S’il n’est pas le tout premier super-héros de l’histoire (coucou Mandrake et le Fantôme), Superman est aisément le super-héros le plus connu du monde. Et il fête ses 80 ans ! Au printemps 1938, l’ancêtre de DC Comics lance une nouvelle série, Action Comics, dont le premier numéro, publié le 18 avril mais daté juin, est largement consacré à un tout nouveau super-héros, un alien aux pouvoirs surnaturels, dernier rescapé de la planète Krypton : Superman. Près d’un siècle plus tard, l’homme d’acier continue de représenter dans l’imaginaire collectif le super-héros de référence et fait toujours les beaux jours de son éditeur.

Le concept même de super-héros

Le succès de Superman a été immédiat. Un an plus tard à peine, DC lui crée sa propre série et lance un autre super-héros, qui marquera l’histoire lui aussi : Batman. En 80 ans, la recette au peu ou pas changé : Superman est toujours drapé dans son costume aux couleurs des Etats-Unis, siglé du célèbre « S » sur fond jaune. « C’est le moule à partir duquel les auteurs et dessinateurs ont travaillé, un modèle pour le concept de super-héros », explique Jared Smith, vendeur dans une boutique de comics à Washington.

Films, jeux vidéo, dessins animés, séries télé… Superman se décline et se renouvelle partout, en permanence. Même en comics. DC vient ainsi de relancer la série The Man of Steel sous la plume de Brian Michael Bendis, le scénariste star de son concurrent Marvel. « On ressent toujours le patrimoine de ce personnage quand on rejoint ses aventures. J’ai déjà ressenti cette joie, mais il y a quelque chose de différent avec Superman », a expliqué Bendis lors d’une interview au site spécialisé Nerdist.

« Le boy-scout de l’Amérique »

Superman - Kal El de son vrai nom extraterrestre - est un immigré, seul survivant de sa planète d’origine Krypton. Recueilli par un couple d’agriculteurs du Kansas alors qu’il est encore bébé, Kal El prend alors le nom de Clark Kent avant de devenir journaliste. Ses créateurs, Jerry Siegel et Joe Shuster, étaient deux Juifs d’origine européenne. Leur personnage a grandi dans une ferme et incarne parfaitement le rêve américain : une métaphore pour ces immigrés ayant fui l’Europe dans les années 30 pour trouver la paix et la prospérité aux Etats-Unis. Superman, « champion des opprimés », se bat pour la vérité, la justice et les valeurs américaines, le fameux « American way of life ». «C'est un personnage très idéalisé. On l’appelle parfois "le boy-scout de l’Amérique", il fait toujours ce qui est juste », abonde Jared Smith.

Trop puissant, trop parfait

Mais le public a pu de temps à autre se désintéresser des aventures de cette icône parfaite, quasi indestructible et parfois trop lisse, surtout en comparaison avec d’autres héros comme Spider-Man ou les X-Men, auxquels il est plus facile de s’identifier. « C’est un personnage tellement puissant que rien ne le menace, ils ont été obligés d’introduire le concept de la Kryptonite, la pierre qui peut lui retirer ses pouvoirs », détaille Jared Smith. Pour éviter que le personnage apparaisse comme trop déconnecté de la réalité, ses auteurs l’ont rendu plus en phase avec les évolutions sociétales et politiques aux Etats-Unis, loin des extraterrestres géants ou autres savants fous.

Supes V Ali

En 1978, Superman rencontre même le champion de boxe Mohammed Ali, qui l’amène dans les ghettos de Metropolis. Et récemment, il a souhaité se défaire de sa nationalité américaine, se sentant trahi par le gouvernement, ou a sauvé des travailleurs immigrés d'un suprémaciste blanc. « Dans les années 30 et 40, il combattait des capitalistes qui prenaient trop d’argent ou ne traitaient pas bien leurs employés », rappelle également le vendeur de comics. A l’occasion de ses 80 ans, Urban Comics, l’éditeur français de DC, rend hommage à Supes avec la pubication de l’incontournable Superman : Man of Steel des années 80, le récit complet DC Univers Rebirth et Superman Aventures. Sans oublier un petit guide lecture bien pratique.