«Bandersnatch»: Coup de génie ou coup marketing... L'épisode interactif de «Black Mirror» divise
SERIE•Episode révolutionnaire ou coup de communication, les critiques ont donné leur avis sur le nouvel épisode de la série dystopique « Black Mirror »…Ophélia Pinto
Après de longues semaines d’attente et de rumeurs, l’épisode spécial de Black Mirror, intitulé Bandersnatch, est arrivé vendredi sur Netflix. Et depuis ce week-end, c’est l’effervescence sur les réseaux sociaux. Dans ce nouvel épisode interactif, on vous fait croire que vous êtes le héros en vous laissant choisir entre plusieurs narrations. Coup de génie ? L’épisode ne fait pourtant pas l’unanimité… Petit tour d’horizon des critiques.
Une expérience inédite
Depuis sa mise en ligne, les critiques fusent. Plusieurs médias ont tenu à souligner la prouesse technique réalisée par la plateforme en ligne. A l’image du site Ecran Large qui décrit l’épisode comme « une expérience hors du commun » ou encore L'Express qui parle d’un « concept relativement révolutionnaire ». Dans Bandersnatch, le spectateur sort de son rôle passif affalé sur son sofa, il doit faire des choix (il peut quand même les faire affalé) qui vont déterminer la suite des événements.
Quelques heures après la mise en ligne de l’épisode, un internaute a posté un schéma résumant tous les arcs narratifs possibles. L’internaute expose ainsi treize fins différentes, que l’on peut voir en rose, mis en ligne sur Reddit. Amusant et ludique, l’épisode peut vite devenir agaçant si on s’obstine à vouloir explorer toutes les possibilités selon Télérama. Innovante, la forme l’emporterait presque sur le fond.
C’est vous qui avez le contrôle… ou pas
Et si Netflix, régulièrement accusé de manipuler ses abonnés au travers de son célèbre algorithme de préconisation, avait décidé de nous laisser le contrôle ? Dans ce nouvel épisode situé en 1984, on découvre Stephan qui tente de finir l’écriture de Bandersnatch, jeu interactif inspiré par un roman dont l’auteur a fini par perdre la tête et tuer sa femme. Tout au long de l’épisode, c’est au spectateur de choisir à l’aide d’un clic droit ou gauche, le destin du personnage. Enfin en partie. Car en réalité certains choix mènent… nulle part.
Et après une scène ou deux, on nous fait comprendre qu’il faut retourner en arrière et essayer à nouveau. Si des choix permettant au spectateur d’influer sur la narration sont proposés, ils restent limités. Il est clair que la série donne l’illusion au spectateur d’avoir le pouvoir de choisir ce qu’il veut voir mais au final, on ne voit que ce que les scénaristes ont décidé de montrer. Tout cela ne serait-il pas un leurre ? De nombreux tweets vont dans ce sens.
aEn fin de compte, cet épisode ne serait-il pas une immense mascarade servant au géant Netflix ? Selon L'Express, cet épisode, selon ses fins, va créer des frustrations, des envies de regarder à nouveau pour explorer toutes les possibilités. Susciter l’envie de regarder encore et encore et donc de passer plus de temps sur la plateforme. Une aubaine pour Netflix.
Netflix is watching you
Frosties ou Sugar Puffs ? Une question qui semble anodine mais qui finalement ne l’est pas tant que ça révèle un article sur Vodkaster. Tout au long de l’épisode, le spectateur est confronté à une série de choix qui en dit long sur nous-même. Accepter ou refuser une offre d’emploi, défier ou craindre l’autorité, se suicider ou tuer. Derrière le côté ludique proposé par l’interactivité de l’épisode, Netflix récolte une mine de données personnelles sur les choix et préférences de ses abonnés. Que fera Netflix de ces données ? Seront-elles revendues à des fins commerciales ?
Rien ne semble arrêter Netflix dans sa course effrénée aux abonnés et nouveaux contenus. Tout en donnant à ses consommateurs l’illusion d’un contrôle, la plateforme recueille de plus en plus d’informations les concernant. Une liberté ironique résume Slate. Et si ce contrôle de la narration se faisait au détriment du contrôle de nos données personnelles ? Quand on sait que la plateforme envisage de développer le concept des épisodes interactifs dans les mois à venir, ne serait-il pas l’heure de questionner les limites d’une telle expérience ?