Angoulême: La Cité de la BD et de l'image veut créer des ponts avec Bordeaux
BANDE DESSINEE•Cette cité internationale qui possède un musée de la BD de premier plan, va développer un programme culturel avec Bordeaux dès 2019…Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Le directeur général de cet établissement veut attirer davantage de Bordelais, désormais à 35 minutes d’Angoulême grâce à la LGV.
- Plusieurs projets seront menés en 2019 avec des associations, des établissements culturels et des écoles de la métropole bordelaise.
- Créée en 1990, la cité de la BD et de l’image s’étend depuis 2008 sur trois sites et 12.000 m2.
Le secteur de la bande dessinée en France est florissant. En 2017, il s’est vendu 43 millions d’exemplaires dans le pays, contre 39 millions en 2016. La France est le deuxième marché du monde pour le manga, derrière le Japon. Et 90 % des moins de 14 ans lisent de la bande dessinée.
La cité internationale de la bande dessinée et de l'image, basée à Angoulême, récolte évidemment les fruits de ce dynamisme : « Nous attirons presque 200.000 personnes par an, un chiffre en nette progression [176.000 en 2016], se satisfait le directeur général de l’établissement, Pierre Lungheretti. Si on enlève l’aquarium de La Rochelle et le Futuroscope de Poitiers qui sont à part, cela nous met à la deuxième place des établissements culturels de Nouvelle-Aquitaine les plus fréquentés, derrière la Cité du Vin. »
« La Cité est un établissement unique en Europe »
La Cité de la BD pourrait se laisser porter doucement sur cette vague montante. Mais Pierre Lungheretti est persuadé que sa structure peut faire encore mieux que cela. « La proportion de Girondins qui visitent la Cité, entre 2 et 3 %, est vraiment trop faible, analyse-t-il. Avec la LGV, Bordeaux est maintenant à 35 minutes d’Angoulême. Donc, nous nous sommes dit qu’il fallait absolument tenter quelque chose, d’autant plus que la Cité est tout de même un établissement unique en Europe, avec le seul musée de la BD de France, et la deuxième collection patrimoniale du monde. »
Dans l’idée de renforcer ses liens avec Bordeaux, la Cité va ainsi développer trois projets en 2019. « Un premier grand projet se fera dans le cadre de la prochaine saison culturelle de Bordeaux, qui s'appellera Liberté ! Nous allons coproduire avec le CAPC-Musée d'art contemporain, une exposition sur le thème de la bande dessinée et de la figuration libre et narrative, en faisant dialoguer les collections des deux établissements, et celle d’une fondation suisse (Gandur). Cette expo se tiendra de juin 2019 à février 2020. »
Des ateliers avec des écoles et de la formation d’enseignants
Le deuxième projet, dans le cadre du programme Bordeaux 2050, s’étirera entre janvier et mars. « Ce sera un travail d’atelier avec trois auteurs en résidence, dans trois établissements scolaires de la métropole, pour faire réfléchir et dessiner les élèves sur leur vision de Bordeaux en 2050. »
Enfin, le troisième projet sera construit avec une association bordelaise, Passage à l'Art, « pour une formation des enseignants et des médiateurs de 70 établissements de la métropole bordelaise, autour de la bande dessinée, son histoire, ses codes, ses genres… On débutera dès le mois de janvier. »
Un musée qui propose 13.000 planches originales
Un vaste programme qui doit susciter la curiosité des Bordelais envers cet établissement. « La Cité de la BD, c’est tout d’abord un musée, avec ses 13.000 planches originales, et qui organise quatre expositions par an, rappelle Pierre Lungheretti. Nous possédons la première bibliothèque de bande dessinée de France, une maison des auteurs qui accueille en résidence une cinquantaine d’auteurs par an, une librairie, et un cinéma art et essai, articulé autour de l’image graphique, où on diffuse beaucoup de films adaptés de la bande dessinée, et où on réalise un gros travail autour du jeune public. Enfin, il y a une magnifique brasserie panoramique. En tout, c’est donc trois sites sur 12.000 m2. »
Nicolas Idier, chef du pôle développement de la Cité, insiste pour sa part sur la richesse des collaborations nationales et internationales. « Nous travaillons en partenariat pour monter nos expositions. Ainsi, celle sur Goscinny et le cinéma a été réalisée avec la Cinémathèque française. L’expo Nouvelle génération, la bande dessinée arabe aujourd’hui a été montée grâce à un mécène libanais et coproduite avec l' université américaine de Beyrouth. »
« On s’adresse à l’hyperspécialiste comme au novice »
L’objectif de l’établissement « est d’être une porte d’entrée pour tous les publics au neuvième art, et on s’adresse à l’hyperspécialiste comme au novice, que ce soit dans le musée ou lors de nos expositions », insiste le directeur général. « Nous proposons aussi une offre familles, avec un espace “mon petit musée” pour les enfants, ce qui leur permet de s’initier à la bande dessinée, d’avoir un certain nombre de jeux pour se familiariser avec l’histoire et les codes de la BD… »
Créée en 1990 tout d’abord dans une ancienne brasserie reconvertie par l’architecte Roland Castro, la cité s’est étendue en 2008. « Le musée a alors migré dans des chais sur des espaces beaucoup plus importants, avec également la librairie qui s’est déployée sur 350 m2. »
Les financeurs de l’établissement sont le ministère de la Culture, le conseil départemental de la Charente, la ville d’Angoulême, la région Nouvelle-Aquitaine et l’intercommunalité d’Angoulême, qui apportent en tout 5,5 millions d’euros par an.