Laurent Vallet: «L’INA a un lien particulier avec la musique électro»
Interview•Laurent Vallet, président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), explique la démarche qui a conduit à l’organisation d’Inasound, un festival électro qui se tient les 20 et 21 avril prochains au palais Brongniart à ParisT.W. et R.G.
L'essentiel
- Le festival de musique électro Inasound, dont « 20 Minutes » est partenaire, se tient les 20 et 21 avril prochains au palais Brongniart à Paris.
- Ce festival est organisé par l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
- Le président de l’INA, Laurent Vallet, explique à « 20 Minutes » la démarche du festival Inasound.
Voilà qui est inattendu. Les 20 et 21 avril prochains, l’Institut national de l'audiovisuel (INA), la mémoire de la télévision française, investit le Palais Brongniart avec Inasound, un festival… musical consacré à l’électro passée, présente et future, et dont 20 Minutes est partenaire. Loin d’être contre-nature selon Laurent Vallet, aux manettes de l’INA depuis 2015, l’événement est conçu comme une vitrine de ses savoir-faire, souvent ramenés aux archives TV. Un enjeu d’image, en quelque sorte.
Pour assister au festival Inasound
C’est assez étrange de la part de l’INA, de lancer un festival musical…
Oui et non. L’idée derrière Inasound, n’est pas d’ajouter un festival d’électro à ceux qui existent déjà, mais de capitaliser sur notre histoire. L’INA a un lien particulier avec la musique électro puisqu’elle accueille, et ce depuis sa création en 1975, le GRM, le Groupe de recherches musicales.
Comment ça ?
Avec cette première édition, il y a d’abord l’envie de faire le pont entre ceux qui furent les pionniers de la musique électroacoustique et électronique [entre autres innovations, on doit notamment au GRM le sampling et l’insertion de sons de la nature ou de la ville dans les morceaux de musique], pères de la french touch, et la musique actuelle. Il y aura des concerts d’un côté, de l’autre des masterclass d’artistes de référence comme Jean-Michel Jarre, qui a accepté d’être notre parrain [en plus d’être président d’honneur de l’INA-GRM depuis 2018]. Pour boucler cette boucle présent-passé-avenir, on va faire un Hackathon et demander à des jeunes talents de l’électro de composer sur place avec les GRM tools, la suite de logiciels créée par le GRM. De grands musiciens, à l’instar d'Air, connaissent bien ces outils.
Quels sont les autres enjeux pour vous et l’INA, avec ce projet ?
Effectivement, Inasound fait écho à un projet plus grand. Pour nous, c’est un peu plus qu’un festival. L’événement doit être l’occasion de valoriser et de présenter au public la diversité des métiers de l’INA. Nos savoir-faire portent aussi bien sur la production, la formation, l’archivage, que sur la création sonore et audiovisuelle. C’est pourquoi les visiteurs de l’Inasound pourront assister à des DJ sets évidemment, mais aussi à des démonstrations de spatialisation du son, des détournements de nos images d’archives… Le site de l’INA reprendra d’ailleurs ce principe en 2020, puisqu’il deviendra en quelque sorte un hub où les usagers auront accès à tous les services que nous proposons. Dès le départ, Inasound a été conçu comme le miroir de notre institut et des transformations qu’il traverse en ce moment.
Est-ce que l’objectif n’est pas aussi de moderniser l’image de l’INA et de rajeunir votre public ?
Il y a de ça, mais on connaît bien les jeunes. Notre école, l’INAsup, forme aux métiers de l’audiovisuel, du BTS au Master. On ne s’est pas réveillé un matin en se disant « il faut qu’on s’adresse aux jeunes avec un festival electro ». Ces dernières années, on a considérablement revu notre façon de monter nos contenus vidéo et de les valoriser sur les réseaux sociaux ( Ina.fr compte aujourd’hui 1,4 million de fans Facebook). Notre approche éditoriale n’est plus du tout nostalgique en mode « voilà comment c’était il y a 50 ans », au contraire. Et les audiences suivent : les vidéos Ina.fr cumulent 510 millions de vues en 2018, toutes plateformes confondues. Après, Inasound nous offre l’opportunité de partager un moment privilégié avec une communauté de 15 à 35 ans, tout ça dans un lieu assez original. Pour nos amis du Palais Brongniart, accueillir une expérience électro globale comme la nôtre est aussi une première.
Si l’on ne doit retenir qu’une chose d’Inasound, qu’est-ce qui est le plus important pour vous ?
Pour nous, il est primordial que les amateurs de musique électro passent un bon moment. Mais s’ils sortent de l’événement en disant « Je ne savais pas que l’INA faisait tout ça », ce sera une satisfaction supplémentaire, c’est sûr.