Avec son aventure interactive « Swipe Night », Tinder joue à « Bander-match »
REPORTAGE•Aux Etats-Unis, l’appli de dating expérimente en octobre une aventure apocalyptique hebdomadaire à destination de la génération NetflixL'essentiel
- Chaque dimanche d’octobre, les utilisateurs américains de Tinder peuvent, entre 18h et minuit, participer à une « aventure dont vous êtes le héros ».
- L’appli « match » ensuite ceux qui ont fait des choix similaires – ou parfois opposés – en attendant la fin du monde.
- Swipe Night devrait arriver en Europe en 2020.
De notre correspondant à Los Angeles,
Dans l’ascenseur des bureaux de Tinder, sur Sunset Boulevard, la lumière rouge et la sirène donnent le ton : la fin du monde approche. Et quoi de mieux pour attendre l’apocalypse qu’une house party chez Molly pour admirer la comète qui va percuter la Terre dans quelques heures. En pleine bousculade, le premier choix impossible arrive : sauver le chiot ou la fille. 5, 4, 3 – pas le temps de réfléchir – 2, 1… Sorry Alexis, #TeamPuppy jusqu’au bout. Non, on n’est pas dans l’épisode Bandersnatch de Black Mirror mais dans Swipe Night, une mini-série interactive de Tinder.
Chaque dimanche d’octobre, les utilisateurs américains peuvent, entre 18h et minuit, participer à cette « aventure dont vous êtes le héros » de 5 minutes. Dans la foulée, Tinder leur présente des membres ayant fait des choix similaires – ou parfois opposés. « C’est un peu comme rencontrer quelqu’un à un festival, on a une connexion immédiate. Vivre une expérience commune peut aider à briser la glace », assure Elie Seidman, directeur général du groupe. Swipe Night devrait arriver en Europe en 2020, mais la liste des pays concernés n’est pour l’instant pas établie.
Par la génération Z, pour la génération Z
Pour cet Armageddon relationnel, Tinder a sorti les gros moyens. La filiale du groupe IAC a recruté Karena Evans, 23 ans, réalisatrice de clips pour Drake, et une scénariste de la série animée Big Bouth. Swipe Night a été pensé pour la génération Z (18-24 ans), avec un format vertical qui fonctionne parfaitement pour une aventure en vue subjective. Selon des statistiques affichées en temps réel, deux tiers des participants appartenaient d’ailleurs à la génération Z, et un tiers était des millenials (génération Y) ou plus vieux.
L’expérience débouchera-t-elle sur des matchs plus intéressants entre membres ? Cela reste à prouver. « Face à ces dilemmes moraux, on se révèle », assure le coscénariste Brandon Zuck. Il n’exclut pas qu’un utilisateur choisisse « la réponse cool » ou à l’opposé de ce qu’il ferait « IRL » (in real life, « dans le monde réel »), mais le temps limité est censé garantir une certaine spontanéité.
Le débat se poursuit sur Twitter
Alors que les générations Y et Z ont signé l’arrêt de mort de la télévision en prime time, Tinder fait le pari osé d’un rendez-vous hebdomadaire éphémère, jouant sur la toute-puissante « FOMO » (Fear of missing out, soit la « peur de passer à côté »). Mais si l’aventure démarre le dimanche soir sur Tinder, le débat se poursuit sur Twitter.
« Je suis désolé, mais tous ceux qui ont protégé ce mec qui a trompé (sa copine) vont à gauche », écrit@NotAnn94, en référence à la direction du balayage qui veut dire « non ». Selon l’entreprise, 57 % des personnes ont choisi de dire la vérité et 43 % ont protégé leur ami. Attention, à la différence de Bandersnatch, le choix est définitif. Chacun devra vivre avec les conséquences de ses actes (virtuels) dans l’épisode suivant. Dans la série, mais aussi sur Tinder.