Marseille : « Tous les points d’intérêts se retrouveront dans la réplique », la construction du double de la grotte Cosquer va débuter
CULTURE•Le président de la région Paca, Renaud Muselier, a officiellement remis les clés de la villa Méditerranée à Kléber Rossillon, pour le début de la construction de la reproduction de la grotte CosquerAdrien Max
L'essentiel
- Renaud Muselier, président de la région Paca, a remis les clés de la villa Méditerranée à Kléber Rossillon pour y construire la réplique de la grotte sous-marine Cosquer située à Marseille.
- Les travaux débuteront en septembre 2020 pour une livraison prévue en juin 2022.
- La reproduction virtuelle de la grotte, d’après des données récoltées par des scientifiques, est essentielle pour son implantation dans la villa Méditerranée, et pour la reproduction des œuvres.
Une remise des clés symbolique, et des avancées techniques. Le président de la région Provence Alpes Côte d’Azur, Renaud Muselier, a remis les clés de la villa Méditerranée, à Marseille, à Kléber Rossillon, fondateur de la société spécialisée dans la gestion de sites culturels et touristiques. Il a notamment réalisé la réplique de la grotte Chauvet. La région lui a confié ce bâtiment du J4, longtemps vide, afin d’y réaliser un double de la grotte Cosquer, une grotte sous-marine située près du cap Morgiou à Marseille. Découverte en 1991 par Henri Cosquer, elle semble vouée à disparaître avec des montées des eaux qui peuvent parfois atteindre « jusqu’à 80 centimètres ».
Une nouvelle avancée dans ce projet lancé en 2016 par la région pour trouver une utilité à la villa Méditerranée, « coquille vide » qui coûtait chaque année 800.000 euros à la collectivité. Une double satisfaction pour Renaud Muselier, avec « un pôle culturel exceptionnel entre le MuCEM, le Musée Regards de Provence et désormais la réplique de la grotte Cosquer ».
Visite en nacelle
Les travaux débuteront à la rentrée 2020, et s’étaleront sur deux ans pour une ouverture prévue en juin 2022. « La réplique de la grotte s’étalera sur 1.800 m² au sous-sol de la Villa Méditerranée, un musée représentant les différents animaux figurant dans la grotte et une exposition sur l’évolution climatique de la région compléteront l’ensemble », a expliqué Kléber Rossillon.
Concrètement, les visiteurs, après avoir emprunté une passerelle au-dessus de la mer, rejoindront un sas pour gagner les « profondeurs » de la villa Méditerranée. « Le sas ressemblera au local des plongeurs. Ensuite les visiteurs descendront à l’aide d’un monte-charge, comme dans une base sous-marine. Ils seront invités à monter dans des nacelles pour découvrir la grotte durant environ 45 minutes. Les nacelles permettent une visite à 400 mètres à l’heure, soit dix fois plus lentement que si les visiteurs le faisaient à pied », a détaillé Catherine Bonamy, cheffe de projet chez Eiffage. De l’eau sera présente à l’intérieur de la villa Méditerranée, avec la technique du miroir, pour rendre l’expérience des visiteurs la plus réaliste possible.
Adapter la grotte à l’architecture
Mais avant de pouvoir profiter de ces œuvres aussi précieuses que fragile, « il faut adapter la grotte à une architecture déjà existante, c’est un véritable défi technique », explique Kléber Roussilon. Pour cela il peut s’appuyer sur l’entreprise Perspective [s], basée dans le technopôle d’Aix-en-Provence.
Cette société a récupéré toutes les données récoltées dans la grotte par des plongeurs armés de lasers ultra-sophistiqués, durant une dizaine d’années. Une course contre la montre face à la montée des eaux, et les dégradations de certaines œuvres. « Nous avons récupéré plus de 10 gbits de données qu’il a fallu assembler, pour appréhender la grotte, et la rendre visionnable. Nous avons dû réaliser un maillage en 3D », explique Stéphane Kyles, cofondateur de Perspective [s].
Une reproduction virtuelle essentielle
Ce travail a deux objectifs : « intégrer et segmenter les modèles de la grotte à la villa Méditerranée », et « les reproduire à l’identique ». « Nous ne pouvons pas reproduire la totalité de la grotte au sein du bâtiment, mais nous avons la certitude depuis une semaine que tous les points d’intérêts se retrouveront dans la réplique », rassure Stéphane Kyles.
Un comité scientifique supervise la reproduction de la grotte. « Si vous êtes géologue, vous percevrez la continuité des strates de calcaires comme dans la grotte originale, et si vous êtes archéologues, vous retrouverez les peintures dans leur entièreté. L’objectif est d’offrir la meilleure expérience possible aux visiteurs en perdant le moins d’espace possible », prévient Kléber Rossillon.
Concernant le travail de reproduction « scientifique », de la grotte, la fabrication des 15 panneaux des points d’intérêts a débuté. « Le premier panneau représentant un des deux bisons est terminé. Il ne s’agit pas de simple reproduction : les artistes appliquent les techniques ancestrales. Ce sont de véritables œuvres d’art », promet Kléber Rossillon. « Oui, c’est bien ma grotte », a confirmé Henri Cosquer, lors d’une visite virtuelle la semaine dernière.