VIDEO. Arles: Une exposition pour célébrer les 60 ans du célèbre label de musique Motown
RENCONTRES D'ARLES•L'histoire du célébre label de musique originaire de Detroit, Motown, est retracée dans une exposition photo dans le cadre des rencontres de la photographie d'ArlesAdrien Max
Une plongée dans l’histoire de la musique noire africaine. Le célèbre label de musique Motown est mis à l’honneur dans une exposition dans le cadre des rencontres de la photographie d’Arles : Dancing in the streets, à la fondation Manuel Rivera-Ortiz. Une exposition pour célébrer les 60 ans du label originaire de Detroit qui a enfanté les plus grandes stars américaines, comme Marvin Gaye, Stevie Wonder, ou les Jackson 5.
L’exposition a été rendue possible grâce à Universal, désormais propriétaire du label Motown. « Ça a été un travail d’un an pour récupérer tout un tas de photos. Il a fallu tout trier parce que les images ne sont pas le support de travail d’Universal. A la base j’y connaissais rien sur la Motown, mais j’ai été aidé de Madj, d’Assassins, un fin connaisseur du label, et ça a été très enrichissant » témoigne Nicolas Havette, co-commissaire de l’expo.
Des débuts liés à la fin de l’esclavagisme
Des débuts de l’aventure qui puise son origine dans la fin de l’esclavagisme. « Cette période correspond au début du fordisme, avec un énorme besoin de main-d’œuvre. Beaucoup de noirs américains ont migré vers les villes du Nord, et principalement Détroit », relate Nicolas, commissaire de l’exposition.
C’est le cas de Berry Gordy Jr, le fondateur du label Motown, initialement appelé Tamla. « Il a travaillé quelques mois dans l’industrie automobile. Après avoir ouvert un magasin de disque de jazz qui n’a pas bien marché, il fonde son label avec 800 dollars. Il comprend tout de suite que les gens ne veulent plus de jazz, mais que la soul va passer dans la catégorie pop music », explique Nicolas.
Il signe rapidement des noms qui deviendront d’immenses stars comme Stevie Wonder ou Marvin Gaye, et applique ensuite à son label les mêmes ingrédients que le fordisme. « C’était un vrai businessman qui est passé de la musique artisanale à la musique industrielle. Ils se réunissaient tous les vendredis Berry Gordy donnait telle ou telle chanson qu’il écrivait à tel ou tel artiste. Jusqu’en 66, seul son nom apparaît sur les vinyles du label », avance le commissaire
Anecdotes d’Adam White
Mais en interne, Berry Gordy crée une vraie famille, dont tous les membres se réunissent les dimanches après-midi. Autant d’anecdotes contées par Adam White, qui a suivi la Motown aux USA et en Angleterre, à travers des podcasts le long de l’exposition. « Quand il a vu l’expo, il a fait un grand "Wahou, c’est un travail qui n’a jamais été fait sur la Motown", on était super heureux », confie Nicolas.
Dès les années 60, les plus grands noms, bien conscients de leur talent et de leur réussite, veulent aussi se faire entendre. « Little Stevie a désormais la majorité et il dit clairement à Berry Gordy que s’il ne fait pas ce qu’il veut, il se barre. Après une année de dépression après le décès de sa compagne, Marvin Gaye revient avec l’album What’s Going On. Là aussi il dit à Berry que c’est ce en quoi il croit et même si le boss n’est pas emballé au départ, il accepte. What’s Going On deviendra l’album le plus vendu de l’histoire », sourit Nicolas.
Les succès européens de leur tournée sont également relatés dans l’exposition avec la Une du magazine sur lequel on peut y lire « What the Beattles learned from the negroes ». Le début du combat pour les droits civiques occupe une jolie place, avec cette photo de Berry Gordy qui donne au révérend Martin Luther King le vinyle sur lequel le boss du label a enregistré son discours.
Longue vie à Dancing in the streets
Une aventure qui durera jusqu’à la mort de Marvin Gaye dans les années 80 et le rachat de la Motown par Universal. Nicolas Havette espère une longue vie pour l’exposition, elle devrait être présentée à Paris cet hiver, et il est en pourparlers pour l’exposer lors des prochains Jeux Olympiques de Tokyo.
N’hésitez pas à pousser jusqu’au deuxième étage de la fondation… Une superbe exposition de photo contant le conflit ukrainien, réalisé par David Dénil. Let us not Fall Asleep While Walking a d’ailleurs été sélectionnée par le New York Times comme l’une des expositions à ne pas rater de ces rencontres de la photographie d’Arles.