VIDEO. «La rave fait-elle toujours rêver?»: Que vaut une teuf avec Calvin Harris aux platines du Pacha à Ibiza?
SERIE D'ETE•Ibiza, temple sacré de la java ou usine à teuf sacrifiée sur l’autel de la trop commerciale EDM ? « 20 Minutes » a assisté au Pacha au mix du DJ le mieux payé du monde, Calvin Harris…Anne Demoulin et Bérénice Dubuc
L'essentiel
- Trente ans après le second « Summer of Love », 20 Minutes part cet été à la rencontre des DJ et teufeurs d’hier et d’aujourd’hui pour savoir si la rave fait toujours rêver.
- Une série d’articles à suivre chaque semaine sur « 20 Minutes »
- Dans ce neuvième épisode, 20 Minutes vous emmène à Ibiza pour un mix du DJ le mieux payé du monde, Calvin Harris.
Une île qui symbolise à elle seule la teuf. Trente ans ont passé depuis que Nicky Holloway, Danny Rampling et Paul Oakenfold ont quitté les rives d’Ibiza pour insuffler à l’Angleterre le rythme des légendaires fêtes de l’île des Baléares. Trente ans aussi que Jerôme Pacman est revenu de vacances de l’île avec, dans sa valise, des cassettes distillant un son tout nouveau alors, la house music. Avec ses discothèques géantes que sont le Pacha, l’Amnesia, le Space (renommé le Hï Ibiza) ou encore Le Privilège, ses DJ superstars David Guetta, Carl Cox, Fatboy Slim et consorts, Ibiza est aujourd’hui aussi adulée que vilipendée par les ravers. Alors, Ibiza, temple sacré de la java ou usine à teuf sacrifiée sur l’autel de la trop commerciale EDM ? 20 Minutes y est allé se faire une idée lors de la nouvelle soirée du mythique Pacha, « Tuesdays on Mars » (« Les mardis sur Mars »), où officiait pour trois dates exclusives le DJ superstar ultime, Calvin Harris, tout juste sacré DJ le mieux payé du monde par Forbes pour la sixième année consécutive.
Les fesses à l’air dans le discobus
Nous arrivons tôt au Pacha : vers 1h30 ! Horaire espagnol oblige, à Ibiza, il est d’usage d’arriver en discothèque vers 2h30. Nous sommes venues en discobus : de minuit à 6h30, ces bus vous déposent pour quelques euros devant le club de votre choix. Chaque arrêt correspond à une discothèque. Dans le discobus, des fêtards anglais, allemands, français, espagnols ou italiens. Si les garçons arborent un look plutôt sage composé d’un tee-shirt et d’un bermuda, les filles se sont apprêtées spécialement pour sortir en boîte de nuit.
Côté look, Cristina Cordula a du boulot ! Mention spéciale pour les clubbeuses anglaises. Elles arborent presque toutes l’uniforme du moment : une mini-robe filet de pêche qui laisse apprécier leurs fesses à l’air, moulées dans un string, visage et décolleté tartiné de paillettes.
Boire ou conduire, il faut choisir ! Les fêtards ont choisi la picole et s’ambiancent dans le discobus. Les supérettes l’ont bien compris avec leurs frigos bien alignés remplis de softs, boissons énergisantes fraîches et de prémix et leurs rayons d’alcool surdimensionnés. Même les glaces y sont parfumées à la tequila ou à la vodka !
Le Pacha, une institution de la teuf
Le Pacha est le dernier arrêt. Comme partout ailleurs à Ibiza - sur les affiches dans les bars, sur des 4x3 au bord des routes, dans les vitrines des magasins de merchandising disséminés aux quatre coins de l’île - les deux cerises qui forment son logo sont visibles de loin.
La recette vaut pour les autres immenses discothèques de l’île, mais dans des proportions moins impressionnantes. Le groupe Pacha a ouvert son premier club à Sitges dans les années 1960, son arrivée à Ibiza en 1973 a coïncidé avec le début du tourisme de masse sur l’île, et en quarante-cinq ans, le club est devenu une véritable institution de l’île espagnole.
