Madame Monsieur: «Nous sommes de meilleurs artistes aujourd'hui qu'il y a six mois»
MUSIQUE•Jean-Karl Lucas et Emilie Satt, qui forment le duo Madame Monsieur, ont accordé un entretien à «20 Minutes» à quelques jours de leur concert à La Cigale, à Paris...Propos recueillis par undefined
L'essentiel
- Le duo Madame Monsieur a représenté la France à l’Eurovision 2018 et s’est classé treizième. Une expérience que le tandem a vécue « comme une formation accélérée ».
- Jean-Karl Lucas et Emilie Satt se produiront le mardi 26 juin à La Cigale, à Paris, et partiront en tournée en France et en Belgique dans les prochains mois. Ce jeudi, ils participent à « La Fête de la musique 2018 : Tous à Nice ! » sur France 2.
- Pour les deux artistes, ces concerts sont l’occasion de montrer que, outre « Mercy », « d’autres chansons [de leur album « Vu d’ici »] valent le détour ».
«On va chanter Mercy devant la Méditerranée, ça va être bien. » Madame Monsieur a bien conscience du symbole. Le duo est au programme de la Fête de la musique de France 2, retransmise dès 20h45 en direct de Nice, une semaine après que l’Aquarius, le navire qui vient en aide aux réfugiés et qui leur a inspiré cette chanson, a défrayé la chronique en engendrant une crise diplomatique entre la France, l’Italie et l’Espagne. Un fait d’actualité que Jean-Karl Lucas et Emilie Satt, les deux membres du tandem, ont évoqué avec 20 Minutes au cours d’une interview où il fut aussi question d’ Eurovision, de leurs fans et de leur tournée à venir.
Nous sommes à plus d’un mois de la finale de l’Eurovision. A froid, que retenez-vous de cette expérience ?
Jean-Karl Lucas : On a appris plein de choses. C’était une sorte de formation accélérée. Nous sommes de meilleurs artistes aujourd’hui qu’il y a six mois. On a fait des choses assez dingues, des émissions de télé à l’étranger, des concerts devant beaucoup de monde… On a appris la différence entre faire un concert et faire une émission de télé, on a beaucoup progressé et on va se servir de tout ça pour la suite.
Emilie Satt : Ce à quoi on ne s’attendait pas, c’est qu’autant d’inconnus viennent nous voir pour nous saluer, nous dire qu’ils sont fier de nous. Rien qu’aujourd’hui [l’interview a été réalisée mercredi 20 juin] entre Paris et Nice, nous avons croisé cinq ou six personnes qui sont venues nous serrer la main et même pour nous remercier. On se rend compte que Mercy a vécu sa vie, que cette chanson est entrée dans les foyers et a vraiment touché les gens.
C’est une chanson qui a permis de mettre en lumière l’action de SOS Méditerranée et de l’« Aquarius »…
E.S. : On en avait conscience, même si on n’a pas forcément communiqué dessus. On a reçu et on continue de recevoir des centaines de messages de gens touchés par cette histoire. La chanson a une résonance très forte dans l’actualité, mais c’est souvent ce qu’il se passe. On a toujours dit qu’en tant que chanteurs, on était en quelque sorte des relais de ce qui nous entoure. Nous sommes très heureux quand des gens nous disent « On ne comprenait pas très bien ce que faisait SOS Méditerranée mais grâce à Mercy, on a compris ». Sans dire qu’on a joué un rôle, on apporte notre pierre à l’édifice, surtout en ce qui concerne la sensibilisation au fait que ces réfugiés sont des êtres humains avant tout et que demain, nous pourrions être à leur place.
Comment avez-vous vécu les mésaventures subies par « L’Aquarius » la semaine passée ?
J.-K. L. : C’est arrivé quelques jours après « L’appel du 8 juin » de SOS Méditerranée, qui s’est tenu le 8 juin au Mucem de Marseille pour récolter des dons. On y a chanté Mercy et on a passé le week-end avec les équipes de l’association. C’est une chanson qui risque d’être d’actualité pendant encore un petit moment. Nous, on essaye de remettre l’humain au centre des choses, avant toute considération d’ordre politique.
Mardi, vous serez sur la scène de La Cigale, à Paris, comment appréhendez-vous ce rendez-vous ?
E.S. : Nous sommes très impatients et excités. On a un peu la trouille aussi, il faut bien l’avouer. C’est un sacré pari. On fait une grande date d’emblée alors que, généralement, il convient de commencer par une salle plus petite. On est bien préparés, on est chauffés à blanc. On a hâte de chanter notre album qu’on porte en nous depuis plus de quatre ans…
Depuis votre victoire à « Destination Eurovision » en janvier, vous avez un rythme de vie très soutenu. Vous allez partir en tournée dans les prochaines semaines, vous avez encore de l’énergie ?
E : Nooooon ! (rires)
J.-K. : C’est sûr, ça n’arrête pas, c’est fatigant, mais c’est plutôt bon signe et on fait tout ça avec un grand bonheur. Chez tous ceux que l’on rencontre, il y a beaucoup de bienveillance, les gens sont adorables avec nous, ça nous donne beaucoup de force. Nous sommes musiciens avant tout donc aller sur la route, faire des concerts, c’est un bonheur. On a hâte. C'est aussi une manière pour nous de présenter notre disque [ Vu d’ici, sorti en avril], que les gens puissent voir qu’il n’y a pas que Mercy, qu’il y a d’autres chansons qui valent le détour. On est vraiment fiers de tous les morceaux de notre album.
E. S. : Parmi les premiers retours de nos concerts, des gens nous disent : « C’est marrant, on ne décroche pas parce qu’à chaque chanson vous nous racontez quelque chose de différent, chaque chanson a une histoire. » C’est cool parce que c’est tout ce qu’on a essayé de faire dans notre album, il n’y a pas de remplissage.
A l’Eurovision, vous avez fait le plein de points dans plusieurs pays, dont l’Ukraine (douze points du jury, sept du public)… Vous y produire en concert, c’est une chose à laquelle vous songez ?
J.K. : On essaye de mettre en place ce genre de choses, c’est en cours. Après il est très difficile de mesurer le public que l’on peut avoir dans ces pays-là. Faire une date en Ukraine coûte beaucoup d’argent, par exemple. Il faut voir dans quelles conditions on peut le faire.
E. S. : L’Ukraine, l’Espagne et la Russie font partie de nos priorités par rapport au retour d’amour que l’on reçoit. L’Amérique du Sud aussi.
Y a-t-il un profil type du fan de Madame Monsieur ?
E. S. : C’est difficile à déterminer. En allant rencontrer le public, on se rend compte qu’il peut être composé de jeunes comme de gens du troisième âge. C’est un peu ce que l’on a vécu avec Mercy. On a l’impression que chacun peut trouver dans notre musique quelque chose qui lui plaît, au niveau des textes comme dans le côté pop. C’est un public varié, qui est spontané, qui va vers les autres.