«La rave fait-elle toujours rêver?»: Dix femmes qui envoient du lourd aux platines
SERIE D'ETE•Alors que les femmes DJ ne représentent que 15 % des sets sur les scènes de la musique électronique, 20 Minutes a sélectionné dix femmes DJ qui ont fait monter le son depuis trente ans sur les dancefloors…Anne Demoulin
L'essentiel
- Trente ans après le second « Summer of Love », 20 Minutes part cet été à la rencontre des DJ et teufeurs d’hier et d’aujourd’hui pour savoir si la rave fait toujours rêver.
- Une série d’articles à suivre chaque semaine sur 20minutes.fr.
- Dans ce huitième épisode, alors que la parité derrière les platines peine à s'installer derrière les platines, (re)découvrez 10 femmes qui font monter le son depuis trente ans sur les dance floors.
Calvin Harris, David Guetta, Tiestö, Skrillex, Steve Aoki, Avicii, Kaskade… Ces artistes font partie du top 10 des DJ les mieux payés au monde en 2018. Leur point commun : ce sont tous des hommes ! L’organisation féministe Female : Pressure a publié en 2017 une étude concernant la place des hommes et des femmes sur les scènes électroniques de 2015 à 2017. Même bilan : le pourcentage de femmes DJ représente 15 % des cas. C’est mieux que lors de la première étude en 2012 où elle ne représentait même pas 10 % des artistes derrière les platines des grands rassemblements technos.
Des chiffres confirmés par d’autres études. Les femmes, mais aussi les personnes transgenres et non-binaires DJ n’ont pas encore suffisamment de place dans les agences, labels, et autres festivals de musique électronique. Le monde des raves semble presque avoir oublié ses origines LGBTQ +. De plus en plus d' ’nitiatives visent à favoriser l’inclusion dans le monde de la techno. La parité est l’un des grands nouveaux défis du milieu, pour preuve, « La place des femmes dans le milieu de la musique électronique » fera par exemple l’objet d’une conférence au Hadra Trance Festival 2018. Parce les femmes, les personnes transgenres et non-binaires sont l’avenir de la machine, voici une playlist avec 10 DJ qui font monter le son depuis trente ans dans un univers encore trop masculin.
Miss Djax, l’Acid Queen
Miss Djax, surnommée Acid Queen, a créé son label Djax-Up-Beats en 1989. Un label qui a eu beaucoup d’impact sur la scène techno et fait de la Néerlandaise une sorte de légende. Du bon son acid old school qu’elle mixe uniquement sur vinyle !
Nina Kraviz, la star de la techno
Nina Kraviz est une DJ et productrice née en Sibérie. Elle est à la tête de son propre label, Трип (translittération en cyrillique de l’anglais trip). Son tube, Ghetto Kraviz, a été classé en 2014 par le magazine britannique Fact dans le top 100 des meilleures chansons de la décennie. Puissante, pointue, elle décrit sa musique comme « violente et intimiste ».
Miss Kittin, la mère de l’electro clash
Miss Kittin s’est mise au Djing sur la scène rave grenobloise dans les années 1990. Elle signe une musique rythmée aux paroles trash et est l’une des pionnières de l’électro-clash. Elle a passé quatre ans à Berlin et a notamment clos avec le DJ Westbam, la Love Parade devant un million de personnes avec leur titre 1982 ! Impossible de ne pas secouer la tête frénétiquement à l’écoute de son son strict qu’elle emprunte à la scène très pointue de Detroit.
Miss K8, la déesse du hardcore
Née à Kiev, Miss K8, de son vrai nom Kateryna Kremko, commence sa carrière sous le pseudonyme de Lady Kate. En 2012, elle opte pour Miss K8. Cette DJ et productrice de techno hardcore et gabber ukrainienne a été saluée sur la scène internationale, en participant en 2014, à l’élaboration de l’hymne du festival Dominator The Hardcore Festival aux Pays-Bas.
Chloé, la prêtresse de l’Elysée
Déjà une vingtaine d’années que la DJ et compositrice française Chloé Thévenin aka DJ Chloe use ses platines, au Pulp d’abord, mais aussi au Rex Club et dans d’autres temples techno. Elle a fait partie des DJ qui se sont produits au palais de l’Elysée à Paris, pour la fête de la musique, le 21 juin 2018. Elle a lancé récemment son propre label Lumière Noire. De la house à la techno en passant par le marimba, Chloé est toujours là où on ne l’attend pas.
Elysia Crampton, l’exploratrice sonore
Née à L.A., l’artiste transgenre Elysia Crampton d’origine bolivienne expérimente des compositions singulières faites de jingles de radio FM, de hurlements, de sons tout droits sortis d’un film de science-fiction qu’elle mêle aux rythmes des musiques traditionnelles sud-américaines. Des œuvres complexes qui visent à soutenir la culture queer et à réparer les effets du colonialisme. Des projets ardus, intelligents avec de nombreux moments de grâce.
Louisahhh !!!, la punk de la techno
Louisahhh !!! a commencé à mixer à 17 ans dans les clubs new-yorkais. Repérée en France en 2011 par Brodinski, l’Américaine a posé ses platines à Paris où elle distille une techno parlée aux accents punk sur le label Bromance d’abord. Elle vient aussi de créer son propre label, RAAR, avec le Dj nantais Maelstrom, qu’elle décrit à Cheek Magazine comme « un label techno pour les punks, un label punk pour les raveurs ».
Jennifer Cardini, la pionnière de la French Touch
Elle est une des premières femmes à s’imposer sur les dance floors en France. Jennifer Cardini a commencé à mixer en 1994 à Nice. A la fin des années 1990, elle s’installe à Paris et devient résidente au Pulp et au Rex. En vingt ans de carrière, elle a créé les deux labels Correspondant et Dischi Automno et livre des sets raffinés partout à travers le monde.
Liza 'N' Eliaz, la papesse du speedcore
L’artiste transgenre Liza 'N' Eliaz, née en 1958 à Ostende, peut se vanter d’avoir influencé Jeff Mills avec ses sets speedcore à 250 BPM. Elle a mixé dans les soirées Invaders, sur les antennes de Radio FG et les plus grandes scènes de Mayday à l’Energy de Zurich, en passant par Hellraiser en Hollande ou Borealis et Astropolis en France. Alors que les DJ commencent à jouer les stars, elle maintient le cap et se trouve un job secrétaire. Sa musique aussi précise que speed ne connaîtra jamais la reconnaissance qu’elle mérite, la faute à un cancer du poumon qui l’emporte en 2001.
Ellen Allien, l’ambassadrice de la techno berlinoise
Née en 1968 à Berlin, la productrice et DJ Ellen Allien, de son vrai nom Ellen Fraatz, a débuté à l’U.F.O, le premier house club de Berlin, et a fait son nid sur la scène underground berlinoise au Bunker ou encore au Tresor. De l’IDM à la techno, Ellen Allien ne se cantonne pas à un genre. Son label BPitch Control fêtera ses 20 ans en 2019.