Jenifer: «Mon public ne savait plus qui j’étais. Moi non plus, d’ailleurs»
INTERVIEW•La chanteuse Jenifer revient avec son album «Nouvelle Page», qui sort ce vendredi...Propos recueillis par Claire Barrois
L'essentiel
- La chanteuse Jenifer sort son nouvel album après s'être éloignée de la scène un long moment.
- Il s'intitule Nouvelle Page, et la chanteuse a expliqué pourquoi à 20 Minutes.
- Elle raconte aussi ce qui lui a permis de retrouver goût à la chanson.
Une Nouvelle page aux allures de renaissance. Ce vendredi, la chanteuse Jenifer sort son huitième album et revient sur le devant de la scène après s’en être éloignée. Accident de van, décès d’un proche… L’année 2017 avait chamboulé la chanteuse à tel point qu’elle ne voulait plus chanter. Après avoir pris du temps pour elle, Jenifer revient plus forte et motivée. Côté musique, elle renoue avec le son de ses débuts, ce qui ne devrait pas déplaire à son public.
Votre album s’appelle Nouvelle page, mais c’est bizarre parce qu’on retrouve votre son des débuts, non ?
C’est une nouvelle page parce que j’ai renouvelé mon équipe après une année 2017 qui a été épouvantable. J’avais besoin d’autres points de vue après dix-sept ans de vie commune avec mon ancien manager. Nous nous sommes séparés d’un commun accord. En ce moment, il est en train d’élever des chiens dans la cambrousse !
Sur le plan musical, j’avais envie de retrouver l’essentiel, de me retrouver, de retrouver la sincérité. Jusqu’à présent, j’avais suivi mes humeurs changeantes pour ma musique. En faisant ça, j’ai déstabilisé mon public qui ne savait plus qui j’étais. Moi non plus je ne le savais plus, d’ailleurs. J’ai grandi aux yeux de tous, je me suis nourrie des rencontres, j’ai évolué. Et finalement je suis revenue à la première période, avec plus de maturité au niveau des textes. C’est un retour aux sources dans les sujets évoqués aussi.
En quoi consiste ce renouveau ?
Chaque album correspond à un âge et à une humeur. Dans celui-là, j’évoque des thèmes que je n’aurais pas validés avant. Je me cerne mieux. Je n’ai pas donné de limites aux auteurs : ils écrivaient selon l’image qu’ils avaient de moi. Après on peaufinait pour que ça transpire la vérité. J’ai retrouvé la passion que j’avais perdue, ça faisait un moment que je subissais. J’avais une pression médiatique forte.
Vous avez dit, lors de la présentation de votre album, qu’être jurée dans The Voice Kids vous avait beaucoup aidé. Pourquoi ?
Les enfants -les miens et ceux de The Voice Kids- m’ont fait du bien. Leur insouciance me donnait une bouffée d’oxygène. A ce moment-là, j’ai arrêté The Voice pour les adultes parce qu’il y avait trop d’enjeux et que je ne voulais pas les pénaliser. Pour les enfants, c’était plus simple, et ils m’ont ramenée à la passion de mes débuts. Quant à mes propres enfants, il fallait continuer pour eux…
Et ce changement d’équipe ?
Mon nouveau manager a été mon psy. Je me suis souvenue de la chance que j’avais de vivre de ma passion. Il y a pire que mes malheurs. Les enfants malades, les adolescents homosexuels du Refuge, ça me canalise. Même si pendant cette période, j’ai eu besoin de tout couper et que je me sens très coupable parce que j’ai eu l’impression de les abandonner.
Comment avez-vous retrouvé la voix de vos débuts ?
C’est une histoire de diaphragme. J’en ai parlé avec Zaz pendant les Restos du Cœur. On partageait nos sentiments sur nos problèmes de voix. Et en fait c’est psychologique, la voix est liée à l’émotionnel. Mon diaphragme est redescendu et tout s’est libéré.
Je suis vachement attachée aux mots et à ce que je raconte. Je n’ai plus peur de me mettre à nu avec l’âge. Il faut aussi mettre de côté sa pudeur, être moins dans la retenue. Sur Paradis secret, j’ai chanté les chansons, on était trois dans une chambre, ça allait très bien, mais en studio, j’avais de l’appréhension. Je suis une traqueuse et ça peut rétracter les cordes vocales.
Quel est votre lien avec votre public ?
Je suis issue d’un jeu où les gens ont voté pour moi, j’ai reçu des récompenses grâce à leurs votes… Il y a un réel amour qui se dégage de tout ça. Ça peut faire perdre pied, parfois je me demande : « Pourquoi moi ? » Et quand je ne monte pas sur scène, les gens me manquent. Il y a énormément d’empathie. Plus on m’en donne, plus j’en veux. Dans mes « fans », mais je n’aime pas ce mot, j’ai des gens qui sont partis et revenus.
Je peux permettre à des esprits de s’évader, et ça me plaît. Faire du bien aux gens, ça me plaît. Marquer un moment de leur vie, c’est incroyable.
Continuez-vous à tourner dans des séries en parallèle de la musique ?
En ce moment, je tourne dans Le temps est assassin, la nouvelle série de TF1 en huit épisodes. C’est comme une récréation, mais j’apprends beaucoup. Ça complète ma carrière musicale, mais ma priorité, c’est la chanson.