PORTRAITLe «tour de force» de Frédéric Paulin, lauréat du Prix Quais du Polar

Le «tour de force» de Frédéric Paulin, lauréat du Prix Quais du Polar-«20 Minutes»

PORTRAITLe Rennais a écrit durant 10 ans des « polars plus conventionnels », dans une certaine « indifférence » avant de remporter le prix des lecteurs Quais du Polar - « 20 Minutes »

L'essentiel

  • L’écrivain rennais Frédéric Paulin recevra vendredi soir le prix des lecteurs Quais du Polar - 20 Minutes.
  • Cet ancien prof d’histoire a écrit durant 10 ans des « polars plus conventionnels » et rédigé de nombreux romans de gare sous différents pseudonymes.
  • Il signe cette fois un triptyque sur la naissance du djihadisme.

Des yeux clairs, un crâne chauve, des tatouages aux avant-bras. Une imposante stature athlétique. Frédéric Paulin, 47 ans, à l’allure de garde du corps, ne passe pas inaperçu. Ne vous fiez pas aux apparences, l’homme préfère de loin son stylo et son ordinateur aux rings de boxe.

Il y a encore peu, cet ancien prof d’histoire écrivait dans l'« indifférence » des « polars plus conventionnels ». Mais un jour, le Rennais a eu la bonne idée d’imaginer un triptyque sur la naissance du djihadisme. Le concept a séduit la jeune maison d’édition Agullo, qui est allée le chercher pour signer là son premier auteur français. Un pari gagné. Le premier volet La guerre est une ruse, publié au mois de septembre, s’est déjà vendu à 10.000 exemplaires et recevra vendredi soir à Lyon le prix des lecteurs Quais du Polar- « 20 Minutes ».

Des romans de gare sous différents pseudos

Lui peine encore à réaliser. « Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais en train de faire des courses en famille au supermarché. J’ai levé les bras en l’air… et je n’ai plus rien géré », dit-il en rigolant. Pendant une dizaine d’années, Frédéric Paulin, 47 ans, a publié autant de livres sous son vrai nom et une flopée de « romans de gare » sous différents pseudonymes afin de « mettre du beurre dans les épinards ».

Sa source d’inspiration, il la puise en général dans « l’actualité ». Les attentats de Paris en 2015 ont été un déclencheur. L’envie d’expliquer, de comprendre « ce qui se passe dans la tête de ces gamins se faisant exploser ou tirant sur la foule » sans pour autant « glorifier leurs actions ». Dans ses placards : des archives de journaux qu’il conserve précieusement. « Je lis beaucoup la presse. J’ai parfois des piles d’articles, qui datent de 20 ans », sourit-il. Si l’écrivain aime amener de la fiction dans ses romans, il se base néanmoins sur un solide travail de documentation, effectue des recherches poussées sur internet, dévore les livres, recoupe les documents qu’il a glanés. Une quête du détail et de la vérité.

« Je suis dans le roman, pas dans le journalisme »

Le premier tome du triptyque se déroule en Algérie, un pays dans lequel il n’a « pourtant jamais mis les pieds ». « Je ne sais pas si c’est mon rôle d’aller sur place et d’interviewer les gens. Je suis dans le roman, pas dans le documentaire, ni le journalisme », répond-il. « Frédéric Paulin a cette capacité de s’emparer de faits réels pour en faire de la fiction. Il parvient à avoir cette distance suffisante tout en montrant ce que l’on ne voit pas toujours », observe Estelle Flory, son éditrice.

« Sa force est aussi d’arriver à faire passer des sentiments par ses personnages. Il a une certaine tendresse pour eux. Dans ses histoires, les petites gens font autant partie du récit que ceux qui tirent les ficelles », observe Nadège Agullo. Ses personnages relèvent plus de l’anti-héros, comme l’espion Tedj Benlazar, bien du cliché des James Bond ou Jason Bourne. « On ne tombe jamais dans le côté viriliste ou macho de la profession. Les femmes ont également une présence très forte, elles ne sont pas des faire-valoir », enchaîne Estelle Flory.

Frédéric Paulin est passé du côté de l’écriture, grâce aux encouragements de sa compagne. « C’est ma première lectrice. Elle m’a suggéré de faire ça sérieusement sous peine de passer à côté de quelque chose ». Depuis, l’écriture l’a « apaisé ». « Elle a calmé mes angoisses ». La méditation aussi. Désormais, ce père de deux enfants s’est mis au taï-chi : une heure par jour, et ne mange plus que des plats végétariens.