C’est une première pour l’œuvre de Marcel Pagnol. Une vente aux enchères est organisée ce lundi soir au très chic hôtel Intercontinental, à deux pas du Vieux-Port cher à l’auteur de la trilogie marseillaise, lors d’un dîner de gala organisé par le Fonds de dotation Marcel Pagnol. Elle rassemble une quinzaine d’œuvres ou objets sortis tout droit des fonds personnels de la famille, stockés dans un entrepôt de la banlieue parisienne, ou spécialement conçus pour l’occasion par des artistes régionaux autour de l’univers de Pagnol.

Leur mise de départ ? Entre 200 et 300 euros pour la fourchette la plus basse, et 5.000 à 8.000 euros pour la plus haute. Un tapuscrit de l’adaptation audio de Marius, très largement corrigé à la main, fait partie des objets rares, tout comme le manuscrit original de Manon des sources ou deux plumes qui ont servi à Marcel Pagnol pour écrire. « Ce sont sans doute les dernières qu’il a utilisées, nous les avions trouvées sur son bureau », raconte Nicolas Pagnol, qui dit toujours « Marcel » lorsqu’il parle de son grand-père.

Sauver les films du catalogue Pagnol

« Plusieurs collectionneurs ont déjà manifesté leur intérêt », assure Damien Leclere, le commissaire-priseur de la vente, qui sera retransmise en direct sur Drouot Live, comme cela se fait à présent toujours. « Cette vente est particulière, par son cadre et le fait qu’elle se fasse au profit d’un fonds de dotation, explique-t-il. C’est l’occasion de participer à un beau projet avant tout, en cela c’est une démarche qui peut se rapprocher du mécénat. »

Avec la somme récoltée, la famille espère achever la restauration des films du catalogue Marcel Pagnol. Grâce notamment à une campagne Ulule, Nicolas Pagnol avait déjà réussi à restaurer les négatifs de Marius, César et Fanny. La Femme du Boulanger, Angèle et Regain ont aussi pu être sauvés, de même que la Fille du Puisatier, qui sera prochainement restauré. « Il y a encore douze films », indique Nicolas Pagnol. Pas un mince chantier, sachant que chaque restauration coûte environ 180.000 euros. Car il s’agit bien de créer un nouveau négatif, qui pourra se conserver cette fois trois siècles et servir à la diffusion sur grand écran. Bref, pas d’un simple toilettage pour la télévision.

Le rêve d’un musée Marcel Pagnol

« Lundi soir, ce sera émouvant, et excitant aussi, confie Nicolas Pagnol. Cela va donner le ton pour la suite. Est-ce que les gens sont encore prêts à se mobiliser pour ce patrimoine qui fait partie de l’ADN provençal, est-ce que je rêve trop de vouloir à terme un musée ? » A écouter son petit-fils, le fonds Pagnol est riche de manuscrits, caméras, objectifs, table de montage et autres témoignages qui se dégradent dans des conteneurs.

Autant dire que la vente aux enchères n’a pas épuisé le sujet, et le Fonds de dotation Marcel Pagnol envisage, pourquoi pas, d’organiser une telle soirée de gala chaque année. « L’urgence, c’est la restauration des films, mon but est que l’œuvre soit protégée et pérenne, dit Nicolas Pagnol. Le musée, j’y arriverai, je suis tenace. »