Films de François Truffaut sur Netflix: Choix de l'audace ou de la sécurité... Par lequel commencer?
SUIVEZ LE GUIDE•Depuis ce vendredi, douze des vingt-deux longs métrages réalisés par François Truffaut sont disponibles sur NetflixFabien Randanne
L'essentiel
- Douze films de François Truffaut ont rejoint le catalogue de Netflix ce vendredi.
- L’occasion de (re)voir Les Quatre cents coups, le premier long-métrage du réalisateur et film majeur de la Nouvelle vague, ou de découvrir le méconnu Fahrenheit 451.
Prêts pour un binge-watching (visionnage en rafale) de la saga Antoine Doinel ? Ce vendredi, douze longs-métrages de François Truffaut sont mis en ligne sur Netflix – hélas, il n’y a pas La nuit américaine. L’occasion de plonger dans la filmographie de l’un des réalisateurs français les plus célèbres à l’international. Si vous n’avez vu aucun de ses films, ou seulement un ou deux, voici nos suggestions pour savoir par lequel commencer – ou poursuivre – en fonction de votre humeur et de vos goûts.
- Le choix le plus évident : « Les Quatre cents coups »
Et si vous commenciez par le commencement ? Avec son premier long-métrage, Les Quatre cents coups, sorti en 1959 et Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, François Truffaut a signé l’une des œuvres les plus célèbres de la Nouvelle vague. Ce mouvement s’imposait comme une rupture avec ce que le réalisateur qualifiait quelques années plus tôt, lorsqu’il était critique aux Cahiers du cinéma, de « cinéma de papa ». Il y avait une volonté de faire des films différemment, avec davantage de liberté, en profitant des évolutions techniques – les caméras, gagnant en légèreté étaient plus faciles à manier.
Les Quatre cents coups, c’est aussi un héros : Antoine Doinel. Soit un double de François Truffaut qui a nourri le scénario de souvenirs d’enfance. Dans ce rôle, Jean-Pierre Léaud, 14 ans à l’époque, est une révélation. Sa fraîcheur, sa spontanéité et sa gouaille y sont beaucoup dans le charme de ce film qui suit un gamin parisien dans son quotidien, de ses contrariétés scolaires à ses flâneries dans la capitale. Vous pourrez ainsi enchaîner avec la suite de la « saga Doinel » en lançant Baisers volés, Domicile conjugal et L’amour en fuite. Autant de nouveaux rendez-vous avec ce cher Antoine pour le voir grandir.
- Le choix le plus « safe » : « Le dernier métro »
Après les quelque 4.2 millions d’entrées en salle des Quatre cents coups, Le dernier métro, sorti en 1980, est le plus gros succès au box-office de François Truffaut. Près de 3.4 millions de personnes ont payé leur ticket pour voir ce film se déroulant sous l’Occupation, en 1942. Marion Steiner dirige le Théâtre Montmartre à la place de son mari juif, Lucas Steiner, qui se cache dans les sous-sols. Elle le tient quotidiennement au courant de l’avancée de la pièce qui est en train de son monter et dans laquelle joue Bernard Granger, un comédien qui ne la laisse pas insensible.
Quel rapport avec le métro ? « En zone occupée, le couvre-feu vide les rues après onze heures du soir et, pour les Parisiens, il est terriblement important de ne pas rater le dernier métro. Parce qu’ils ont froid chez eux, les Parisiens se pressent chaque soir dans les salles de spectacle », informe le carton au début du film qui est considéré comme le plus académique de son auteur. Avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu en têtes d’affiche, Le Dernier métro a reçu dix César – un record – dont ceux des meilleurs film, réalisateur, acteur, actrice et scénario. Une validation qui en fait le choix le moins risqué pour entrer dans la filmographie truffaldienne.
- Le choix de l’audace (ou du fan de science-fiction) : « Fahrenheit 451 »
Fahrenheit 451 est la curiosité de la filmographie de François Truffaut. Cette adaptation du roman du même titre de Ray Bradbury, tournée en partie aux studios de Pinewood (ceux des James Bond) à Londres, en langue anglaise, avec Julie Christie et Oskar Werner, est la seule incursion du réalisateur dans la science-fiction. "Truffaut a eu les pires difficultés à monter un film coûteux, qui nécessite une coproduction internationale. (…) Quatre ans d’attente, quatre scénaristes, une demi-douzaine de producteurs et une vingtaine d’acteurs pressentis : il aborde son film sans enthousiasme, lassé avant même de commencer, écrit Cyril Neyrat dans François Truffaut (éd. Cahiers du cinéma). Le long-métrage est pourtant loin d’être dénué d’intérêt. Cette dystopie imagine une société où les livres sont strictement interdits et systématiquement détruits dans les flammes par… les pompiers.
Le titre fait ainsi référence à la température, équivalent à 232.78 degrés Celsius, à laquelle le papier brûle, ou plutôt atteint son point d’auto-inflammation. S’il n’est pas le film le plus connu ni le plus célébré de son auteur, Fahrenheit 451 déploie une esthétique pleine de charme à laquelle le temps a donné une patine rétro, tout en célébrant en creux l’importance de la littérature dans nos vies.
- Le choix le plus mélo : « La femme d’à côté »
Bernard (Gérard Depardieu) vit avec son épouse Arlette près de Grenoble. Un jour, un couple, Philippe et Mathilde (Fanny Ardant), vient s’installer dans le voisinage. Une situation qui serait banale si Bernard et Mathilde n’avait pas eu une relation amoureuse sept ans plus tôt. Voici donc l’histoire d’un homme et d’une femme, mais sans « chabadabada » à la Claude Lelouch, plutôt celle d’une passion destructrice résumée par la réplique devenue célèbre : « Ni avec toi, ni sans toi ».
Si La femme d’à côté n’est pas l’oeuvre la plus subtile de François Truffaut, elle ne manque pas de séquences difficilement oubliables. Sans parler de son dénouement, on distinguera notamment le monologue d’ouverture de madame Jouve (Véronique Silver), narratrice à la voix restant cramponnée à nos mémoires, ou la réplique de Mathilde sur les chansons d’amour. « Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes. Qu’est-ce qu’elles disent ? « Ne me quitte pas », « Ton absence a brisé ma vie », ou « Je suis une maison vide sans toi ». Les chansons disent la vérité sur les sentiments, sur l’amour, en mettant l’accent sur la dimension mélodramatique. Elles expriment des choses essentielles avec des mots simples. C’est pourquoi elles me touchent tant » ». Une confession que l’on imagine sans mal prononcée par François Truffaut. Précision importante : La femme d’à côté n’est pas le film recommandé si l’on veut se remonter le moral.