Olivier Mimran
La réalité rejoint carrément la fiction avec la publication d’un manga écrit et dessiné par une machine, « à la manière de… ». Conçu et réalisé par une intelligence artificielle, Paidon (c’est son titre) est le fruit d’un an de collaboration entre Kioxa, un fabricant de puces électroniques, Tezuka Productions et des chercheurs en IA de l’Université Keio Satoshi Kurihara.
Bluffant de réalisme
Ces derniers ont d’abord fait « digérer » 65 œuvres d’Osamu Tezuka, des plus célèbres au plus confidentielles, à une intelligence artificielle. Laquelle s’en est inspiré pour produire un scénario qu’aurait pu écrire Tezuka, puis le dessiner comme l’aurait fait le créateur d’Astro. Le résultat, reconnaissons-le, semble bluffant de réalisme.
à droite, Makoto Tezuka présente « Paidon »/photo © Kyodo
Paidon a quand même bénéficié d’un apport humain puisque des artistes ont ajouté, çà et là, des détails, modifié des dialogues etc. Quant à son intrigue, le journal The Japan Times révèle qu’elle se déroule à Tokyo, en 2030, et que ses personnages principaux sont un philosophe détective (et sans domicile fixe) accompagné d’un robot oiseau.
Une menace pour la création ?
Le projet est à la fois flippant et exaltant, non ? Flippant parce que l’expérience ravive la crainte de voir la création artistique menacée de « remplacement ». Et exaltant parce qu’elle permet de ressusciter un auteur disparu de manière ponctuelle.
Enfin, ponctuelle… Flairant un succès assuré, l’éditeur du magazine japonais Morning, dans lequel est publié Paidon, a déjà déclaré qu’une suite était prévue. Et Makoto, le fils d’Osamu Tezuka, a donné son aval, estimant que « Paidon est un manga absolument conforme à l’univers de mon père ». Affaire à suivre, donc…