DEUILVIDEO. «Je ne voulais pas admettre la mort de Johnny»

VIDEO. Un an sans Johnny Hallyday: «Je ne voulais pas admettre sa mort», confie Pierre Billon

DEUILUn an après la disparition de son pote, Pierre Billon se confie sur son amitié hors du commun avec « l’idole des jeunes »…
Clio Weickert

Clio Weickert

L'essentiel

  • Il y a un an, la France perdait son idole. « 20 Minutes » explore la manière dont le pays fait son deuil de Johnny Hallyday dans une série d’articles.
  • A l’occasion de la sortie de son livre Johnny, quelque part un aigle, Pierre Billon, son pote, s'est confié sur son amitié hors du commun avec Johnny.

Un an déjà que Johnny Hallyday nous a quittés. Depuis, nombreux sont ceux à s’être exprimé sur leur histoire avec la taulier. Laeticia Hallyday, Laura Smet, Eddy Mitchell, Bernard Montiel ou encore Line Renaud… Des proches (et moins proches), qui ont fait part de leur amour, de leur tristesse, de leur rancœur, ou tout simplement se sont fait mousser.



A l’occasion de la sortie de son livre Johnny, quelque part un aigle, mi-novembre, 20 Minutes a recueilli le témoignage de Pierre Billon, ami et ancien producteur de Johnny. « Bibi », comme le surnommait « l’idole des jeunes », s'est confié sur cette amitié hors du commun, au travers d’anecdotes émouvantes, cocasses, ou tragiques. Car être ami avec Johnny, c’était…

Soulever de la fonte à Miami

« J’ai rencontré Johnny en 1976 sur une émission des Carpentier. Moi j’étais dans l’entourage de Sardou, et je faisais de temps en temps des chansons pour eux. J’en ai fait une pour Johnny, qui m’impressionnait grave. Après je lui ai fait un tube, Le cœur en deux, il était tellement content de la chanson qui avait été numéro un qu’il m’avait offert une moto, une 900 Kawasaki. Là on a commencé à rouler ensemble, mais je n’étais pas encore son producteur. Ensuite il y a eu J’ai oublié de vivre. Après, Johnny a voulu que je le mette au sport pour préparer son futur spectacle « Mad Max ». On est parti à Miami tous les deux, on allait courir le matin… Quand tu vis au quotidien tu deviens pote. Et là c’était un Johnny sage, gentil, discipliné, arrêtant modérément de fumer… C’est là qu’il s’est mis au sport. Et je suis devenu son producteur. »

Voir le rockeur gerber son tartare

« On avait un rythme hardos [pendant le spectacle « Mad Max » au Palais des sports en 1982], deux heures de show en matinée et deux heures en soirée. Ce jour-là, il avait trop mangé, un tartare que Lulu son habilleuse avait fait. Il monte sur scène, et lors de la bagarre du spectacle, il prend un coup de lance. Comme d’habitude, il va ensuite côté jardin pour prendre une capsule d’hémoglobine, revient sur scène et la croque, saigne et tombe à genoux devant le micro. Le public scandait » Johnny ! Johnny ! « Mais ce jour-là, je me dis qu’il saigne vraiment beaucoup… Qu’il a dû se faire mal… En fait, il était en train de gerber son tartare ! Mais direct après, il attaque la chanson, sans aucun doute. La scène c’était son oxygène, il envoyait ».

Se faire lourder du jour au lendemain

[En 1984, Johnny informe Pierre Billon qu’il n’est plus son producteur] « Je n’avais plus grand-chose à dire, je n’avais plus vraiment le pouvoir. Ce qui manquait à Johnny, c’était un public d’intellos. Nathalie Baye lui a amené. Au début je faisais un peu la gueule et j’en voulais à Nathalie, mais en réfléchissant je me suis dit qu’elle avait raison. Avec Tennessee, puis l’album écrit et réalisé par Michel Berger… Elle a bien fait finalement. Que je me sois fait lourder à l’époque, de toute façon je n’aurais pas pu fonctionner avec eux, je n’étais pas du tout le même genre de came que Berger, que j’aimais beaucoup. »

Rouler avec son pote

« A partir du moment où j’ai arrêté de travailler avec lui, on a commencé à faire des voyages ensemble, presque initiatiques. Des road trips aux Etats-Unis. Moi j’en avais déjà fait, mais jamais un gros que celui en 1990, le tout premier pour Johnny. Après on est devenus beaucoup plus des frères de route qu’autre chose ».

Y croire jusqu’à la fin

[Le 30 novembre 2017, Johnny et Laeticia invitent certains proches à dîner dans leur maison de Marnes-la-Coquette] « Ce soir-là, j’ai assuré à Johnny, "bien sûr tu vas t’en sortir, tu n’as pas le choix", et puis, "je t’embrasse, bisou, à jeudi prochain". Ensuite son ami Bouillon est arrivé, il a dit qu’il amènerait des huîtres la semaine d’après… Le premier truc que j’ai ressenti quand on m’a dit qu’il était parti, je me suis dit : "merde, je me suis trompé. Je lui ai menti, fais chier." Mais dans ma tête il n’y avait aucun doute. En sortant de là on s’était dit qu’il était maigrichon mais qu’il allait se rebecter. Ma mère, je l’ai vue partir. Je connaissais bien le système, à la fin elle n’était plus là. Mais à aucun moment Johnny n’était comme ça ! Plus tôt dans la soirée, on avait regardé notre film [celui du road trip 2016] tranquillement. C’est d’ailleurs à la fin du film que j’ai pleuré. Ça m’a foutu en l’air. En vérité c’est la fin du film qui nous a rendus triste. C’était un moment fantastique qu’on avait vécu, le film était très très beau, à la fin on se prennait tous dans les bras… Après le film, Johnny est retourné dans sa chambre et on est sorti fumer un clope, même si on avait tous arrêté de fumer en théorie… Et là on a pleuré. Tu pleures parce que c’est la fin d’un beau film, mais tu sais qu’on va recommencer ».

Faire le deuil de son ami

« Je ne voulais pas admettre sa mort. Aucun d’entre nous. Mais on savait que c’était vrai, parce qu’on l’avait vu dans le cercueil. Quand je l’ai vu je me suis dit, ça y est, cette fois-ci il y est, mon pote. Il a tellement fait des conneries chaque fois, même la fois à Los Angeles, jamais j’y ai cru, tu rigoles ! Dans ma tête je me disais vous rigolez ou quoi, il va s’en sortir. Et je pensais qu’il allait s’en sortir à chaque fois. Et là il m’en avait parlé, il m’avait laissé un message en me disant, "j’ai attrapé une saloperie, je suis très très bien soigné, ne t’inquiète pas c’est comme tout le reste, ce sera juste un mauvais souvenir" ».