REPORTAGEOn a visité l’expo Riad Sattouf à la BPI avec Noémie Lvovsky

VIDEO. On a visité l’expo Riad Sattouf à la BPI avec Noémie Lvovsky

REPORTAGELa réalisatrice, scénariste et comédienne - qui a joué dans les deux films du bédéaste - a assisté à l’inauguration de l’exposition que la Bibliothèque Publique d’Information de Paris consacre à l’auteur de « L’Arabe du futur »…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

L'essentiel

  • Après Art Spiegelman (2011), Claire Brétécher (2015) et Franquin (2016), Riad Sattouf est le quatrième auteur de bande dessinée exposé à la BPI.
  • « Riad Sattouf, l’écriture dessinée » présente des centaines de planches originales, story-boards, croquis, photos, documents audiovisuels et de nombreux inédits.
  • Noémie Lvovsky a accepté de jouer les « guides d’un soir » de l’expo pour les lecteurs de « 20 Minutes ».

Qui aurait pu imaginer, au début des années 2000, que le jeune Riad Sattouf, qui faisait alors ses premiers pas dans l’univers de la bande dessinée, deviendrait, vingt ans plus tard, l’un des auteurs francophones les plus populaires du neuvième art ? Ce n’est pourtant pas l’immense succès de ses séries L’Arabe du futur et Les cahiers d’Esther qui a convaincu la direction de la BPI du centre Pompidou de présenter l’œuvre de cet encore jeune créateur (il a tout juste 40 ans), mais son « itinéraire singulier, récit de soi où le réel mais aussi la mémoire deviennent la matière du roman graphique ».

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Proche de Riad Sattouf, la réalisatrice et comédienne Noémie Lvovsky, qui a joué dans les deux films réalisés par le bédéaste (Les Beaux gosses en 2009 et Jacky au royaume des filles en 2013) a assisté au vernissage de l’exposition et n’en revient toujours pas : « En arrivant, j’ai pu mesurer la popularité de Riad en constatant qu’il y avait plusieurs centaines de personnes présentes - ce qui n’est pas l’idéal pour découvrir une exposition. Mais c’est fou, non ? C’est une vraie star ! », sourit-elle.

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Des univers narratifs « faussement disparates »

Une star, peut-être pas tout à fait. Mais un artiste complet, certainement. En mettant en avant sa « fine observation, qui s’apparente parfois à de la sociologie, du monde qui l’entoure », l’exposition consacrée à l’œuvre de Riad Sattouf « met en perspective et relie des mondes apparemment, et faussement, disparates » : de la chronique sociale (La Vie secrète des jeunes) ou des souvenirs de potache (Retour au collège), au grand récit autobiographique de L’Arabe du futur, en passant par les interrogations sur l’identité sexuelle et la construction de soi (Manuel du puceau, Ma circoncision, Les Pauvres Aventures de Jérémie), les standards dérisoires et grinçants de l’hyper virilité (Pascal Brutal) ou le récit tendre de l’éclosion adolescente ( Les Cahiers d’Esther).


« J’ai suivi un parcours mis en place par les commissaires d’expo et très cohérent car j’ai eu l’impression de "comprendre" l’évolution graphique de Riad, de son enfance à aujourd’hui ; et peut-être même, à la fin, d’encore mieux le connaître. C’est fort parce qu’en tant qu’amie de Riad, j’étais aussi très émue de constater à quel point son travail d’artiste reflète l’homme qu’il est. »

L’exposition se décompose en trois parties : la première embrasse les œuvres dans lesquelles Sattouf prête un regard sur la société ; la seconde met en avant « l’indiscutable maîtrise technique » de l’auteur et sa science de la narration - la fameuse « écriture dessinée » ; la troisième, enfin, se focalise sur sa monumentale autobiographie dessinée qu’est la série L’Arabe du futur.


Des réalisations qui disent leur auteur

« On perçoit bien, au fil des planches, croquis et dessins exposés, la relation de Riad à la politique, précise Noémie Lvovsky. Ou plutôt aux rapports de domination qui, me semblent-ils, sont présents dans presque tous ses travaux -, son rapport à l’amour, à la sexualité, à la beauté des sentiments… Et d’une manière plus terre à terre, on découvre ses techniques de crayonné, encrage, mise en couleurs ; ce qui est tout à fait fascinant lorsqu’on ne pratique pas soi-même le dessin. »


Pour autant, il n’est pas nécessaire de connaître l’œuvre de Riad Sattouf pour apprécier l’exposition : « C’est un plus, évidemment, parce qu’on y comprend l’évolution de sa pratique, comment il a gagné en maturité, en assurance et combien il a toujours été talentueux, s’enthousiasme Noémie Lvovsky. Mais même les néophytes y trouveront leur compte, parce que l’univers de Riad, ce sont d’abord des personnages, un tas de personnages qu’on sent presque « vivants » sous ses crayons. C’est magique ! »


« Un incroyable sens de l’observation »

Si l’on se régale ici du talent de dessinateur de Riad Sattouf, on y prend aussi toute la mesure de ses qualités d’auteur. Ce à quoi Noémie Lvovsky, qui a débuté comme scénariste, est plus que sensible : « Au fil des salles, on embrasse littéralement sa vision du monde ! Parce qu’il sait transmettre, ou plutôt traduire, son acuité, son incroyable sens de l’observation : où qu’il se trouve, Riad voit tout de suite qui sont les dominants et les dominés, les riches et les pauvres, les laids et les beaux. Et il raconte tout ça sans vraiment rien dire, en suggérant ; moi qui suis une grande lectrice de romans, je peux vous assurer que c’est la marque des grands auteurs. »


Pour Noémie Lvovsky, Riad Sattouf est très « poreux » aux gens et à l’ère du temps. « Lorsque j’ai terminé de visiter l’exposition, j’ai compris que, finalement, il n’est pas uniquement le petit blondinet de L’Arabe du futur : il est aussi Pascal Brutal, Esther, Jérémie, les jeunes qu’il a croisés pour certains de ses albums, etc. Parce qu’il aime tout le monde et que c’est cet amour qu’il clame dans ses albums. Qu’on le connaisse personnellement ou pas, cet aspect de Riad apparaît comme une évidence dans cette exposition, dont tout le monde a l’air de ressortir un peu plus heureux qu’en y entrant ».

« Riad Sattouf, l’écriture dessinée » - exposition du 14 novembre 2018 au 11 mars 2019 - Bibliothèque Publique d’Information (Paris)

Programme complet (rencontres, animations etc.) sur le site www.bpi.fr.