Remaniement: Françoise Nyssen, un bilan mitigé au ministère de la Culture
PORTRAIT•La ministre de la Culture a cédé la place à Franck Riester…Graziella Le Norcy
Remplacée mardi matin par Franck Riester au ministère de la Culture, Françoise Nyssen ne laissera pas un souvenir impérissable aux Français, après un an et demi de petites réformes et d’échecs politiques. Ministre venue de la société civile et nommée, à la surprise générale, dans la continuité de l’élection d’Emmanuel Macron, Françoise Nyssen n’aura pas longtemps bénéficié du soutien d’Edouard Philippe après le scandale des travaux illégaux de sa maison d’édition Actes Sud.
20 Minutes revient sur un mandat mitigé, avec quelques réussites, mais surtout des tentatives qui n’auront pas abouti.
Une ministre presque invisible
Si sa nomination avait été globalement saluée, l’a priori positif que son profil d’éditrice à succès inspirait s’est vite évaporé. Dès les premiers mois de son mandat Emmanuel Macron a nommé de nombreux collaborateurs et chargés de mission, qui ont volé la vedette à une Françoise Nyssen peu à l’aise face aux médias. Au premier rang desquels Stéphane Bern. L’animateur adoré des Français s’est vu attribuer par le président de la République une mission sur la sauvegarde du patrimoine qui a débouché sur la création du très médiatique Loto du Patrimoine.
Erik Orsenna, quant à lui, a piloté l’ouverture plus large des bibliothèques sur le territoire. Quant au projet d’éducation artistique, il sera finalement mis en place par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale au sens politique plus affûté. Même la réforme de l’audiovisuel public, intervenue en juin, a été entièrement décidée par Matignon. Françoise Nyssen n’en a été que la porte-parole.
La déception des professionnels
Après les révélations du Canard enchaîné sur ses négligences au sein d’Actes Sud, la ministre s’était vue retirer ses prérogatives sur le monde de l’édition pour éviter les soupçons de conflit d’intérêts. Un comble alors qu’il s’agissait de son potentiel point fort. Son passé d’éditrice pouvait d’ailleurs faire espérer aux acteurs du livre une compréhension des enjeux en cours dans le paysage du monde de l’édition. Sous son mandat, le ministère de la Culture aura perdu la main sur le Centre national du Livre, qui gère les subventions.
Un décret datant du 10 juillet 2018 lui retire la régulation économique du secteur de l’édition. Françoise Nyssen n’a pas su répondre aux attentes et aux demandes des auteurs, qui protestaient cet été contre les revenus de plus en plus bas et leur difficulté à vivre de leurs œuvres, tandis que le reste de la chaîne du livre se porte bien. La réforme du droit des auteurs ainsi que la hausse de la CSG ont occasionné une telle colère que les professionnels n’avaient plus confiance en celle qui devait les protéger.
Des expérimentations à suivre
La mise en place du Pass Culture, promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron, est à ce jour un dossier toujours inachevé et doit être lancée au premier trimestre 2019. Si le projet a fait grand bruit, peu d’informations ont circulé depuis son annonce, si ce n’est que 500 euros seront attribués aux jeunes de 18 ans pour profiter de différentes offres culturelles, de Netflix aux musées français. De sérieux doutes subsistent sur le financement et les contours de la mesure.
Une autre nouveauté prévue pour l’année prochaine dans le monde du cinéma peut lui être attribuée. Un bonus de 15 % sera alloué aux films dont la production sera exemplaire en termes de parité des équipes. Mais comme elle ne sera plus là pour défendre sa réforme, Françoise Nyssen se fera encore voler la vedette, sans doute par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, et qui se serait bien vue ministre de la Culture.