INTERVIEWDans les drames comme «La Faute», Valérie Karsenti «n'aime pas pleurnicher»

«La Faute» sur M6: «Dans les drames, je n'aime pas pleurnicher», affirme Valérie Karsenti

INTERVIEWValérie Karsenti évoque pour «20 Minutes» son rôle dans «La Faute», mini-série que M6 lance ce jeudi soir, et se confie sur sa conception du métier de comédienne et son avenir dans «Scènes de ménages»…
Fabien Randanne

Propos recueillis par Fabien Randanne

L'essentiel

  • Valérie Karsenti incarne Lisa, l’héroïne de la mini-série La Faute lancée ce jeudi sur M6.
  • La comédienne explique à 20 Minutes que e thème de la culpabilité ressentie par ce personnage l’a motivée à accepter de tourner dans La Faute.
  • Valérie Karsenti, qui joue dans Scènes de ménages sur M6 depuis 2009, n'a pas pour le moment l’intention d’arrêter.

Il y aura les rires, puis les larmes et le stress. Ce jeudi, les téléspectateurs de M6 ont rendez-vous à 20h25 Valérie Karsenti dans Scènes de Ménages où elle incarne la déjantée Liliane. Et puis, à 21h, sur la même chaîne, ils découvriront la comédienne dans le rôle de Lisa, personnage principal de La Faute, une mini-série construite autour de la disparition d’une adolescente et adaptation du roman de Paula Daly paru chez Pocket. Un personnage dont l’actrice s’est plu à explorer les failles, comme Valérie Karsenti l’a confié à 20 Minutes. Entretien avec une artiste qui ne prend pas son métier à la légère et qui est, pour elle, synonyme de « liberté ».

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Dans La Faute, vous vous illustrez dans un registre dramatique, loin de l’humour de Scènes de ménages. Cela vous amuse de surprendre les téléspectateurs de M6 ?

Je ne pense jamais en termes de téléspectateurs d’une chaîne ou d’une autre. Je pense que les gens ont suffisamment d’ouverture pour regarder différentes chaînes, aller au cinéma ou au théâtre - en tout cas, j’espère. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller vers des projets qui m’excitent et pour que ça m’excite, il faut que ce soit original dans le propos, le thème… Il faut que j’aie envie de travailler avec le réalisateur et aussi, évidemment, que je n’aie pas l’impression d’avoir déjà joué la même chose. Quand je passe du théâtre à la télé ou au cinéma, c’est toujours sur des types de rôles un peu différent parce que ça me nourrit, ça m’amuse et ça me fait avancer. C’est une idée de mon métier à laquelle je suis extrêmement fidèle, cette liberté d’aller où j’ai envie d’aller, sans me poser de question. Quand je faisais Hortense dans Maison Close sur Canal +, je me régalais avec ce personnage. J’espérais en retrouver un aussi sombre, aussi terrible, parce que c’est toujours intéressant de travailler des rôles comme ça, sur les parts d’ombres.

C’est ce qui vous a décidée à jouer dans La Faute ?

Ce qui m’a intéressé dans La Faute, et qui a fait que j’ai eu envie de jouer ce rôle de Lisa, c’est la culpabilité. Elle fait une erreur : elle oublie de prévenir qu’elle ne peut plus accueillir la fille de sa meilleure amie Claire chez elle et, en fait, l’adolescente va être enlevée. La conséquence est absolument atroce, alors que l’erreur, au départ, pourrait être complètement anodine. Mais il se trouve que Lisa a un problème de confiance en elle, elle a un complexe social depuis toujours qui est exacerbé par l’amitié qu’elle a avec Claire, jouée par Natacha [Lindinger], et qui est d’une classe sociale bien supérieure. Tout cela fait qu’elle se sent tellement coupable qu’elle va vouloir réparer cette faute et faire des choses inconsidérées, risquées, graves. Elle a l’impression qu’elle ne peut pas vivre si elle ne répare pas cette erreur. C’est cela qui m’a intéressé parce que j’aime bien travailler sur les fragilités, sur les failles.

« « Lisa pense être à seule à ramer, à bosser, à ne pas avoir rempli le frigo comme il fallait… alors que toutes les femmes vivent ça. » »

Dans le premier épisode, on découvre Lisa dans sa cuisine, occupée à faire six choses en même temps. C’est une parfaite illustration de ce qu’est la charge mentale, dont on parle beaucoup récemment…

