MEMOIREPourquoi un Musée départemental de la Résistance lance un appel aux dons

Toulouse : Pourquoi le Musée départemental de la Résistance lance un « énorme » appel aux dons

MEMOIREA Toulouse, le musée départemental de la Résistance et de la Déportation compte sur les dons des rares survivants et de leurs descendants pour retisser une mémoire qui s’effiloche
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Entièrement réaménagé, le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, vient de rouvrir ses portes au public à Toulouse.
  • Ses collections renferment quelque 10.000 objets ou documents témoins d’une époque dont la mémoire vivante s’efface. Ils sont tous issus de dons, dont l’établissement a encore un criant besoin.
  • Le petit-fils du grand résistant François Verdier, dit « Forain », nous dit pourquoi il a franchi le pas.

Alors qu’il était dans un bus l’été dernier, Alain Verdier, le petit-fils de François Verdier, alias « Forain » et chef de la Résistance unifiée dans la région de Toulouse, a poussé la curiosité jusqu’à demander à ses jeunes compagnons de voyage ce que leur évoquait le nom de son aïeul. « Une station de métro », lui ont-ils répondu quasiment à l’unisson. « J’ai trouvé ça à la fois normal et triste », confie celui qui n’a connu son illustre grand-père d’abord qu’à travers « la légende familiale » puis les travaux des historiens.

En poussant un peu plus loin que la station François-Verdier et les allées éponymes, d’autres plus curieux pourront mieux cerner l’étoffe du résistant. Sur les allées des Demoiselles, dans le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation qui vient de rouvrir ses portes après 14 mois de travaux, ils tomberont sur son tout petit crayon à papier et sur son agenda. Des « reliques » que le résistant portait sur lui un jour de janvier 1944 quand la Gestapo l’a exécuté en forêt de Bouconne.

Valise d’espion et container à pigeons

Ces objets sont posés dans une vitrine, non loin d’une authentique valise d’espion ou de sinistres tenues de déportés. « Nous possédons 10.000 objets en tout qui proviennent tous de dons », souligne Jérôme Blachon, le responsable de ce lieu de mémoire appartenant au conseil départemental de la Haute-Garonne. L’archiviste a une tendresse particulière pour le « container à pigeon », comme ceux que Londres lançait par avions avec des volatiles bagués de messages secrets. Avec son équipe, il a aussi l’obsession de récolter le maximum de vestiges et de témoignages.

La valise d'espion du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne.
La valise d'espion du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne. - H. Menal - 20 Minutes

« Enfants cachés, déportés, résistants, nous avons encore une petite décennie pour recueillir la mémoire vivante qui peut favoriser la connaissance de cette période et c’est pour cela que nous enregistrons des témoignages vidéo, explique-t-il. Mais on lance aussi un énorme appel aux dons*, aux deuxièmes et troisièmes générations ».

Le risque de laisser des trésors s’abîmer

La troisième donc pour Alain Verdier. Il a franchi le pas l’année dernière, après que le musée l’a contacté. L’agenda, le crayon, les lettres et photos de famille, longtemps « précieusement » gardés par sa tante, dormaient dans un tiroir de son bureau. « Ces objets, témoins d’une époque où on laissait peu de traces, on les garde précieusement mais on les réserve finalement à notre propre curiosité, au risque de les laisser s’abîmer », souligne le donateur. La promesse d’une « conservation scientifique » l’a rassuré et conquis, le geste lui a même procuré « un immense plaisir ».

Alain Verdier veut maintenant faire des émules : « C’est quand même dommage de garder ces trésors au fond d’un grenier où des souris vont venir les grignoter alors qu’on peut le préserver dans des conditions idéales et, surtout le partager avec de nombreux autres ». Même un tout petit crayon peut en dire très long.

* Contact au 05 34 33 17 40 ou à [email protected]