Gérardmer 2020: Le grand prix (et trois autres trophées) pour «Saint Maud»
CINEMA•Le jury du 27e Festival du film fantastique de Gérardmer a rendu son verdict dimanche soirFabien Randanne
De notre envoyé spécial à Gérardmer (Vosges)
Saint Maud, premier film de la Britannique Rose Glass, a fait sensation dès sa première projection, vendredi matin, à Gérardmer. Ce n’est donc pas une surprise si le jury présidé par Asia Argento lui a décerné ce dimanche soir le Grand prix de la 27e édition du Festival du film fantastique. Preuve de l’unanimité avec laquelle il a été accueilli, il a aussi reçu les prix de la critique, du jury jeunes, ainsi que celui de la meilleure musique originale.
Le Prix du jury a quant à lui été décerné à Howling Village de Takashi Shimizu. 1BR : The Apartment de David Marmor repart avec le Prix du public.
Le jury courts-métrages, présidé par le réalisateur Benoît Forgeard, a de son côté primé Dibbuk de Dayan D. Oualid.
Si le cru 2019 avait été plutôt décevant – la potacherie avec des marionnettes nazies Puppet Master : The Littlest Reich était repartie avec un Grand prix bien généreux –, l’édition 2020 a su redresser la barre.
Les huis clos en force
La tendance, parmi les dix longs-métrages en compétition cette année, était au huis clos. Que ce soit en mer avec le film de contagion Sea Fever ou dans des maisons, avec The Room et sa pièce miraculeuse à double tranchant, le cauchemar pavillonnaire de Vivarium, la terrifiante veillée funèbre de The Vigil ou 1BR : The Apartment peuplé de résidents à la bienveillance douteuse.
On pourrait ajouter à la liste les huis clos à ciel ouvert, formulation paradoxale pour évoquer ces films où des groupes d’habitants se replient sur eux-mêmes. A savoir Répertoire des villes disparues qui, via sa description d’une bourgade québecoise engourdie par la neige et le deuil, évoque la désertification des campagnes et l’isolement rural ou bien encore Blood Quantum se déroulant dans une réserve micmaque tentant de résister à une attaque de blancs zombifiés.
Parmi toutes ces intrigues en espaces contenus, Saint Maud ne pouvait que se distinguer. Le premier film de la Britannique Rose Glass met en scène une infirmière à domicile (incarnée par la formidable Morfydd Clark) convaincue de recevoir des messages de Dieu. Une crise mystique, narrée du point de vue de son héroïne, se déroulant tel un calvaire parcouru de fulgurances horrifiques. A Gérardmer, tout le monde lui a dit amen sans se faire prier.