et sexuelles jusqu’au 30 septembre pour « commencer à dessiner des profils et rassembler des plaintes ».
31 % des femmes du secteur musical victimes
Le but est que « la peur change de camp ». Les statistiques font froid dans le dos : « 31 % des femmes travaillant dans le secteur musical (artistes ou professionnelles) disent avoir été victimes, au moins une fois, de harcèlement sexuel », selon une étude de 2019 de la Cura (Collectif pour la santé des artistes et des professionnels de la musique) et de la Gam (Guilde des artistes de la musique).
L’existence de #MusicToo a pris en septembre un autre relief avec les affaires d’agressions sexuelles -sans que la plateforme n’ait eu un rôle à jouer- concernant Moha La Squale (visé par une enquête ouverte après plusieurs plaintes), Roméo Elvis (qui s’est excusé sur les réseaux sociaux après des accusations sur Internet) et Chloé Briot, cantatrice qui a porté plainte.
« Balance Ta Major »
La page Instagram de « Balance Ta Major », cible elle les méfaits dans les grosses maisons de disques et publie directement des témoignages, anonymes. D’autres plateformes vont plus loin, à l’instar de DIVA – « Informations et ressources sur le sexisme et les violences sexuelles dans l’industrie de la musique »- et Change de Disque – « Nous luttons contre les problèmes structurels (rémunération, progression de carrière) & les violences sexistes et sexuelles systémiques dans la musique ». Les deux sont liées.
« Nous avons créé une association loi 1901 pour être la passerelle entre les tonnes de collectifs qui existent et pour s’attaquer à un problème systémique », expose Emily Gonneau (Change de Disque). Elle avait dévoilé sur les réseaux il y a quelques années avoir été agressée sexuellement et dissuadée par sa direction de l’époque de porter plainte.
« Les agresseurs ne dorment pas très bien »
« Avec #MusicToo -je ne suis pas derrière cette plateforme-, les agresseurs à leur tour ne dorment pas très bien, ça fait bouger les choses, mais il faut aller au-delà, poursuit-elle. Si on s’attaque seulement à quelques cas, c’est comme les têtes d’une hydre, ça va repousser ».
A ses yeux, « les violences sexistes sont corrélées à des écarts de rémunération : c’est un problème de fond ». « Les agressions sexuelles sont des abus de pouvoir, il faut donc des contre-pouvoirs, il faut passer par le système pour que le système change, il faut aller au structurel », assène-t-elle.