BDRiad Sattouf perd son innocence dans «L'Arabe du futur 4»

Riad Sattouf: «Ce que je fais, je le fais avec amour, en me souvenant de l’ado qui rêvait d’être à ma place aujourd’hui»

BDRiad Sattouf confie à « 20 Minutes » en quoi « L’Arabe du futur 4 », avant-dernier volume de son autobiographie, concentre les plus importants bouleversements de la série…
Riad Sattouf et la couverture de L'arabe du futur t4
Riad Sattouf et la couverture de L'arabe du futur t4 - photo © R. Monfourny & Allary Éditions / couverture © R. Sattouf & Allary Éditions 2018
Olivier Mimran

Olivier Mimran

L'essentiel

  • Dans la série autobiographique « L’Arabe du futur », Riad Sattouf raconte sa jeunesse entre Bretagne et Moyen-Orient.
  • Les trois premiers volumes - sur cinq annoncés - totalisent plus d’1,5 million d’exemplaires vendus à travers le monde.
  • Le tome 4 a demandé deux ans de travail à son auteur, contre un seul pour les précédents.

Cela fait déjà quatre ans qu’avec le captivant récit de son enfance, Riad Sattouf tient en haleine un public de plus en plus nombreux – et international, L’Arabe du futur étant traduit en 21 langues ! Et si l’attente a été plus longue que d’habitude pour découvrir cet avant-dernier volume (deux ans au lieu d’un), elle est largement récompensée : d’abord parce qu’avec 288 pages, l’album est deux fois plus copieux que les précédents ; ensuite parce qu’il « rebooste » la série en révélant les profonds bouleversements — hormonaux, mais pas seulement - qu’a vécus l’auteur à l’adolescence.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

À nouveau cycle, nouveaux tracas

Car après le premier tome qui racontait les six premières années (1978 à 1984) d’un petit Riad Sattouf - né d’une maman bretonne et d’un papa syrien - bringuebalé de la Libye de Kadhafi à la Bretagne et la Syrie d’Hafez Al-Assad, puis le second (1984-85) dans lequel on suivait sa première année scolaire en Syrie, le troisième (1985-87) qui relatait - entre autres - sa circoncision ; le tome 4 couvre le cycle 1987-1992, donc de ses 10 ans jusqu’à ses 14 ans…


L’adolescence est une étape personnelle compliquée ; et ça, c’est une vérité universelle. Mais ça semble l’avoir été encore plus intensément pour le jeune Riad qui, en plus d’assister, impuissant, à la transformation de son corps et au perturbant éveil de ses sens, se débat ici entre deux cultures, voit ses parents inexorablement s’éloigner l’un de l’autre (son père se tournant de plus en plus vers la religion) et ce faisant, perd peu à peu l’innocence de l’enfance…


Un père qui tombe de son piédestal…

Interrogé par 20 Minutes, Riad Sattouf confirme que « L’Arabe du futur raconte finalement la fascination d’un enfant pour son père, puis la prise de conscience, décrite dans ce volume, que ce dernier n’est pas aussi incroyable que son fils le croyait quand il avait 3 ans. » Et le dessinateur de préciser : « Le regard change, et évolue au fil des années ; je trouve très intéressant de raconter ce processus, qui est celui que j’observe aussi dans Les Cahiers d’Esther. »


« Mon travail recèle une grande part d’instinctif »

Tantôt attachant, tantôt exaspérant, ce père dont on découvre toutes les contradictions au fil des albums perd ici beaucoup de sa superbe. Alors que la figure - toute aussi centrale - de sa maman semble demeurer intangible, voire héroïque après qu’elle a vaincu un cancer. L’épisode est d’ailleurs évoqué très pudiquement… ce qui semble plutôt paradoxal dans l’exercice de l’autobiographie. « Peut-être, concède Riad Sattouf. Mais une grande partie de mon travail n’est pas très intellectualisée et recèle une grande part d’instinctif. J’ai rarement la sensation de faire une histoire, mais plus l’impression que c’est l’histoire qui se présente et que c’est à moi de la raconter. »


Et raconter, c’est précisément une chose que Riad Sattouf sait faire. Avec un vrai talent, qui lui vaut une reconnaissance méritée, et une fécondité insensée : rien qu’en 2018, il a publié un volume des Cahiers d’Esther, supervisé leur adaptation en dessin animé, achevé ce volume de L’Arabe du futur et beaucoup travaillé sur de nouveaux projets (encore secrets) ! « J’ai la chance d’être passionné et de pouvoir vivre ma passion, je n’ai donc jamais la sensation de travailler, reconnait-il. Je ne me rends même pas compte de tout ce que je fais en une année ! Je sais en tout cas que tout ce que je fais, je le fais avec amour, en me souvenant de l’ado que j’étais et qui rêvait d’être à ma place aujourd’hui ! »


Un impact émotionnel universel

Une passion manifestement perçue par ses lecteurs, et ce d’où qu’ils viennent, comme le confie Riad Sattouf à 20 Minutes : « Au Brésil, un lecteur m’a raconté que la série lui rappelait sa propre enfance dans une petite ville jouxtant une favela, près de Rio ! Il jouait avec les enfants qui vivaient là et essayait de se faire accepter, comme j’ai dû le faire en Syrie… C’est très émouvant d’être compris par des gens d’autres pays ; et surtout qu’ils puissent se reconnaître dans cette histoire ! ».

L’Arabe du futur tome 4 « Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) », par Riad Sattouf - Allary Éditions - 25,90 euros.