C’est quand vous venez à parler d’un problème qu’on se rend compte que tout le monde l’a. Pour arriver à avouer ses peurs ou ses incapacités, il faut avoir une certaine confiance en soi. Lisa pense qu’elle est la seule à ramer, à bosser, à être en retard, à avoir le réveil qui ne sonne pas, à ne pas avoir rempli le frigo comme il fallait… alors que toutes les femmes vivent ça, tout le monde vit ça. Lisa est une femme qui travaille, qui a trois enfants, un mec génial mais qui fait ce qu’il peut et bosse de nuit en plus, donc on est plongé dans un quotidien qui est celui de beaucoup de femmes. Et en réalité, personne n’assure, personne n’y arrive. La différence c’est qu’il y a celles qui le savent - et qui savent qu’il faut l’accepter - et celles qui s’en veulent en permanence. Lisa n’y arrive pas parce que la perfection est impossible à atteindre et elle s’en veut parce qu’elle est persuadée que d’autres y arrivent vraiment. Je parle beaucoup avec mes amies, on a toutes des enfants, des boulots, des plannings, des rendez-vous et il y a plein de choses que l’on rate. On ne peut pas faire autrement. C’est impossible.

Vous étiez en septembre à l’affiche film Le Poulain, vous êtes tous les soirs sur M6 dans Scènes de ménages et vous jouez en ce moment dans la pièce Les Inséparables, au théâtre Hébertot à Paris. Le cinéma, la télévision, le théâtre… Avez-vous une préférence ?

Avec le théâtre, j’ai toujours l’impression de rentrer à la maison. Le théâtre, ce sont mes premières expériences, c’est là que l’on m’a accueillie en premier, c’est là que j’ai appris mon métier. Pour l’acteur, il y a un temps qui est magique, on travaille beaucoup en amont, on peut essayer des choses. Après, je me suis mise à tourner tard par rapport à d’autres comédiennes. Au cinéma, on travaille un peu en amont évidemment mais il y a une notion d’abandon total que j’ai découverte en tournant et qui me plaît beaucoup. Cela me met en danger, mais j’aime ça, c’est une autre manière de travailler. Si on me demandait de choisir, je serais extrêmement malheureuse. Comme on ne me le demande pas, je ne choisis pas.

« « Je comprends Valérie Lemercier quand elle dit qu’elle refuse de pleurer à l’image. » »

Et entre le registre du drame et celui de la comédie, le choix serait aussi difficile ?

Si j’étais absolument obligée de faire un choix, je choisirais la comédie. Parce qu’elle est pour moi plus noble – je sais que cela va à l’encontre de ce que pensent beaucoup de gens -, dans la mesure où elle me permet plus de folie, d’être à la fois en distance avec moi et de mettre des choses extrêmement personnelles avec une pudeur absolue. Je comprends Valérie Lemercier qui dit qu’elle refuse de pleurer à l’image. Il y a une notion d’intimité… Je trouve que l’on peut aller très loin dans la comédie tout en restant masquée d’une certaine façon. Pour moi, la comédie doit toujours être basée sur les failles, le ratage, ces choses qui nous racontent. Cela nous ramène à nous et nous émeut. Avec la comédie, la libération vient du fait qu’on se reconnaît en pire et que ça nous fait rire. Ce que je n’aime pas dans les drames, c’est pleurnicher, avoir des personnages à qui il arrive sans cesse des malheurs. Ça m’ennuie à un point ! Mais si les personnages sont dans l’action, comme dans La Faute, là, ça va.

Vous jouez dans Scènes de ménages depuis neuf ans. Avez-vous déjà envisagé d’arrêter cette série ?

Non. On me pose souvent la question parce que j’ai l’impression que l’idée de longévité provoque des suspicions. C’est vrai que, sur d’autres séries, des acteurs ont continué alors qu’ils n’en avaient pas envie, mais là, c’est très particulier. Scènes de ménages est vraiment à part. D’abord, on est très libres, les auteurs écrivent magnifiquement pour nous, il n’y a pas de baisse au niveau de la qualité, au contraire. La production est hyper intelligente, ce qui fait qu’on est ultra-bien traités et tout le monde - pas seulement les acteurs - a un vrai plaisir à être ensemble et à continuer à travailler ensemble. On tourne trente jours par an, on n’est que deux acteurs à tourner dans une journée, le planning est très mobile donc, à côté, on peut faire des films, du théâtre… Je ne crois pas qu’il y ait d’autres séries qui fonctionnent comme ça.

Et si un jour ça s’arrête ?

Je pense que le jour où ça va s’arrêter - peut-être de mon fait parce que je ne sais pas ce qu’il en sera dans six mois ou un an - Liliane est un personnage qui me manquera car il m’a apporté énormément. Elle continue de me faire explorer des terrains de jeux que je n’avais jamais explorés parce qu’elle est folle, qu’elle n’a pas de limites et parce qu’on me laisse cette liberté-là. Avec mon partenaire, Fred [Frédéric Bouraly, qui incarne José], on ne se prive de rien. C’est une série où les acteurs sont mis en valeur et sont extrêmement heureux.