C’est vendredi que sortent Pokémon Let’s Go Pikachu et Let’s Go Evoli, les deux premières vraies aventures des Pokémon sur Nintendo Switch. Derrière ces titres, Junichi Masuda, l’homme qui officie depuis 1996 chez Game Freak, le studio chargé d’adapter Pokémon en jeu vidéo pour les consoles de Nintendo. A la différence que cette fois, le nouvel opus entend surfer sur le succès de l’application mobile Pokémon Go, comme nous l’explique son créateur, rencontré en juin lors d’un entretien exclusif en marge du salon E3.

Let’s Go Pikachu/Evoli, c’est un jeu qui mélange "Pokémon Go" avec les jeux Pokémon plus classiques ?

Oui, les mécaniques d’aventure des jeux Pokémon sont bien là. Il y a une véritable histoire dans le jeu, comme sur la DS, et la chasse aux monstres de poche reste centrale avec plus de 150 espèces à attraper. Mais la technique de capture emprunte plutôt à Pokémon Go. En fait, nous avons pris le meilleur des deux jeux Pokémon.

"Let’s Go Pikachu/Evoli" est compatible avec "Pokémon Go". Comment ça marche ?

La liaison entre le smartphone et la Nintendo Switch est très simple via Bluetooth. A priori tous les smartphones faisant tourner Pokemon Go sont compatibles avec Let’s Go Pikachu/Evoli. Mais il ne s’agit pas que des Pokémon présents sur votre smartphone, il s’agît aussi de ceux présents sur les appareils de vos amis. Vous pouvez recevoir les Pokémon de tout le monde.

Une fois le Pokémon transféré, que se passe-t-il ?

Une fois transférés dans le jeu sur la Switch, vos Pokémon se retrouvent dans le Go Park. Mais il faut encore attraper ces Pokémon pour véritablement les posséder. Malgré tout, on peut se retrouver avec des Pokémon rares assez rapidement…

Est-ce pour surfer sur le succès de Pokémon Go que ce LG Pikachu/Evoli semble plus accessible ? Plus grand public ?

Oui ! Nous voulions à la fois un vrai RPG et un jeu plus accessible. Les plus jeunes joueurs de Pokémon Go n’ont généralement pas leur propre smartphone et utilisent ceux de leurs parents. Il fallait que ces joueurs puissent récupérer leurs Pokémon et se lancer sur Switch, dans une aventure plus personnelle. Pour autant, les parents ne sont pas exclus et peuvent se joindre à l’aventure en utilisant la seconde manette.

Le mode « deux joueurs » a-t-il été pensé spécifiquement pour le jeu en famille ?

Oui, c’est clairement ce à quoi nous avons songé. On imaginait bien les enfants jouer au salon avec leur père ou leur mère a proximité qui pourraient les rejoindre et partager leur aventure… Le jeu est clairement différent des titres précédents, mais il offre une variété de gameplays plutôt inédite qui devrait séduire tous les types de joueurs.

Depuis toutes ces années que vous a appris le succès des jeux Pokémon ?

Que partir à la chasse pour collecter des créatures ou des objets était une passion universelle. Quand on pense aux jeux de sports par exemple, il y a de grandes divergences entre les pays. Le baseball est très populaire aux Etats-Unis et au Japon, mais ailleurs ? Attraper le plus de Pokémon possible est au contraire une activité qui plaît partout dans le monde. Pokémon Go, sur lequel j’ai aussi travaillé, illustre bien ce propos.

Comment expliquez-vous le succès de Pokémon depuis plus de 20 ans ?

Nous avons toujours tenté de faire des jeux accessibles dans lesquels il est facile de comprendre ce qu’il faut faire. J’aimais bien les shoot them up, il y a longtemps. Mais ils sont devenus de plus en plus complexes au fil du temps. Et beaucoup de joueurs se sont détournés du genre. Je trouve cela dommage. C’est ce que je veux éviter avec les Pokémon. Je veux encore être là dans cinq ou dix ans. Et pour cela, il faut que nous fassions des jeux accessibles et compréhensibles. Notre but, notre philosophie, est de proposer des gameplays qui rendent les gens heureux.

De toutes vos expériences et travaux sur les jeux Pokémon, de quoi êtes-vous le plus fier ?

La musique, je crois. Elle sort vraiment de ma tête et je suis très fier que cela plaise autant. Il s’agit de quelque chose de très personnel… Diriger les équipes qui conçoivent les jeux est une autre de mes grandes fiertés. J’ai l’impression d’être un chef d’orchestre.

Il vous arrive de refuser certaines idées de votre équipe ?

Oui, une partie de l’équipe aimerait faire des Pokémon plus effrayants. Mais ça n’est pas l’esprit Pokémon !

Si vous croisiez aujourd’hui la route de Junichi Masuda jeune, quel conseil lui donneriez-vous ?

Je me suis toujours inquiété du sort des jeux Pokémon. Pour la sortie des éditions Rubis et Saphir, je faisais des cauchemars la nuit en pensant que personne n’allait aimer le jeu. C’est une période où de nombreux médias prédisaient la fin des Pokémon. Si je pouvais voyager dans le temps et donner à mon « jeune moi » un conseil, je lui dirai juste : « ne t’inquiète pas, finalement tout va bien se passer ».

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