C’est un héritage inestimable que la petite-fille française d’un collectionneur juif vient de récupérer. Ce mercredi, les autorités américaines ont restitué à Sylvie Sulitzer un tableau de Pierre-Auguste Renoir qui avait été saisi par les Nazis à Paris, en 1941.

Intitulé Deux femmes dans un jardin, l’œuvre avait été confiée en 2013 à la maison Christie’s avec mission de le vendre aux enchères. Christie’s avait alors émis des doutes sur la provenance de la toile et contacté les autorités, tout en conservant l’œuvre.

Son grand-père n’avait récupéré qu’une partie de sa collection

Les services du procureur fédéral de Manhattan et le FBI ont alors enquêté sur l’histoire du tableau, avant de contacter la petite-fille d’Alfred Weinberger, propriétaire spolié. L’homme avait fui Paris après l’invasion allemande de 1940, laissant, dans un coffre de la banque Morgan, sa collection, saisie un an plus tard par les Nazis.

A la fin de la guerre, les œuvres avaient été dispersées et Alfred Weinberger, qui était revenu à Paris, n’a pu en récupérer qu’une partie. Bien qu’ayant connu son grand-père, Sylvie Sulitzer ignorait tout de cette histoire avant qu’un cabinet d’avocats allemand, von Trott zu Solz Lammek, ne la contacte, au début des années 2010.

« Il y a une justice »

Ce cabinet s’est spécialisé dans la recherche d’œuvres dérobées par les Nazis et disposait de la liste des toiles qu’Alfred Weinberger n’avait jamais récupérées. Il a ainsi permis aux autorités américaines de retrouver Sylvie Sulitzer et de lui restituer officiellement le tableau lors d’une cérémonie officielle, organisée par le Museum of Jewish Heritage, à New York.

« Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir montrer à ma famille bien-aimée, où qu’elle soit, qu’après tout ce qu’ils ont traversé, il y a une justice », a déclaré Sylvie Sulitzer. Manquent encore à l’appel quatre tableaux de Renoir et un Delacroix, dont il n’existe, à ce jour, aucune trace, a expliqué celle qui vit à Roquevaire, dans les Bouches-du-Rhône.

Elle va certainement vendre le tableau

Elle a indiqué qu’elle allait sans doute vendre le tableau, car elle ne disposait pas des fonds nécessaires pour rembourser l’Etat français qui l’a indemnisée dans le cadre de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS). Elle doit aussi rembourser la compensation financière reçue de l’Etat allemand, a-t-elle ajouté.

« J’aurais adoré pouvoir le garder », assure-t-elle pourtant. Christie’s a indiqué ne pas disposer d’une estimation de la valeur du tableau, peint l’année de la mort de Renoir (1919).