Un équipement high-tech au top
Au Pacha, nous sommes accueillies tout sourire par l’attachée de presse des lieux, Paloma. Elle nous offre un verre au bar à ciel ouvert, puis nous fait visiter l’établissement. En voyant le club aujourd’hui, tout juste rénové, on peine à imaginer qu’il n’était au départ qu’une petite ferme aménagée avec un bar et une piste de danse entourée de coussins.
Si les différentes salles sont toujours reliées entre elles par des escaliers et des petits couloirs aux murs blanchis à la chaux, les différents espaces dédiés à la danse sont impressionnants. La plus petite des salles a grosso modo la taille de la piste de danse du Rex Club, à Paris. Il est environ 2h et déjà la fosse de la salle principale est comble. Il vaut mieux se diriger vers l’étage pour avoir une vue d’ensemble et apprécier la vue plongeante sur la cabine du DJ. La terrasse est très agréable pour les fumeurs en manque d’une pause cigarette.
Paloma nous emmène dans la cabine dédiée au light show. Le dispositif est impressionnant et vaut son pesant d’or. Dans la cabine du DJ, située en hauteur au milieu de la salle, entre l’espace VIP et la fosse, on ne compte pas moins de 4 decks. Le système son et lumière est d’excellente qualité. A côté de la cabine de DJ, deux plateformes accueillent chacune deux gogos danseuses spationautes qui auraient pu être habillées par Courrèges.
Paloma nous quitte en nous laissant dans le carré VIP. Chanceuses, nous sommes, car en bas, dans la fosse, l’espace est désormais complètement bondé et ça se bouscule un peu. Calvin Harris, la star de la soirée, va bientôt commencer son set.
Soixante-dix euros la soirée, boisson non comprise
Le Pacha a inauguré les « Tuesdays on Mars » le 29 mai. Pour tracer la voie de ce voyage intergalactique, Fatboy Slim. Au programme de notre virée interstellaire ce 28 août, quatre aéronautes en tête d’affiche : Danny Wade, Generik, Calvin Harris, et Martin Solveig.
Les discothèques d’Ibiza se disputent les DJ stars, ce qui se répercute sur le prix du billet d’entrée. A part à l’OMNIA club, la boîte de nuit du Caesars Palace de Las Vegas où il tient résidence, Calvin Harris ne s’est produit cet été qu’au Pacha, pour trois dates exclusives. Conséquence, ses fans ont dû débourser 70 euros pour l’écouter. Sans compter les 15 à 20 euros supplémentaires pour un cocktail, et quelque 10 euros pour une bière.
Le set efficace de Calvin Harris
Vu la foule dans la fosse, nous restons dans le carré VIP pour écouter l’Ecossais. Pour y accéder, les clubbers doivent payer pour privatiser un salon. Calvin Harris arrive le sourire aux lèvres vers 2h30 sous les cris enthousiastes de ses fans. Le Pacha peut accueillir quelque 3.900 personnes.
Aux platines, il enchaîne d’abord uniquement ses propres productions : Bounce, This Is What Your Came For, Blame, C.U.B.A., Feel so close, Summer, We Found Love… Le tout mixé avec d’autres sommités de l’EDM : Fedde le Grand, Fatboy Slim, Modjo, Calabria de Rune RK, joué la première fois il y a 15 ans… à Ibiza. C’est efficace : ses aficionados sont venus là pour ça et se déchaînent sur la piste, mais ça ressemble plus à un set de sound producer en promotion qu’au set d’un DJ d’exception… Toutes les demi-heures, une pluie de confettis vient ponctuer son mix.
La seconde moitié du set est plus convaincante : il enchaîne Be Sharp Say Nowt de Patrick Topping, le remix de Carl Cox de Finder de Ninetoes, Reezet de The Golden Boy, Forbidden Coco de Mar-T. Suivent Maze de Krysenstern, Once Is Enough d’Amtrac ou encore Neutron Dance de Krystal Klear. Dans la fosse, à l’étage ou au carré VIP, tout le monde danse et se sourit. Un Martin Solveig de folie prend la relève jusqu’à 6h30 avec un set endiablé. Nous sommes presque étonnées d’avoir dansé jusqu’au petit matin lorsque les lumières du club se rallument. La magie d’Ibiza a finalement réussi à opérer.