VIDEO. «Resident Evil 2»: Un remake de jeu vidéo, c'est comme un remake de film?
JEU VIDEO•Vingt et un ans après après sa sortie, «Resident Evil 2», classique du «survival horror», revient dans un remake qui doit ménager les fans nostalgiques, les nouvelles générations et les zombies...Vincent Jule
L'essentiel
- De nombreux « classiques » du jeu vidéo ont connu des remakes, c’est aujourd’hui le cas du jeu culte de 1998, Resident Evil 2.
- Les créateurs du remake ont souhaité s’adresser autant aux fans nostalgiques, en étant fidèle au jeu original, qu’aux nouveaux joueurs.
- Parmi les adaptations nécessaires, il a fallu aux créateurs faire preuve d’inventivité pour continuer à terroriser les joueurs de 2019, plus blasés que ceux de 1998.
De la multiplication des consoles mini à une bibliographie de plus en plus conséquente, le jeu vidéo écrit et revisite son Histoire avec un grand H, et cela passe par les jeux eux-mêmes. On ne compte plus le nombre de remastérisations et portages HD, des bons vieux jeux LucasArts à la claque Shadow of Colossus en passant par les trilogies Crash Bandicoot et Spyro. Certaines franchises cultes reviennent également sous la forme de reboots avec, sous le même titre, un jeu différent, à l’image de Prince of Persia, Doom ou le récent God of War, élu meilleur jeu de l’année aux Game Awards 2018. Et il y a les remakes comme Resident Evil 2, sorti vendredi, vingt et un ans après l’original.
Sacrilège !
Si les rééditions mettent à profit les dernières avancées technologiques pour mettre à jour graphismes, musiques, mécanismes, les remakes se veulent plus une réinvention. Tout pareil qu’un film de cinéma ? En 2018, les habitués des salles obscures ont pu découvrir la version restaurée de Suspiria de Dario Argento, puis le remake de Luca Guadagnino. Et ce dernier a divisé les cinéphiles. C’est toujours le cas pour les remakes de films, souvent accusés d’opportunisme et de sacrilège, plus rarement célébrés pour leur trahison nécessaire et leur vision d’auteur. Et dans le jeu vidéo ?
Respect !
Après le remake du premier Resident Evil en 2002, l’éditeur Capcom réfléchit dans la foulée à faire de même avec le second, encore aujourd’hui un épisode référence et le plus vendu sur une seule plate-forme, la PlayStation. Mais le créateur Shinji Mikami est occupé par Resident Evil 4, et il faut attendre plus de dix ans pour que le développement du remake soit annoncé officiellement. Pour le réalisateur Kazunori Kadoi et les producteurs Yoshiaki Hirabayashi et Tsuyoshi Kanda, il s’agit avant tout de « respecter, pour tous les fans, le contenu original », affirment-ils de concert dans le dossier de presse. Même histoire et mêmes personnages donc, avec Leon S. Kennedy et Claire Redfield, plongés dans l’enfer de Raccoon City, dévastée par le virus T. Un respect qui passe par la participation de plusieurs membres de l’équipe du premier Resident Evil 2 à l’élaboration du remake : « Leurs conseils ont été précieux pour honorer l’esprit du jeu original. »
Gameplay !
Mais si le jeu cultive son héritage, et se déroule d’ailleurs toujours dans les années 1990, il s’adresse autant aux gamers nostalgiques qu’aux nouvelles générations. « Il fallait faire en sorte que le titre plaise aussi aux joueurs qui n’ont pas connu le titre de 1998, expliquent les producteurs. Quant aux joueurs du jeu original, ils retrouveront l’univers et l’atmosphère tout en profitant de nouvelles scènes. » Il est ainsi possible d’incarner la fillette Sherry le temps d’un niveau inédit dans l’orphelinat.
Ces nouveautés participent à faire de ce Resident Evil 2 plus qu’une simple relecture, mais c’est son gameplay entièrement revu qui finit d’en faire un jeu à part entière. « Les attentes des joueurs d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que celles d’il y a vingt ans, raconte l’équipe. La vue caméra a changé de façon à limiter la vision du joueur qui peut ainsi être surpris au détour d’un couloir ou en entrant dans une pièce. La maniabilité a bien évidemment aussi été entièrement repensée. Nous avons tout recréé de A à Z. »
Zombies !
Ce que le premier Resident Evil 2 ne pouvait pas prévoir en 1998, c’est que la franchise compterait aujourd’hui plus de cent titres, tous formats confondus, et que les zombies seraient partout, dans les films, les séries et bien sûr les jeux. Resident Evil 7 avait été confronté à la même problématique, et avait tenté de retrouver le frisson originel grâce à la réalité virtuelle. « Les spectateurs et les joueurs sont habitués à croiser la route de ces créatures et il est désormais plus difficile de les terrifier en mettant en scène des zombies, constatent réalisateur et producteurs de Resident Evil 2. Mais nous voulions qu’ils fassent à nouveau peur ».
Ils ont ainsi beaucoup travaillé le look et le physique des infectés, « afin d’accentuer leur réalisme, leur présence » : « Quand le joueur tire sur un zombie, les dégâts sont localisés en temps réel avec précision. Vous pouvez seulement chercher à les ralentir en leur tirant dans les jambes ou bien tenter de leur faire perdre un ou deux bras de façon à ce qu’ils ne vous attrapent pas. » De quoi s’assurer quelques nuits blanches supplémentaires… Là derrière vous !