«Lastman» sur Netflix: La folle histoire d'une série animée 100% française 100% adulte
SÉRIE TV•Adaptation libre et originale d'une BD à succès, «Lastman» est une série animée pas comme les autres, maintenant disponible en intégralité sur Netflix...Vincent Jule
[Mis à jour 01/07/2018: La série est maintenant disponible sur Netflix. Fight !]
« Jusqu’à la dernière seconde », confie son entourage. Si le réalisateurdécroche rarement son téléphone, c’est qu’il travaille 18 heures par jour, et travaillera jusqu’à la diffusion de mardi à 22h45 sur France 4 - . pour ses trois auteurs Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès, avec 20 pages par semaine lisibles en ligne puis en version papier chez Casterman, et, au final, 120.000 exemplaires vendus en Europe. Son adaptation télé en est un encore plus grand. Proposer dans le paysage audiovisuel actuel, une série animée, adulte, feuilletonnante et française. Les fous.
Sans concession
« Dans l’animation française, on te demande toujours te d’adresser aux gamins, aux 6-8 ans, de raconter l’histoire d’une fillette et de son chien magique qui font un goûter, clarifie Balak, également scénariste sur la série. Nous voulions tous autre chose, réaliser un rêve de gosse et prendre une revanche. » Tous, ce sont Jérémie Périn et son acolyte directeur d’écriture Laurent Sarafati, Balak et les autres auteurs de la BD, ainsi que le producteur Didier Creste de Everyboy on Deck. C’est alors qu’il porte sur grand écran une autre BD de Bastien Vivès, (actuellement en salle), que ce dernier met la main sur Lastman et se donne pour mission de l’adapter. « Y a du cul, y de la violence, tout ce qui nous intéresse, ironise Laurent Sarfati. Nous ne voulions faire aucune concession, et nous avons eu la chance que France 4 ouvre une case pour les dessins animés pour adultes, . »
Un prequel à la BD
Mais Lastman la série n’est pas à proprement dit une adaptation de Lastman la BD, puisqu’il s’agit d’un prequel, de l’histoire de Richard Aldana, 10 ans avant qu’il ne devienne le héros que les lecteurs connaissent. Bien que déjà doué de ses poings, Aldana ne cherche pas à monter sur le ring ou à participer à la célèbre Fist Fight Funeral Cup, il veut juste gagner de quoi se loger et se débarrasser des relous. Tout bascule le jour où son ami et mentor Dave est assassiné et qu’il se retrouve avec sa fille, Siri, sur les bras, et la secte religieuse L’Ordre du Lion aux fesses. Tout un programme.
a5h30 d’animation française
« A chaque changement de média (il existe aussi un jeu vidéo, ), l’idée est d’avoir une nouvelle histoire, un nouvel univers, une nouvelle esthétique », explique le scénariste en chef Laurent Sarfati. C’est là qu’intervient Jérémie Périn, dont le travail et le style ont été repérés avec le clip poético-trash Fantasy de DyE, vu 50 millions de fois sur YouTube. Impliqué dès l’écriture, il a géré 80 à 100 personnes, de plusieurs studios différents et tous français, sur 26 épisodes de 13 minutes, soit 5h30 d’animation. Allô ? « Fatigué, crevé, cinglé », sont les premiers à sortir de sa bouche, avant d’évoquer une « super-expérience » et de comparer son boulot de réalisateur sur la série à celui d’un commandant sur un champ de bataille mais aussi d’une femme de ménage.
Le système B
Influencé par la japanime et la série B, Jérémie Périn déploie des trésors de mise en scène pour pallier un budget et un planning limités. « C’est un principe qu’on a oublié, raconte-t-il, alors qu’il est intéressant, puissant. En montrer peu, pour en suggérer plus. Comme dans Les Dents de la mer ou Alien, où l’on ne voit presque pas le requin ou le monstre. » A l’écran, cela peut donner des séquences presque statiques, comme dans les bons vieux dessins animés du Club Dorothée, ou des cuts to black, des mouvements de caméras que le spectateur n’a pas vu venir. Le tout pour préserver les fulgurances visuelles et les bastons dantesques.
Dire que Lastman s’est fait avec plus de passion que d'argent est un euphémisme, car à un moment de la production, un partenaire (« une grande chaîne ») les a lâchés, et il manquait 500.000€. Grâce à et les fans, ils ont obtenu presque 200.000, et étaient sur le point de « sacrifier » cinq épisodes. « C’est-à-dire de proposer les coloriés au public, commente Laurent Sarfati. Bon, j’ai vu le résultat sur un épisode, et c’était déjà hyper bien ». Heureusement, le financement participatif provoque un effet boule de neige, avec de nouveaux investisseurs et ventes à l’étranger, auxquels s’ajoute un décalage de la diffusion.
Une série miraculée
France 4 programme finalement la série par paquets de six épisodes le mardi soir à 22h45. Et donc dans un mois, c’est fini. Une diffusion expéditive qui fruste forcément l’équipe, et qui s’explique par le changement de politique de la chaîne à l’orée 2017, où France 4 deviendra une chaîne pour toute la famille et non seulement pour les ados. « La série a failli ne pas exister, à plusieurs reprises, donc passer à la télévision est déjà une chance, déclare Balak. Et rien ne dit que nous n’allons pas péter le plafond de verre. » Jérémie Périn confie également que la nouvelle direction de France 2 a vu les épisodes, et est conquise… Pour une rediffusion ? Et une saison 2 ?