Des meurtres dans une vallée des Pyrénées coupée du monde, le nouveau polar confiné de Bernard Minier renvoie un « étrange » écho
FRISSONS•Le nouveau thriller de Bernard Minier signe le retour aux affaires du flic toulousain Martin Servaz, attiré dans une vallée des Pyrénées coupée du monde. Un confinement, en mode cauchemarHélène Ménal
L'essentiel
- Avec « La Vallée », l’auteur de thriller Bernard Minier est de retour en librairie ce mercredi.
- Il signe ses retrouvailles avec le flic toulousain Martin Servaz.
- Son intrigue, dans une vallée des Pyrénées où les habitants sont coupés du monde par un éboulement, a une résonnance particulière dans cette période post-confinement.
- Dans ce miroir glaçant d’une société qui se fracture, les enfants ne vont plus à l’école et les parents ne vont plus travailler.
Vous êtes un brin nostalgique du confinement ? Maintenant que les librairies sont rouvertes, vous pouvez en reprendre un petit shoot bien angoissant en vous jetant sur le nouveau polar de Bernard Minier qui a pour décor une vallée imaginaire des Pyrénées, coupée du monde par un éboulement et où un tueur particulièrement créatif se livre à des mises en scène sordides.
Evidemment, la coïncidence est purement fortuite. L’écrivain a mis un point final à La Vallée* en janvier, le livre aurait dû sortir le 2 avril. « Des enfants qui ne vont plus à l’école, des parents qui ne peuvent plus travailler, j’ai été le premier à trouver ça assez étrange, reconnaît l’auteur. Sauf que la peur qui est dans le roman, le lecteur sait que ça s’arrête au bout de 400 pages, alors que dans la réalité, on ne sait pas ». Et que dans la vraie vie ce sont par exemple « les libraires qui sont en danger de mort », pas les habitants terrifiés du fin fond de la Haute-Garonne.
Fracture sociale et défiance de l’autorité
Après une escapade à Hong Kong pour un thriller techno, Bernard Minier renoue dix ans après avec l’ambiance pyrénéenne de Glacé, son premier succès. Il signe aussi ses retrouvailles avec Martin Servaz, son flic toulousain en disgrâce, qui, même poursuivi par ses démons et son passé, continue à prendre son café sur la place du Capitole. « Son retour était très attendu par mes lecteurs qui ont une véritable tendresse pour ce personnage », souligne celui qui a passé son enfance et son adolescence dans le Comminges sur les contreforts du massif.
« En dix ans, j’ai changé, Martin Servaz a changé, la société a changé », ajoute-t-il. Le romancier fait de sa vallée ensanglantée où des villageois se défient tellement des pouvoirs publics qu’ils montent leurs propres barrages pour se protéger un « microcosme à l’image de cette société où l’on voit apparaître les mêmes fractures ».
Haine du flic, déferlement incontrôlé de violence sur les réseaux sociaux, jusqu’à l’éboulement inspiré de celui qui a coupé les fumeurs de l’Andorre pendant plusieurs semaines en 2019, Bernard Minier, tisse, « en observateur », la toile de son cauchemar avec les fils de la réalité.
L’ex-Toulousain a vécu son confinement dans sa propriété campagnarde des Yvelines. Et comme beaucoup d’auteurs, il a occupé ses journées à ce qu’il fait le mieux. Alors, à défaut de vous dévoiler qui se cache derrière les meurtres de La Vallée, on peut déjà vous dire que Servaz finira par quitter les lieux, peut-être pas sain, mais sauf, et qu’il est déjà sur une autre enquête.
* Sortie ce mercredi 20 mai aux éditions XO, 21,90 euros.