Les Guns N'Roses préparent un album: Pourquoi les groupes de hard rock durent-ils autant?
HARD ROCK IS NOT DEAD•Le guitariste des Guns N' Roses Slash a confirmé que le groupe prépare de nouvelles chansonsEmilie Cochaud
L'essentiel
- Trente-trois ans après leurs débuts, les Guns’N Roses préparent un nouvel album.
- De nombreux groupes de hard rock des années 1980 sont encore en activité aujourd’hui.
- Leur longévité s’explique par la fidélité des fans et l’arrivée de nouveaux auditeurs grâce à des festivals.
Ils ne veulent pas lever le pied (de la pédale de distorsion). Dans une récente interview donnée à la chaîne japonaise TVK, Slash, l’emblématique guitariste à haut-de-forme des Guns N’Roses a confirmé qu’il planchait sur un nouvel album avec ses frères d’armes, le chanteur Axl Rose et le bassiste Duff McKagan. « Le dernier album des Guns N’Roses, sorti en 2008, Chinese Democracy, s’était fait sans Slash, rappelle Damien Renard, animateur sur Radio Metal. La réunion des trois membres du groupe date d’il y a environ deux ans. »
Trente-trois ans après leurs débuts, les Guns continuent à électriser les salles. Ils viennent d’achever leur tournée mondiale « Not in this lifetime…» (« Pas dans cette vie… ») Une vie bien remplie, et qui ne semble pas près de s’arrêter. Alors, qu’est-ce qui continue à faire battre le cœur des hard-rockeurs ? Pourquoi ne rendent-ils pas leur tablier ?
Le public est toujours là
AC/DC, Aerosmith, Scorpions, Kiss, Deep Purple, The Who… Le hard rock a plus de cinquante ans et fait partie de l’imaginaire musical collectif. « Le hard rock c’est un mot qui fait peur, mais c’est devenu grand public », assure Samuel Degasne, auteur de la web-série Une chanson l’addition. « Il y a encore de la demande pour ces groupes. De Nostalgie à Rire et Chansons, des radios continuent à passer AC/DC. Il y a une sorte de consensus sur le hard rock. Alors qu’à ses débuts, dans les années 1970, on voyait ça comme un truc un peu satanique, avec des gens qui font des cornes avec les doigts ! Aujourd’hui, on entend même AC/DC dans les mariages, ça prouve bien que c’est entré dans les mœurs. »
Ce rock’n’roll énervé est certes passé de mode dans les médias grand public, mais il peut toujours compter sur des disciples ultrafidèles. « C’est un public de fans. Quand les gens suivent un groupe de hard rock, c’est pour la vie, il y a ce côté un peu geek », explique Damien Renard.
L’effet Hellfest
Aerosmith vient de raccrocher. Mais de Kiss à Deep Purple en passant par AC/DC, beaucoup sont encore en tournée et continuent à déchaîner les foules, à l’aube de leurs 70 ans. « Ça fait à peu près dix ans que Scorpions dit qu’ils vont arrêter, et ça fait dix ans qu’ils font une tournée du feu de Dieu ! », s’amuse Samuel Degasne.
Une longévité impressionnante certes, mais avec des carrières pas toujours linéaires. « Beaucoup de groupes de hard rock ont connu une période de vache maigre et ont périclité dans les années 1990 avant de se reformer il y a une dizaine d’années. Ils ont surfé sur un regain d’intérêt, décrypte Damien Renard. Notamment grâce à l’arrivée de nouveaux festivals d’été avec une musique festive et légère, qui donne envie de se poser au soleil et de boire des bières ».
Des festivals en plein air comme le Hellfest et Motocultor en France, Alcatraz en Belgique, ou Waken en Allemagne, où les enfants accompagnent les parents et renouvellent un peu la « fan base ». Une jeune génération, qui a par exemple redécouvert le hard rock grâce à la bande-son d'Iron Man 2, ajoute Samuel Degasne.
Le hard rock va-t-il mourir ?
Le hard est-il condamné à mourir en même temps que ses dieux du stade flamboyants ? Il y a bien de nouveaux groupes comme les Australiens d’Airbourne, les Britanniques de The Darkness, ou plus proches de nous, Ko Ko Mo, deux Nantais qui font autant de bruit que Led Zeppelin. Mais à quelques exceptions près, les jeunes représentants du hard rock se font discrets. « Aujourd’hui, on parle rarement de hard rock pour les nouveaux groupes. A l’époque, on faisait du hard rock et on n’en sortait pas. Aujourd’hui, c’est plutôt une influence, résume Samuel Degasne. Tout le monde leur a emprunté. » Le genre a irrigué toute la musique, jusqu’au rap. Walk this way d’Aerosmith a été remixé par Run-D.M.C, Eminem a samplé « Dream On » dans « Sing for the moment ».
« Le rock est moins puissant médiatiquement, mais il continue à remplir les salles, résume Samuel Degasne. Il a juste repris sa place initiale, dans les bars associatifs et les troquets. Il n’est pas mort, c’est juste qu’on n’en parle plus. Et comme la musique n’est qu’un cycle, il ne faut pas désespérer, ça peut revenir ! »