Hip-Hop : Meryl, la « topliner » aux rêves de caviar, sort sa première mixtape
MUSIQUE•La rappeuse sort la mixtape « Jour avant caviar »Clio Weickert
L'essentiel
- Après quelques premiers succès comme « Béni » ou « Ah Lala », Meryl se lance avec sa première mixtape « Jour avant caviar ».
- Originaire du Saint-Esprit en Martinique, la rappeuse a notamment fait ses armes en tant que « topliner » et se cache derrière de grands tubes du rap.
Meryl part à l’assaut du « rap jeu » français. Originaire du Saint-Esprit en Martinique, la rappeuse sort ce vendredi sa première mixtape intitulée Jour avant caviar. Une « carte de visite » avant l’album, précise l’artiste de 24 ans qui ne souhaite pas brûler les étapes. « On arrive sans prétention et il faut aussi marquer une évolution », estime-t-elle.
Si son nom est encore peu connu (mais mérite de l’être), il y a fort à parier que sa musique a déjà résonné dans votre tête. Pour cause, au-delà de quelques premiers gros tubes à son actif (Ah Lala notamment qui compte plus de 6 millions de vues sur YouTube), Meryl se cache derrière d’autres grands succès et de grands noms du rap hexagonal… Car avant de prendre son envol, l’artiste a fait ses armes en tant que « topliner ».
Un bain de cultures
A première vue, Meryl semble avoir un parcours relativement « classique ». Passionnée par la musique depuis qu’elle est toute petite – notamment grâce à son père qui l’incite à développer son oreille musicale –, la jeune femme se lance dans le rap à l’orée de l’âge adulte. Elle collabore notamment avec Specta, un rappeur de l’underground martiniquais, avec qui elle signe le titre Agression textuelle.
Elle se forge alors un univers très marqué rap, mais pas que. « Quand tu grandis aux Antilles, tu grandis avec le mouvement hip-hop, le compas, le zouk, la soca, le dancehall… Je n’écoutais pas forcément du rap tous les jours, mais j’étais baignée par plein de cultures différentes », explique-t-elle. C’est avec un rap énervé et entêtant, mêlant français et créole que la jeune femme trouve son public. Elle explose avec le titre Béni début 2019, et se produit sur plusieurs scènes de festivals d’outre-mer, en Martinique ou encore en Guadeloupe.
Une femme de l’ombre ?
Jusque-là, rien de très original, à un détail près. Après l’obtention de son bac, un passage à Montpellier, des études d’administration économique et sociale puis dans l’immobilier, Meryl décide de mettre son talent au service des autres. Elle se lance alors en tant que parolière et « topliner ». Topliner ? « Structurer une mélodie de manière à ce que le son soit optimisé, accessible au maximum, explique-t-elle. En général on appelle les topliners quand on recherche des bangers ou des sons qui touchent un peu tout le monde. » En d’autres termes, donner naissance à des gros tubes qui restent bien dans la tête. C’est le cas de Niska et de son titre Du lundi au lundi, qu’elle compose avec le beatmaker Pyroman. Elle se cache aussi derrière Le code de SCH, Ninja de Soprano ou Liquide de la rappeuse Shay.
Une femme de l’ombre ? « On n’est pas des ghostwriters, on n’est pas là pour être cachés. C’est un métier et on est crédité. L’artiste est déjà un topliner, il chante, il écrit ses textes, faire appel à d’autres c’est juste pour optimiser les chances d’être bankable », ajoute-t-elle. Et c’est désormais l’objectif que Meryl vise pour elle-même : « Le côté topliner était une porte pour rentrer dans l’industrie. J’ai saisi les opportunités qui se sont présentées à moi et voilà ».
Une mixtape qui ne manque pas d’ambition
Voici donc la mixtape Jour avant caviar, son premier projet solo derrière lequel on retrouve ses comparses Le Motif (auteur/réalisateur) ou encore Pyroman et Junior Alaprod. « Le gratin des beatmakers en France en ce moment », se réjouit-elle. Un projet « sans prétention » mais qui ne manque pas d’ambition : « Le caviar c’est l’aliment d’une certaine classe dans la société, et quand tu n’es pas dans cette classe-là, tu en rêves. Je ne sais pas quel goût ça a mais le jour où ce sera le cas, je pourrai dire si c’est bien ou si c’était mieux avant ». Des désirs de caviar qui accompagnent des rêves de fortune, une thématique très présente dans ses textes. « Comme toute personne qui vit dans des milieux modestes, à la limite de la précarité et qui en a marre, répond-elle à cela. On n’est pas fait pour vivre comme ça, pour survivre. Oui je rêve d’avoir de l’argent, beaucoup d’argent. Mais c’est comme le caviar, je ne sais pas ce que ça apporte vraiment. Je veux être riche, mais je ne sais pas ce que je vais devenir avec ça, et c’est ça qui fait un peu peur ».
En attendant, elle profite de sa notoriété grandissante pour donner un coup de pouce à d’autres, comme lors de sa semaine Planète Rap sur Skyrock, où elle a invité des artistes comme Jahyanai, Bamby ou Tiitof : « Je voulais avoir ces invités, et personne d’autre. J’ai invité tout le gratin de ce qui se fait chez moi, en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Haïti… Là-bas on n’est pas forcément reconnus, les médias ne veulent pas forcément jouer le jeu donc j’en ai profité pour changer les mentalités. Au départ j’avoue que je l’ai fait naturellement mais ça a pris une telle ampleur… Moi ça me paraissait normal de le faire. »
Tout comme le caviar, le succès ne saurait tarder pour Meryl, ainsi qu’un premier album prévu dans l’année, et des dates de concerts courant printemps.