Un an sans Johnny Hallyday: «C’est devenu moins beauf, il y a eu un basculement après sa mort»
DEUIL•« Que je t’aime » a-t-elle été particulièrement prisée en ouverture de bal de mariage, ces douze derniers mois ?…Clio Weickert
L'essentiel
- Il y a un an, la France perdait son idole. « 20 Minutes » explore la manière dont le pays fait son deuil de Johnny Hallyday dans une série d’articles.
- « 20 Minutes » s’est intéressé aux DJ de mariage et aux éventuelles répercussions de la mort du taulier sur leur profession.
«Johnny ça s’écoute, ça se regarde, mais ça ne se danse pas ». La règle est bien connue du côté de Moonlight Animations . Chez ces spécialistes de l’animation de mariages et de soirées, installés en région parisienne, on est formel : Johnny Hallyday n’a pas sa place dans un mariage. Ou à la limite, un petit Allumez le feu en début de repas.
La mort de l’idole a-t-elle changé la donne ? Depuis la disparition de Johnny il y a un an, les hommages en tout genre se multiplient : statues, livres, réédition d’albums… Toute la France, pour soigner sa peine, s’est (re)mis à écouter les tubes de Johnny en boucle. Le répertoire du taulier s’invite-t-il désormais lors de festivités tel que les mariages ? La mort de Johnny Hallyday a-t-elle conduit à une explosion des Que je t’aime en ouverture de bal et des Portes du pénitencier lors de l’échange des vœux ?
« Dans la liste noire des mariages »
Damien L’Anthoën, DJ et animateur chez Dam’s Event, n’a pas constaté de changement notable après la mort du taulier. Quelques légers clins d’œil à Johnny Hallyday les premières semaines qui ont suivi son décès, mais très vite, les requêtes se sont taries. Pour cause, selon lui « Johnny est un peu dans la liste noire des mariages ». « Comme Claude François, ça s’essouffle, il y a deux trois ans ça marchait encore, mais plus le temps passe et moins les clients le demandent, ça a trop été entendu », observe-t-il.
Ce qui est moins le cas dans les soirées karaoké, où Gabrielle et L’envie, des chansons « faciles à chanter et dont on connaît les paroles », semblent avoir toute leur place, selon le DJ. Tout comme du côté de fiestas des sapeurs pompiers, « très festifs ». On imagine en effet l’hystérie que doit provoquer Allumez le feu à 2 heures du mat'.
« C’est devenu moins "beauf" »
Si la mort de Johnny ne semble pas avoir profondément bouleversé l’univers du disc-jocking de mariage, Erwan, DJ pour l’entreprise Deminuit, observe une légère évolution, qui n’est pas anodine. « Il y a eu un basculement après sa mort, c’est devenu moins "beauf", estime-t-il. Avant, on n’avait pas l’habitude de passer du Johnny pour les mariages "haut de gamme", mais depuis c’est sorti de sa catégorie, c’est devenu un hommage ». Erwan envisage d’ailleurs très bien un petit Gabrielle à l’heure du cocktail.
Mais ce n’est pas tout. Au-delà de la « mainstreamisation » de Johnny, comme en plaisante le DJ, il observe également un rajeunissement de la demande. « Avant, les gens que cela concernait avaient plutôt autour des 50-60 ans. Maintenant, ce n’est pas massif, mais il arrive que des plus jeunes nous en demandent, il y a eu un petit switch ».
On est tout de même loin d’un spectaculaire retour de hype. Il faut dire que la gestion de la musique dans un mariage est un art subtil et délicat, qui n’autorise pas le moindre écart. « On dit souvent qu’on a le droit à une seule erreur, dévoile Damien L’Anthoën. Au bout de deux ça devient compliqué car les gens se disent que le DJ n’est pas terrible ce soir. » Et ça, ça peut se jouer à un Requiem pour un fou près.