PATRIMOINEL'Etat compte-t-il trop sur vous pour entretenir son patrimoine?

Loto du patrimoine, boutique de l'Elysée... L'Etat compte-t-il trop sur vous pour entretenir ses bâtiments?

PATRIMOINEL'Etat sort le grand jeu pour récolter de l'argent qui ira à l'entretien de son patrimoine...
Claire Barrois

Claire Barrois

Cent quinze euros le sweat « Français » ou « Française », 55 euros le tee-shirt « Croquignolesque », 250 euros le bracelet « Liberté » ou encore 15 euros le ticket de loto… L’Etat a de moins en moins envie de dépenser de l’argent pour entretenir le patrimoine français, puisque le budget est passé de 381 millions en 2010 à 318 millions en 2017 et compte donc… sur vous !

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Car, niveau marketing, l’Elysée a mis le paquet. Sa boutique met en vente des produits réalisés par des marques qui ont la cote, comme Le Slip français. « Sur chaque vente de produits, la présidence de la République touchera un pourcentage de redevance (12 %) qui sera affecté à des projets de restauration de l’Elysée. » Mais ça veut dire quoi exactement ?

« Préserver ce patrimoine culturel et historique »

« L’Elysée a 300 ans. Lieu de notre mémoire collective, c’est aussi un espace qui vit chaque jour au rythme du président de la République et des 800 personnes qui travaillent à ses côtés. Notre devoir : préserver ce patrimoine. En d’autres mots, rénover. Des travaux ont commencé à l’été 2018. L’argent issu des produits vendus financera en partie ces travaux, explique l’Elysée. En plus de se faire plaisir, celles et ceux qui achèteront des produits contribueront à préserver ce patrimoine culturel et historique. »

Si on ne sait pas combien la présidence de la République espère récupérer en surfant sur l’image « cool » d’Emmanuel Macron, on sait en revanche que l’Etat compte sur environ 20 millions d’euros pour restaurer à minima les 250 monuments éligibles au loto du patrimoine. Et, selon nos confrères du Figaro, les travaux nécessaires dans ces mêmes bâtiments s’élèveraient à 53 millions d’euros. Toujours selon nos confrères, on compte de 7 à 10 % des 44.000 monuments protégés de France en péril, et il faudrait un milliard pour les restaurer, plus 400 millions par an pour les entretenir. Des sommes que tous les lotos et les porte-clés à 29 euros vendus n’atteindront jamais.

« Une renaissance »

Alors, où va le président de la République avec ce dossier patrimoine ? « De manière symbolique, avec la médiatisation du patrimoine, le choix de Stéphane Bern comme porte-parole, il y a une revitalisation du patrimoine, estime Jean Garrigues, professeur d’histoire contemporaine à l’université Orléans, à Sciences Po. Ça va de pair avec la philosophie macroniste : Emmanuel Macron est porteur d’une culture française qu’il faut défendre. On le voit dans sa manière de gouverner patrimoniale à la de Gaulle, avec le symbole de la pyramide du Louvre après son élection… »

Outre son réel intérêt pour la question, selon l’historien, Emmanuel Macron ne serait pas responsable de la baisse du budget consacré au patrimoine, entamée avant son élection. « Dans une politique de rigueur budgétaire (depuis Mitterrand en 1983) on voit le désengagement de l’Etat permanent. Ces initiatives sont plutôt une renaissance, une réactivation d’un enjeu qui tient à cœur aux Français. » Et il ouvre de nouvelles possibilités de financements.

La porte ouverte au mécénat

Selon Stéphane Bern, les revenus du loto du patrimoine devraient être doublés par les investissements des mécènes. « On ouvre les portes à l’investissement privé, dans une conception libérale de l’investissement comme celle qu’Emmanuel Macron applique dans tous les domaines. Et on prend exemple sur l’Angleterre. Quant à la vente de goodies, elle existe à la Maison Blanche depuis longtemps. » Et de rappeler que l’Assemblée nationale a lancé sa boutique il y a un moment, à l’initiative de Jean-Louis Debré.

Si le loto du patrimoine peut sembler une bonne idée, Jean Garrigues assimile en revanche la vente de goodies de l’Elysée à un « moyen de communication ». Et cela explique sûrement le succès du jeu, et l’impopularité de la boutique, du moins sur les réseaux sociaux.

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