Miss France: Nicolas Fafiotte, le couturier qui aime «rendre les femmes belles»
MODE•Le créateur lyonnais, qui a habillé les Miss pendant dix ans, ne manque jamais une occasion de remercier Sylvie Tellier, celle qui « a changé sa vie »…Caroline Girardon
L'essentiel
- Nicolas Fafiotte, couturier lyonnais a habillé pendant dix ans les cinq finalistes du concours Miss France.
- Cette année, il a confectionné deux robes pour Sylvie Tellier, l’amie qui a « changé sa vie ».
- Miss France sera désignée samedi à Lille.
«Peut-être que si j’avais rencontré un Pierre Bergé, j’aurais pu me développer comme Yves Saint-Laurent. » Nicolas Fafiotte s’en amuse. En réalité, il ne regrette rien et ne rêve pas de bâtir un empire. Le couturier, qui a confectionné les robes des cinq finalistes Miss France pendant dix ans, privilégie le calme de sa boutique, installée près de la place Bellecour à Lyon.
Fuyant les mondanités, le styliste affectionne les moments passés auprès de ses clientes. « Je suis plus un créateur qu’un patron. Et je préfère imaginer des robes plutôt que de signer des chèques ou faire des réunions », confesse-t-il humblement. « Raisonnable », Nicolas Fafiotte, 44 ans, n’envisage pas de s’implanter à Paris. Un choix qu’il assume. « Je ne saurais pas m’agrandir. Et je ne veux pas me disperser. La raison de mon métier est de faire des robes sur mesure. J’ai besoin de passer du temps avec les clientes, de faire les essayages avec elles », argumente-t-il, dissertant avec passion sur la mode.
Sylvie Tellier, « un tournant » dans sa vie
Les Miss France lui ont apporté « la notoriété ». Il le reconnaît. Mais il ne saurait dire si le concours lui a fait, au final, vendre plus de créations. Seule certitude : Sylvie Tellier, qui portera deux de ses robes samedi soir, a changé le cours de sa vie. Elle a constitué un « tournant », rappelle-t-il.
« Sans elle, je n’en serais sûrement pas là aujourd’hui. Si j’ai monté ma boîte, c’est grâce à elle. Elle m’a tellement poussé et encouragé à me lancer », avoue-t-il modestement. La rencontre a eu lieu en 2001. Un véritable coup de foudre amical. « On a eu un truc. J’avais l’impression de voir le sosie de Michelle Pfeiffer », rigole-t-il. Elle, fraîchement sacrée Miss Lyon, panique à l’idée de ne pas avoir de robe pour sa présentation devant le jury de présélection de Miss France. Lui, diplômé de l’école Esmod, vient de terminer sa formation. Il cherche du travail après avoir fait ses armes chez Max Chaoul puis Emmanuel Ungaro. Et propose de l’aider.
La motivation comme boussole
« Elle devait se présenter en robe du soir sinon elle était disqualifiée. Je lui en ai fait une en trois jours », raconte-t-il. Penché sur sa machine à coudre, installée dans la chambre de son « petit appart du 7ème arrondissement », le styliste va alors imaginer un modèle à baleine. « Le souci, c’est que le jour de la présentation, Geneviève de Fontenay lui a demandé de s’asseoir. Ce qu’elle n’a pas pu faire », poursuit-il en rigolant. Qu’importe, la jeune femme tape dans l’œil du jury grâce à son élégance. Le soir de l’élection que Sylvie Tellier remportera, Nicolas Fafiotte regarde l’émission, seul chez lui. Mais la jeune femme n’oubliera pas de le nommer à plusieurs reprises. « J’avais 25 ans, j’en avais des frissons », raconte-t-il.
Depuis leur amitié n’a fait que se renforcer. Quand Sylvie Tellier prend la responsabilité de l’organisation du concours, elle fait appel à son complice pour habiller les cinq finalistes. Cette année, le créateur a passé la main, pris par d’autres projets. Mais sans oublier de confectionner deux tenues pour sa muse : « On se comprend ».
Tous deux sont issus d’un milieu populaire. La même détermination. Le même acharnement au travail. C’est souvent la motivation dont il a fait preuve qui a aidé Nicolas Fafiotte à tracer son chemin. Le jour où il frappe à la porte de la maison Ungaro en 2000, on le défie de croquer plusieurs modèles. Après une nuit blanche passée à dessiner, le jeune homme se pointe à 7h avenue Montaigne, sans penser que l’établissement ne serait pas encore ouvert.
« Ce que je veux c’est rendre les femmes belles »
« J’ai fini par m’endormir devant la porte d’entrée », se souvient-il. Le patron, surpris de le trouver là quelques heures plus tard, l’embauche immédiatement sans même regarder ses croquis. « La motivation c’est ce qui compte le plus dans ce métier. Et ce que j’attends des gens avec lequel je travaille », analyse Nicolas Fafiotte, qui emploie quatre salariés et travaille avec des collaborateurs extérieurs.
« Je n’ai pas envie que mon entreprise soit plus grosse. Je suis heureux comme ça. Tout ce que je veux, c’est rendre les femmes belles », poursuit-il, avouant qu’il essaie toutefois de s’initier à la peinture ou à approfondir sa culture générale lorsque son emploi du temps le permet. « La mode est pour l’instant toute ma vie. Je cherche à me trouver d’autres centres d’intérêt car le jour où je serai à la retraite, je risque de déprimer », conclut-il en riant.