Tomorrowland: «Le plus gros événement jamais organisé en station»… 25.000 fans d’électro déboulent à l’Alpe d’Huez
MUSIQUES ELECTONIQUES•25.000 festivaliers arrivent à partir de samedi à l’Alpe d’Huez, qui sera privatisée pendant une semaine dans le cadre du premier Tomorrowland WinterJérémy Laugier
L'essentiel
- L’Alpe d’Huez attend du 9 au 16 mars 25.000 festivaliers venus du monde entier pour assister au premier Tomorrowland Winter.
- La première édition en France du festival de musiques électroniques belge crée un immense engouement depuis un an, avec 36.000 personnes sur liste d’attente.
- La station iséroise savoure les effets de cette notoriété en hausse, bien au-delà de cette semaine de folie qui s’annonce avec le « People of Tomorrow ».
Evitez de vous programmer une session ski à l’Alpe d’Huez sur l’une de vos journées de RTT du 9 au 16 mars. La station iséroise sera en effet prise d’assaut, et carrément privatisée, par 25.000 festivaliers de Tomorrowland. Les premiers sons de DJ vont retentir à 10 heures samedi, dans le cadre de ce rendez-vous de musiques électroniques le plus célèbre au monde, basé à Boom (Belgique) depuis 2005. Celui-ci s’offre trois grandes premières, à savoir une version en hiver, à la montagne et en France.
S’ils ne sont quand même pas partis en moins d’une heure comme les 400.000 tickets de la dernière édition estivale, les 25.000 sésames ont vite été arrachés par les accros à l’électro, à en croire les 36.000 personnes actuellement sur liste d’attente. Tout ce beau monde vient de 94 pays différents, dont environ un tiers de Belges, un peu mieux représentés que les Français. Le « People of Tomorrow » arrive samedi ou mardi prochain, les principales soirées étant programmées du mercredi 13 au vendredi 15 mars dans le Grand domaine ski.
Une « mainstage » colossale de 22 mètres de haut
Il y aura au total une centaine de DJ (dont Martin Solveig, DJ Snake et Kungs), huit scènes, dont l’une située au Pic blanc, à plus de 3.300 m d’altitude, ainsi que la mainstage toute en démesure (65 m de long sur 22 m de haut). Décors majestueux, feux d’artifice, la folie Tomorrowland va bien s’emparer des Alpes pour la première fois. « Rien que les installations, c’est un spectacle en soi, souligne François Badjily, directeur de l’office de tourisme de l’Alpe d’Huez. Il a fallu un mois pour tout installer, c’est gigantesque. »
aQuel sera donc l’impact sur la fréquentation de la station pour cette première semaine post-vacances ? « Le remplissage est identique à nos habitudes à pareille période mais on a ici affaire à une clientèle ayant un pouvoir d’achat nettement supérieur », constate aisément François Badjily. Et pour cause, en plus du pass 4 jours (forfait de ski et accès aux concerts) à 450 euros ou du pass 7 jours à 550 euros, les festivaliers ont été obligés de réserver en même temps leur logement via un tour-opérateur dédié.
« Une cinquième semaine de février »
« Nos 54 chambres vont de 300 [pour deux] à 1.000 euros [pour cinq] la nuitée et étaient bloquées pour les festivaliers, indique notamment Céline Cayot, directrice de l’hôtel 4 étoiles Grandes Rousses. Il s’agit de notre grille tarifaire de haute saison. On va dire que cela nous fait une cinquième semaine de février, le tout en accueillant une nouvelle clientèle internationale et moins habituée à des vacances au ski. C’est la toute première fois qu’on reçoit des touristes venant de Colombie, d’Australie ou du Zimbabwe. »
En provenance de Tempa (Etats-Unis), Mike Hammonds (40 ans) va par exemple découvrir les Alpes avec deux amis à partir de samedi : « D’habitude, nous nous organisons pour aller au festival Coachella [en avril en Californie] mais cette première version à la montagne de Tomorrowland nous a plus que motivés, d’autant que le budget est à peu près le même pour nous ».
« Ils ne viennent pas là pour se mettre la tête à l’envers ou tout casser »
A savoir une coquette somme de 5.000 dollars par personne rien que pour le vol, les pass et l’hébergement pour cet ingénieur en informatique floridien et ses potes. « Quand on vient exprès de Nouvelle Zélande ou des Etats-Unis, on n’est pas à quelques centaines d’euros près et on ne va pas cuisiner des spaghettis dans son studio », sourit François Badjily. Ça tombe bien, l’Alpe d’Huez, qui s’est engagée pour cinq éditions hivernales consécutives de Tomorrowland Winter, et qui bénéficie d’une subvention colossale de 400.000 euros de la part de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, va recevoir trois chefs français étoilés pour renforcer les restaurants du festival.
Face à un public à la moyenne d’âge au-dessus de 30 ans et en présence de 1.170 personnes de l’organisation, les locaux ne redoutent pas vraiment des débordements durant cette semaine de festival. « Quand on reçoit 2.000 étudiants anglais sur une semaine en janvier, on est préparé à gérer pareil événement, confie François Badjily. Les habitués de Tomorrowland ne viennent pas là pour se mettre la tête à l’envers ou tout casser. » Les concerts en extérieur sont tous programmés entre 16 et 22 heures, seul le « Garden of madness » pouvant permettre à 9.000 personnes de prolonger la fêter jusqu’à 2 heures.
« Une notoriété comparable au Tour de France »
Car la plupart des festivaliers sont aussi déterminés à profiter des pistes en journée. « C’est amusant de constater que de nombreux Belges habitués à aller skier en Autriche ont changé leurs plans pour se rendre à l’Alpe d’Huez en raison de la programmation du festival ici, souligne Debby Wilmsen, coordinatrice de Tomorrowland. De même, des Colombiens, Brésiliens ou Chinois nous ont demandé s’il était possible de prendre des cours car ils vont skier pour la première fois de leur vie. » Autant d’éléments poussant Céline Cayot à aborder cette première édition « de manière assez sereine ».
La directrice des Grandes Rousses garde d’ailleurs un bon souvenir de son expérience au Tomorrowland 2017 en Belgique : « J’avais trouvé cet événement bon enfant, sans la moindre agressivité. Et tout le monde est conscient ici que ça dynamise notre station. Nous sommes regardés autrement sur les salons depuis que la venue de Tomorrowland est programmée. Ça nous apporte une notoriété comparable au Tour de France ». Selon François Badjily, il s’agit tout simplement « du plus gros événement jamais organisé en station en France ». « Nous nous retrouvons par exemple programmés depuis un an par des tour-opérateurs basés en Israël ou en Chine », constate-t-il. L’Alpe d’Huez va donc pouvoir surfer pendant au moins cinq ans sur cet électrisant phénomène Tomorrowland.